samedi 26 décembre 2015

La sainte famille aujourd’hui

C’est l’histoire d’un petit garçon de 3 ans qui était à la messe avec sa mère? Alors que la célébration allait commencer, le petit garçon demanda à sa mère : c’est quand il va arriver Jésus?  Le jeune enfant espérait que Jésus allait arriver dans la procession d’entrée.  Le souhait du petit garçon était valable puisque lorsque nous sommes rassemblés au nom de notre foi, nous célébrons Jésus, nous écoutons sa Parole et nous sommes ensuite envoyés pour vivre son message d’amour, de partage et de paix.
 
Comme enfant et comme adulte, nous avons tous et toutes déjà eu l’occasion de prendre dans nos bras un bébé naissant.  Notre première réaction, c’est de faire attention en le prenant.  Nous faisons attention à sa tête et à ses petites épaules.  Nous l’enveloppons pour qu’il soit bien au chaud, qu’il ne manque de rien.  Nous le regardons avec joie, émerveillement et amour.  Il y a un sentiment de paix qui nous habite, sauf si le bébé est en crise et que nous ne savons pas ce qui se passe.   Un bébé naissant, c’est fragile et fort à la fois. Fragile parce qu’il demande une attention de chaque instant et fort parce qu’il grandira rapidement.
 
Lors de la Rencontre mondiale des familles à Philadelphie, en septembre dernier, le pape François disait que Dieu avait choisi d’envoyer son fils au cœur d’une famille, bien humble. Dieu n’avait pas choisi un palais ou un royaume. En fait, le nom de famille de Dieu, c’était notre propre nom à chacun et chacune.  La proximité de Dieu pour notre humanité par la naissance de Jésus, au cœur d’une famille, nous témoigne de l’immense amour et miséricorde avec lesquels Dieu aime chacune et chacun de nous.
 
La famille de la crèche est encore bien présente aujourd’hui.  C’est un peu chacune de nos familles.  À la question du petit garçon, c’est quand il arrive Jésus, nous pourrions répondre qu’il se manifeste à chaque fois que nous avons retrouvé la lumière dans notre vie; à chaque fois que le Jésus nouveau-né sait attendrir notre cœur; à chaque fois que Noël nous apporte la joie, nous pousse au partage et à la paix dans notre monde, dans nos familles, dans notre vie professionnelle et nos écoles.
 
René Laprise
Diacre permanent

dimanche 20 décembre 2015

Visite au diocèse de Baie-Comeau

Lors d'une récente visite à Baie-Comeau pour animer une retraite pour les prêtres du diocèse à l'invitation de Mgr Jean-Pierre Blais, j'ai accordé quelques entrevues avec les médias locaux pour partager sur cette belle visite et mon récent livre. Voici le lien à l'entrevue réalisée par la télévision Cogeco de Baie-Comeau : http://www.tvcogeco.com/baie-comeau/gallerie/emissions-2015/7655-connecte-sur-baie-comeau/104347-connecte-bc-2-12-15.  Avancez à 5 :25 minutes.

dimanche 13 décembre 2015

Voeux de Noël 2015

Enfant de Bethléem, 

au cœur de notre société de

consommation,

proclame que quiconque aura

nourri, habillé,

accueilli l’un des plus petits et des

plus pauvres de ses frères

et de ses sœurs,

aura nourri, habillé,

accueilli le Fils de Dieu. 

Joyeux Noël,

Sainte Année 2016. 

† Roger Ébacher
Archevêque émérite de Gatineau

vendredi 11 décembre 2015

L’accueil de Noël

À l'approche de Noël, il me semble pertinent d’écouter une parole donnée à l’Église et au monde par le concile Vatican II.
 
« Par son incarnation, le Fils de Dieu s'est en quelque sorte uni lui-même à tout homme. Il a travaillé avec des mains d'homme, il a pensé avec une intelligence d'homme, il a agi avec une volonté d'homme, il a aimé avec un cœur d'homme. Né de la Vierge Marie, il est vraiment devenu l'un de nous, en tout semblable à nous, hormis le péché. » (L’Église dans le monde de ce temps, par. 22.)
 
