mercredi 18 janvier 2012

Change ton cœur

Nous sommes en un temps d’effarants changements de toutes sortes. Les nouvelles technologies nous précipitent dans une course effrénée. C’est ce qu’on peut retenir des interventions si fortes des environnementalistes, des « indignés », de tant d’autres groupes. Dans notre culture québécoise actuelle, beaucoup de forces aussi vont dans le sens d’un changement de structures, de façons de faire et de penser, de modes de vie. Et quand nous prenons conscience des situations de beaucoup de populations qui meurent de faim, nous nous disons que ca ne peut pas continuer ainsi. De même quand nous prenons conscience des désastres causés par un capitalisme extrême et inhumain, nous pensons que nous allons vers une catastrophe et qu’il faut orienter différemment nos choix éthiques. Que penser de tels événements qui nous bousculent, souvent nous bouleversent?

Je lisais récemment une histoire issue de la tradition des penseurs juifs. Je l’ai trouvée stimulante et très actuelle. On y lit : « Si tu veux changer le monde, commence par changer ce qui se passe dans ton pays. Et si tu veux changer ce qui se passe dans ton pays, commence donc par changer ce qui se passe dans ta ville. Et si tu veux changer ta ville, change d’abord ce qui se passe dans ta rue. Et si tu veux changer ta rue, change d’abord ce qui se passe dans ta maison et, finalement, si tu veux vraiment changer ce qui se passe dans ta maison, commence par te changer toi-même ». (Cité par David Meyer dans D. Meyer, Y Simoens, S. Bencherik  « Les versets douloureux », Bruxelles, Lessius, 2007, p. 21).

C’est ce qui est le plus difficile, mais aussi le plus urgent : changer son propre cœur. Car comme Jésus l’a affirmé si clairement, c’est du cœur que sortent toutes les bonnes choses, comme aussi toutes les mauvaises choses de notre vie. Nous soignons bien sûr notre cœur physique et nous cherchons à nous prémunir des crises cardiaques. Mais il existe aussi des durcissements du cœur spirituel, des artérioscléroses des artères vitales qui dirigent nos choix essentiels. Voilà ce qu’il importe particulièrement de prévenir ou de soigner.

Se faire traiter de « sans cœur », n’est-ce pas une insulte qui nous blesse profondément?  Par ailleurs, être reconnu comme une personne qui a « un grand coeur », n’est-ce pas un magnifique compliment, une reconnaissance de notre être profond?

Mais comment faire pour bien traiter son cœur? Il faut prendre le temps de s’arrêter, alors que nous courons tout le temps. Il faut aussi prendre le temps de regarder autour de soi, d’écouter les gens, de partager leurs joies et leurs peines. Si on veut encore aller plus loin, il faut aussi écouter Dieu : c’est lui seul finalement qui connait bien notre propre cœur! Et par son Esprit, il sait nous indiquer les remèdes pour que notre cœur reste ouvert, vulnérable, aimant. La prière est un magnifique remède à nos durcissements du cœur.

† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau