dimanche 29 septembre 2013

Les structures de l’Église catholique

Lors de l’élection du pape François, beaucoup de discussions ont tourné autour des structures de l’Église catholique, et en particulier de sa hiérarchie. Quel doit y être le rôle du pape? Celui des évêques responsables des divers diocèses du monde? Celui des différents ministères et services (le groupe étant appelé : la curie romaine) autour du pape? Et la place des laïcs dans l’Église, sa structure, sa mission?
 
Pour alimenter vos réflexions sur ces sujets, je vous invite à relire avec moi le chapitre 3 de la constitution conciliaire sur l’Église. Voici le lien qui vous conduira à cette lecture dirigée.
 
Relire ces textes va vous donner bien des éclaircissements sur ces sujets tellement controversés.
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

samedi 21 septembre 2013

Exemples d’alliance entre humains

La Bible nous fournit plusieurs