Jésus, c'est Dieu prenant chair pour s'approcher de tout être humain. En révélant le cœur de Dieu, Jésus expose en même temps à tout être humain sa dignité unique, le sens de son existence, sa destinée divine. Jésus révèle à chaque personne ce qu'elle vaut aux yeux de Dieu.
 
Encore cette année, bien des « bergers », ces pauvres entre les pauvres, ces méprisés, ces marginalisés, vont se mêler à la foule de nos églises. Ils viennent en espérant y trouver chaleur et accueil, et ainsi entendre la Bonne Nouvelle que Dieu, en Jésus, est tout proche d'eux.
 
Dans nos églises vont venir des « petits ». Que nos communautés soient Marie qui pose devant eux le « signe » : un enfant emmailloté dans des langes et couché dans une crèche. Ils sauront alors deviner le divin message d'amour et de paix pour tous les humains. La tendresse, la bonté, la miséricorde de Dieu ont trouvé un visage. Il ne faut pas l'obscurcir par notre froideur ou nos peurs.
 
Et soyons sûrs que le meilleur service à rendre à notre monde d’ici, c'est de lui présenter vraiment Jésus, unique chemin vers le Père, unique vérité sur l'être humain et sa dignité, unique vie qui renouvelle radicalement nos hivers pour y semer des printemps éternels.
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

vendredi 4 décembre 2015

Dominer la terre?

Est-ce que la mission de l’homme est de dominer la terre, de l’exploiter? On pourrait tirer cette conclusion d’un texte de la Genèse. Après avoir créé l’homme et la femme à son image, Dieu les bénit et leur dit : « Soyez féconds et multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la. Soyez les maîtres des poissons de la mer, des oiseaux du ciel, et de tous les animaux qui vont et viennent sur la terre. »
 
Une lecture théologique et éthique de la responsabilité de l’être humain sur toute la nature vue comme une domination absolue a souvent été celle de la tradition judéo-chrétienne. Le résultat en fut un manque de respect et de soin pour notre planète et pour les créatures non-humaines, en somme pour l’environnement en général. Saint François fait figure d’exception avec son attitude de révérence entre toute créature, les nommant « frères » ou « sœurs ».
 
Rejoignant celui qui l’a conduit à prendre ce nom, le pape François (67) rejette à son tour avec vigueur et même passion cette éthique de la domination brutale qui conduit à une exploitation sauvage de l’homme sur tout. Il nous appelle plutôt à exercer sur la terre une intendance marquée par le respect et la sollicitude.
 
« Nous ne sommes pas Dieu. La terre nous précède et nous a été donnée. » Donc, « nous devons rejeter aujourd’hui avec force que, du fait d’avoir été créés à l’image de Dieu et de la mission de dominer la terre, découle pour nous une domination absolue sur les autres créatures. » En fait, Dieu nous demande de cultiver et de garder le jardin du monde (cf. Gn 2, 15). « Alors que “cultiver” signifie labourer, défricher ou travailler, “garder” signifie protéger, sauvegarder, préserver, soigner, surveiller. Cela implique une relation de réciprocité responsable entre l’être humain et la nature. Chaque communauté peut prélever de la bonté de la terre ce qui lui est nécessaire pour survivre, mais elle a aussi le devoir de la sauvegarder et de garantir la continuité de sa fertilité pour les générations futures. » On comprend alors pourquoi Dieu rejette toute prétention humaine à une propriété absolue : « La terre ne sera pas vendue avec perte de tout droit, car la terre m’appartient, et vous n’êtes pour moi que des étrangers et des hôtes » (Lv 25, 23).
 
Le pape fait donc entendre à tous les humains l’appel à une attention respectueuse envers notre planète. Nous devons y exercer une intendance responsable et aimante. Et le pape nous en fournit la raison profonde. Notre planète et les diverses créatures sont l’œuvre du Dieu Créateur qui est en fait le Dieu d’amour. Et ce Créateur nous a confié ce trésor pour que nous en ayons soin : intendants responsables et non pas exploiteurs avides et cruels.
 
Cette lecture du texte biblique faite par le pape François  est à la fois très neuve, très audacieuse et libératrice. Elle offre un chemin de guérison à notre tentation de tout réduire à des choses à exploiter puis rejeter.
 
(21e texte d'une série sur l'encyclique du pape François)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

samedi 28 novembre 2015

Dégradation de l’environnement et appauvrissement

Le pape nous rappelle fortement (48) les liens très multiples entre ce qui se passe dans notre environnement et ce que vivent des milliards de pauvres, des nations complètes qui s’appauvrissent. La dégradation écologique, humaine et sociale actuelle affecte en tout premier lieu les pauvres. Nous ne devons pas séparer écologie, économie, finance, politique et éthique.
 
« Par exemple, l’épuisement des réserves de poissons nuit spécialement à ceux qui vivent de la pêche artisanale et n’ont pas les moyens de la remplacer; la pollution de l’eau touche particulièrement les plus pauvres qui n’ont pas la possibilité d’acheter de l’eau en bouteille, et l’élévation du niveau de la mer affecte principalement les populations côtières appauvries qui n’ont pas où se déplacer. L’impact des dérèglements actuels se manifeste aussi à travers la mort prématurée de beaucoup de pauvres, dans les conflits générés par manque de ressources et à travers beaucoup d’autres problèmes qui n’ont pas assez d’espace dans les agendas du monde. »
 
« Une vraie approche écologique se transforme toujours en une approche sociale, qui doit intégrer la justice dans les discussions sur l’environnement, pour écouter tant la clameur de la terre que la clameur des pauvres. » (49)
 
Voilà un véritable coup de poing à accueillir avec honnêteté!
 
(20e texte d'une série sur l'encyclique du pape François)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

samedi 21 novembre 2015

Les multiples problèmes environnementaux

Le pape François, dans son texte fondamental sur l’environnement (4), nous rappelle une parole prononcée par Paul VI en 1971. Ce dernier reconnaissait déjà à cette époque que la problématique écologique conduisait à une crise aux conséquences dramatiques pour la terre et pour les humains. « Par une exploitation inconsidérée de la nature [l’être humain] risque de la détruire et d’être à son tour la victime de cette dégradation ». (21) Paul VI notait déjà que les retombées de la civilisation industrielle risquaient de conduire à une véritable catastrophe écologique. Et il en appelait à un urgent et radical changement dans le comportement de l’humanité.
 
Est-ce que cet appel très clair a été entendu? Où en sommes-nous 45 ans plus tard? Le pape François le répète sans ambages! Avec sagesse et accueillant le meilleur des connaissances scientifiques actuelles, il affirme les hauts risques auxquels l’humanité est confrontée dans une large échelle de problèmes environnementaux : changement du climat, déforestation, pollution de l’air, perte de la biodiversité.
 
Et le pape fait entendre plus fortement que jamais un appel à tous les humains. « Le défi urgent de sauvegarder notre maison commune inclut la préoccupation d’unir toute la famille humaine dans la recherche d’un développement durable et intégral, car nous savons que les choses peuvent changer. » (13) Nous avons de multiples raisons d’oser avec confiance nous y engager! « Le Créateur ne nous abandonne pas, jamais il ne fait marche arrière dans son projet d’amour, il ne se repent pas de nous avoir créés. L’humanité possède encore la capacité de collaborer pour construire notre maison commune. » Et François ajoute : « Je souhaite saluer, encourager et remercier tous ceux qui, dans les secteurs les plus variés de l’activité humaine, travaillent pour assurer la sauvegarde de la maison que nous partageons. »
 
Et il insiste sur le fait que ces dommages à l’environnement ont des conséquences dramatiques « sur la vie des plus pauvres dans le monde. » Les jeunes aussi réclament de l’action, car « ils se demandent comment il est possible de prétendre construire un avenir meilleur sans penser à la crise de l’environnement et aux souffrances des exclus. »
 
Un tel appel rejoint-il mon cœur, ma pensée, mes mains?
 
(19e texte d'une série sur l'encyclique du pape François)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

vendredi 13 novembre 2015

Laisser une planète habitable

« On ne peut plus parler de développement durable sans une solidarité intergénérationnelle. Quand nous pensons à la situation dans laquelle nous laissons la planète aux générations futures, nous entrons dans une autre logique, celle du don gratuit que nous recevons et que nous communiquons. Si la terre nous est donnée, nous ne pouvons plus penser seulement selon un critère utilitariste d’efficacité et de productivité pour le bénéfice individuel. » (Pape François 159) Nous sommes devant une question fondamentale de justice : la terre appartient aussi à ceux qui viendront après nous. Elle est « un prêt que chaque génération reçoit et doit transmettre à la génération suivante ».
 
Quel monde voulons-nous laisser aux enfants qui grandissent? « Les prévisions catastrophistes ne peuvent plus être considérées avec mépris ni ironie. Nous pourrions laisser trop de décombres, de déserts et de saletés aux prochaines générations. Le rythme de consommation, de gaspillage et de détérioration de l’environnement a dépassé les possibilités de la planète, à tel point que le style de vie actuel, parce qu’il est insoutenable, peut seulement conduire à des catastrophes, comme, de fait, cela arrive déjà périodiquement dans diverses régions. » (François 161)
 
Nous avons de grandes difficultés à prendre au sérieux ce défi. C’est là la conséquence d’une mentalité qui devient profondément individualiste. « Beaucoup de problèmes sociaux sont liés à la vision égoïste actuelle axée sur l’immédiateté, aux crises des liens familiaux et sociaux, aux difficultés de la reconnaissance de l’autre. […]  En outre, notre incapacité à penser sérieusement aux générations futures est liée à notre incapacité à élargir notre conception des intérêts actuels et à penser à ceux qui demeurent exclus du développement. Ne pensons pas seulement aux pauvres de l’avenir, souvenons-nous déjà des pauvres d’aujourd’hui, qui ont peu d’années de vie sur cette terre et ne peuvent pas continuer d’attendre. »
 
Pour construire la paix dans notre génération et dans les générations futures, il faut veiller à la santé de notre planète.
 
(18e texte d'une série sur l'encyclique du pape François)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

vendredi 6 novembre 2015

Technologie et environnement

« Nous sommes les héritiers de deux siècles d’énormes vagues de changement : la machine à vapeur, le chemin de fer, le télégraphe, l’électricité, l’automobile, l’avion, les industries chimiques, la médecine moderne, l’informatique, et, plus récemment, la révolution digitale, la robotique, les biotechnologies et les nanotechnologies. » (102) Voilà comment le pape François résume ces extraordinaires poussées de la technoscience.   Ces progrès sont enthousiasmants et ouvrent à de nouvelles possibilités. Depuis ses débuts, l’humanité modifie la nature à des fins utiles. « Nous ne pouvons pas ne pas valoriser ni apprécier le progrès technique, surtout dans la médecine, l’ingénierie et les communications. Et comment ne pas reconnaître tous les efforts de beaucoup de scientifiques et de techniciens qui ont apporté des alternatives pour un développement durable? »
 
Mais le pape note aussi que « nous ne pouvons pas ignorer que l’énergie nucléaire, la biotechnologie, l’informatique, la connaissance de notre propre ADN et d’autres capacités que nous avons acquises, nous donnent un terrible pouvoir. » (104) Et rien ne garantit qu’on s’en servira toujours bien. Pensons aux bombes atomiques lancées en plein XXe siècle, au déploiement technologique étalé par le nazisme, par le communisme et par d’autres régimes totalitaires au service de l’extermination de millions de personnes.
 
Aujourd’hui, la logique qui se développe est celle de maximiser les profits. « Ce qui intéresse c’est d’extraire tout ce qui est possible des choses par l’imposition de la main de l’être humain, qui tend à ignorer ou à oublier la réalité même de ce qu’il a devant lui. Voilà pourquoi l’être humain et les choses ont cessé de se tendre amicalement la main pour entrer en opposition. De là, on en vient facilement à l’idée d’une croissance infinie ou illimitée, qui a enthousiasmé beaucoup d’économistes, de financiers et de technologues. Cela suppose le mensonge de la disponibilité infinie des biens de la planète, qui conduit à la “presser” jusqu’aux limites et même au-delà des limites. » (106)
 
Face à ce système mondial, la culture écologique exige « un regard différent, une pensée, une politique, un programme éducatif, un style de vie et une spiritualité qui constitueraient une résistance face à l’avancée du paradigme technocratique. » Il est possible d’élargir notre regard, de limiter la technologie, de l’orienter et la mettre au service d’un progrès « plus sain, plus humain, plus social, plus intégral. » Car notre monde manque aujourd’hui d’une éthique solide, d’une culture et d’une spiritualité qui le limitent réellement et le contiennent dans une abnégation lucide. Il a un urgent besoin d’un « supplément d’âme ».
 
(17e texte d'une série sur l'encyclique du pape François)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

samedi 31 octobre 2015

La terre est un héritage commun

« Dieu a créé le monde pour tous », affirme le pape François. Toute réflexion écologique doit par conséquent incorporer une perspective sociale, et en particulier les droits fondamentaux des plus défavorisés. « Le principe de subordination de la propriété privée à la destination universelle des biens et, par conséquent, le droit universel à leur usage, est une “règle d’or” du comportement social. »
 
La tradition chrétienne a très souvent souligné cette fonction sociale de toute forme de propriété privée. « L’Église défend, certes, le droit à la propriété privée, mais elle enseigne avec non moins de clarté que sur toute propriété pèse toujours une hypothèque sociale, pour que les biens servent à la destination générale que Dieu leur a donnée ». (Jean-Paul II) De telles prises de position remettent « sérieusement en cause les habitudes injustes d’une partie de l’humanité. »
 
« L’environnement est un bien collectif, patrimoine de toute l’humanité, sous la responsabilité de tous. Celui qui s’approprie quelque chose, c’est seulement pour l’administrer pour le bien de tous. Si nous ne le faisons pas, nous chargeons notre conscience du poids de nier l’existence des autres. » Et le pape cite les Évêques de Nouvelle Zélande qui se sont demandé ce que le commandement « tu ne tueras pas » signifie quand « vingt pour cent de la population mondiale consomment les ressources de telle manière qu’ils volent aux nations pauvres, et aux futures générations, ce dont elles ont besoin pour survivre ».
 
Une telle interrogation est valable pour toutes les personnes et sociétés de l’hémisphère Nord, dont nous!
 
(16e texte d'une série sur l'encyclique du pape François)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

samedi 24 octobre 2015

Communion universelle

« Tout l’univers matériel est un langage de l’amour de Dieu, de sa tendresse démesurée envers nous. Le sol, l’eau, les montagnes, tout est caresse de Dieu. » (84) Ainsi s'exprime le pape François.
 
« Créés par le même Père, nous et tous les êtres de l’univers, sommes unis par des liens invisibles, et formons une sorte de famille universelle, une communion sublime qui nous pousse à un respect sacré, tendre et humble. » (89) Et le pape formule cette pensée évocatrice : « Dieu nous a unis si étroitement au monde qui nous entoure, que la désertification du sol est comme une maladie pour chacun et nous pouvons nous lamenter sur l’extinction d’une espèce comme si elle était une mutilation. »
 
Tout est lié! « Le sentiment d’union intime avec les autres êtres de la nature ne peut pas être réel si en même temps il n’y a pas dans le cœur de la tendresse, de la compassion et de la préoccupation pour les autres êtres humains. L’incohérence est évidente de la part de celui qui lutte contre le trafic d’animaux en voie d’extinction, mais qui reste complètement indifférent face à la traite des personnes, se désintéresse des pauvres, ou s’emploie à détruire un autre être humain qui lui déplaît. Ceci met en péril le sens de la lutte pour l’environnement. » (91)
 
« Le cœur est unique, et la même misère qui nous porte à maltraiter un animal ne tarde pas à se manifester dans la relation avec les autres personnes. »  Tout est lié. Nous sommes tous unis comme des frères et des sœurs, « entrelacés par l’amour que Dieu porte à chacune de ses créatures et qui nous unit aussi, avec une tendre affection, à frère soleil, à sœur lune, à sœur rivière et à mère terre. » (92)
 
(15e texte d'une série sur l'encyclique du pape François)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

mardi 13 octobre 2015

Lancement de "Devenir enfant de Dieu"

Tel est le titre du livre que j’ai présenté jeudi soir le 8 octobre à plus de cent personnes réunies pour l’accueillir dans la joie de l’amitié. Ce fut une magnifique soirée. Nous avons vécu de belles retrouvailles. Nous avons ensemble chanté la joie d’être enfants de Dieu. Nous avons exprimé aussi dans un chant notre désir intense de suivre Jésus, d’être ses disciples, de témoigner de son amour pour le monde. Nous nous sommes souvenus que le geste de Jésus de laver les pieds de ses amis la veille de sa mort est toujours l’icône qui nous trace le chemin pour sans cesse grandir dans notre identité et dans notre mission de disciples de Jésus.
 
Ce livre est disponible au prix de 25,00 $ à la Librairie Fréchette (313, rue Notre-Dame, Gatineau, tél. : 819-643-1861). On peut aussi se le procurer au presbytère de la cathédrale (245, boul. St-Joseph, Gatineau, tél. : 819-771-7454) et au Centre diocésain (180, boul. Mont-Bleu, Gatineau, tél. : 819-771-8391).
 
Si une paroisse ou un mouvement désire offrir ce livre lors de leurs rencontres, s’adresser à la Librairie Fréchette pour obtenir les exemplaires désirés.

 



 

vendredi 9 octobre 2015

Prière pour notre terre


Prière du pape François au Dieu Créateur Tout-Puissant 

« Dieu Tout-Puissant
qui es présent dans tout l’univers
et dans la plus petite de tes créatures,
Toi qui entoures de ta tendresse tout ce qui existe,
répands sur nous la force de ton amour pour que
nous protégions la vie et la beauté. 

Inonde-nous de paix, pour que nous vivions
comme frères et sœurs
sans causer de dommages à personne. 

Ô Dieu des pauvres,
aide-nous à secourir les abandonnés
et les oubliés de cette terre
qui valent tant à tes yeux. 

Guéris nos vies,
pour que nous soyons des protecteurs du monde
et non des prédateurs,
pour que nous semions la beauté
et non la pollution ni la destruction. 

Touche les cœurs
de ceux qui cherchent seulement des profits
aux dépens de la terre et des pauvres.
Apprends-nous à découvrir
la valeur de chaque chose,
à contempler, émerveillés,
à reconnaître que nous sommes profondément unis
à toutes les créatures
sur notre chemin vers ta lumière infinie.
 
Merci parce que tu es avec nous tous les jours.
Soutiens-nous, nous t’en prions,
dans notre lutte pour la justice, l’amour et la paix. »
 
(14e texte d'une série sur l'encyclique du pape François)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

jeudi 1 octobre 2015

Invitation : « Devenir enfant de Dieu »


« Devenir enfant de Dieu »

Certaines me demandent ce que fait un évêque qui est à la retraite. Ma réponse pourrait être longue! Mais je la résume dans mon désir de communiquer la Parole de Dieu par tous les moyens qui me sont disponibles. Je continue donc ce que j’ai fait durant mon service comme prêtre et comme évêque : semer la Parole qui est source de vie et de joie.
 
Le livre que je viens de publier est bien dans ce filon. « Devenir enfant de Dieu » : Jésus, le Fils de Dieu est venu dans notre monde et notre histoire pour nous offrir ce merveilleux cadeau (Jean1, 12)! Et il souhaite tellement que nous l’acceptions comme un trésor, comme une perle rare! (Matthieu13, 44-45)
 
Mon livre explique, à partir de l’Évangile de saint Jean, comment nous pouvons vivre l’accueil de ce don. Jésus nous appelle par sa Parole à accueillir la vie éternelle. Quelle merveille! C’est le vieux jean qui s’exclamait devant ses disciples : « Voyez quelle manifestation d'amour le Père nous a donnée pour que nous soyons appelés enfants de Dieu. Et nous le sommes! » (1Jn 3,1) C’est un cri du cœur!
 
Puis, je parcours les étapes pour naître, grandir, me nourrir, me guérir, développer des raisons de vivre comme enfant de Dieu, témoigner de Jésus ressuscité. Même notre mort corporelle prend alors un sens tout nouveau : elle est comme le grain de blé qui, tombé en terre, doit mourir pour donner beaucoup de fruit!
 
J’ai mis dans ce livre quelque chose de ma joie d’être enfant de Dieu. Puissiez-vous participer à cette joie et à cette paix!
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

lundi 28 septembre 2015

Foi et environnement

De plus en plus de scientifiques identifient les liens entre une consommation exacerbée, un usage intense des carburants fossiles, la détérioration de la planète et la situation dramatique des personnes et des pays pauvres.
 
Le pape François montre ces liens de multiples façons dans sa récente encyclique. Il y cherche certes un dialogue avec tous les humains « pour chercher ensemble des chemins de libération. » Mais il affirme : « Je veux montrer dès le départ comment les convictions de la foi offrent aux chrétiens, et aussi à d’autres croyants, de grandes motivations pour la protection de la nature et des frères et sœurs les plus fragiles. » (64) Le seul fait d’être des humains pousse les personnes à prendre soin de l’environnement dont elles font partie. Mais les chrétiens doivent savoir « que leurs devoirs à l’intérieur de la création et leurs devoirs à l’égard de la nature et du Créateur font partie intégrante de leur foi ». Et le pape en conclut : « Donc, c’est un bien pour l’humanité et pour le monde que nous, les croyants, nous reconnaissions mieux les engagements écologiques qui jaillissent de nos convictions. »
 
Nos convictions de foi doivent avoir un impact sur notre façon de vivre nos relations avec l’ensemble de la nature, les autres vivants, les humains et en particulier les plus pauvres. Il faut y développer respect, responsabilité et courageuse espérance.
 
Nous sommes appelés à reconnaitre que chaque être vivant a une valeur propre devant Dieu. « Les différentes créatures, voulues en leur être propre, reflètent, chacune à sa façon, un rayon de la sagesse et de la bonté infinies de Dieu. C’est pour cela que l’homme doit respecter la bonté propre de chaque créature pour éviter un usage désordonné des choses » (69)
 
« Louez-le Soleil et Lune, louez-le, tous les astres de lumière; louez-le, cieux des cieux, et les eaux par-dessus les cieux! Qu’ils louent le nom du Seigneur : lui commanda et ils furent créés » (Ps 148, 3-5).
 
Laissons-nous entrainer dans cet hymne de louanges! Une telle attitude oriente notre coeur vers des engagements nouveaux.
 
(13e texte d'une série sur l'encyclique du pape François)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

samedi 19 septembre 2015

Caïn, Noé et la nature

« L’homme doit respecter la bonté propre de chaque créature pour éviter un usage désordonné des choses », affirme le pape François. Divers récits bibliques montrent la vérité de cette affirmation.
 
« Dans le récit concernant Caïn et Abel, nous voyons que la jalousie a conduit Caïn à commettre l’injustice extrême contre son frère. Ce qui a provoqué à son tour une rupture de la relation entre Caïn et Dieu, et entre Caïn et la terre dont il a été exilé. Ce passage est résumé dans la conversation dramatique entre Dieu et Caïn. Dieu demande : “Où est ton frère Abel?”. Caïn répond qu’il ne sait pas et Dieu insiste : “Qu’as-tu fait? Écoute le sang de ton frère crier vers moi du sol! Maintenant, sois maudit et chassé du sol fertile” (Gn 4, 9-11). La négligence dans la charge de cultiver et de garder une relation adéquate avec le voisin, envers lequel j’ai le devoir d’attention et de protection, détruit ma relation intérieure avec moi-même, avec les autres, avec Dieu et avec la terre. » (70)
 
« Quand toutes ces relations sont négligées, quand la justice n’habite plus la terre, la Bible nous dit que toute la vie est en danger. C’est ce que nous enseigne le récit sur Noé, quand Dieu menace d’exterminer l’humanité en raison de son incapacité constante à vivre à la hauteur des exigences de justice et de paix : “La fin de toute chair est arrivée, je l’ai décidé, car la terre est pleine de violence à cause des hommes” (Gn 6, 13). Dans ces récits si anciens, emprunts de profond symbolisme, une conviction actuelle était déjà présente : tout est lié, et la protection authentique de notre propre vie comme de nos relations avec la nature est inséparable de la fraternité, de la justice ainsi que de la fidélité aux autres. »
 
Suis-je conscient de la nécessité vitale de ces relations de fraternité, de justice et de fidélité et de leurs interrelations pour notre survie et celle de toute la vie sur la planète-terre?
 
(12e texte d'une série sur l'encyclique du pape François)

† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

vendredi 11 septembre 2015

La Bible et le soin de la terre

On entend l’affirmation que l’écologie n’a rien à voir avec la foi. Le pape François pense le contraire. Et il développe dans un très long chapitre les « raisons qui se dégagent de la tradition judéo-chrétienne, afin de donner plus de cohérence à notre engagement en faveur de l’environnement. » Car « la science et la religion, qui proposent des approches différentes de la réalité, peuvent entrer dans un dialogue intense et fécond pour toutes deux » (62) La foi chrétienne offre « de grandes motivations pour la protection de la nature et des frères et sœurs les plus fragiles. » (64)
 
« Les récits de la création dans le livre de la Genèse contiennent, dans leur langage symbolique et narratif, de profonds enseignements sur l’existence humaine et sur sa réalité historique. Ces récits suggèrent que l’existence humaine repose sur trois relations fondamentales intimement liées : la relation avec Dieu, avec le prochain, et avec la terre. » (66) Le péché a rompu ces relations. « L’harmonie entre le Créateur, l’humanité et l’ensemble de la création a été détruite par le fait d’avoir prétendu prendre la place de Dieu, en refusant de nous reconnaître comme des créatures limitées. »
 
La relation entre l'être humain et la nature est devenue conflictuelle. L’être humain est devenu dominateur et destructeur de la nature dans une exploitation sauvage. Pourtant ce n’est pas la mission donnée à l’homme selon les textes bibliques. Ils nous invitent à « cultiver et garder » le jardin du monde. « Alors que “cultiver” signifie labourer, défricher ou travailler, “garder” signifie protéger, sauvegarder, préserver, soigner, surveiller. Cela implique une relation de réciprocité responsable entre l’être humain et la nature. Chaque communauté peut prélever de la bonté de la terre ce qui lui est nécessaire pour survivre, mais elle a aussi le devoir de la sauvegarder et de garantir la continuité de sa fertilité pour les générations futures. »
 
Cette position biblique appelle une ferme révision de nos habitudes d’exploiter la terre, que ce soit mon petit jardin ou d’immenses mines à l’autre bout de la planète.
 
(11e texte d'une série sur l'encyclique du pape François)

† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

vendredi 4 septembre 2015

Agressions environnementales et agressions sur les pauvres

« L’environnement humain et l’environnement naturel se dégradent ensemble », affirme le pape François dans son document sur l’écologie (48). Dégradations de la planète, sociale et humaine se tiennent. Et ce sont les pauvres qui en souffrent le plus. « Par exemple, l’épuisement des réserves de poissons nuit spécialement à ceux qui vivent de la pêche artisanale et n’ont pas les moyens de la remplacer; la pollution de l’eau touche particulièrement les plus pauvres qui n’ont pas la possibilité d’acheter de l’eau en bouteille, et l’élévation du niveau de la mer affecte principalement les populations côtières appauvries qui n’ont pas où se déplacer. »
 
« Aujourd’hui, nous ne pouvons pas nous empêcher de reconnaître qu’une vraie approche écologique se transforme toujours en une approche sociale, qui doit intégrer la justice dans les discussions sur l’environnement, pour écouter tant la clameur de la terre que la clameur des pauvres. » (49)
 
L’inégalité entre riches et pauvres n’affecte pas seulement les individus, mais aussi des pays entiers « et oblige à penser à une éthique des relations internationales. » Cela concerne en particulier les rations entre le Nord et le Sud : déséquilibres commerciaux, utilisation disproportionnée des ressources naturelles, exportations pour satisfaire les marchés du Nord et dommages ainsi causés comme pollution par le mercure ou par le dioxyde de souffre. « Le réchauffement causé par l’énorme consommation de certains pays riches a des répercussions sur les régions les plus pauvres de la terre, spécialement en Afrique, où l’augmentation de la température jointe à la sécheresse fait des ravages au détriment du rendement des cultures. »
 
Après l’énumération de très nombreux autres exemples, le pape en conclut : « Il faut maintenir claire la conscience que, dans le changement climatique, il y a des responsabilités diversifiées et, comme l’ont exprimé les Évêques des États-Unis, on doit se concentrer “spécialement sur les besoins des pauvres, des faibles et des vulnérables, dans un débat souvent dominé par les intérêts les plus puissants”. Nous avons besoin de renforcer la conscience que nous sommes une seule famille humaine. Il n’y a pas de frontières ni de barrières politiques ou sociales qui nous permettent de nous isoler, et pour cela même il n’y a pas non plus de place pour la globalisation de l’indifférence. » (52)
 
Suis-je entraîné dans cette globalisation de l’indifférence?
 
(10e texte d'une série sur l'encyclique du pape François)

† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau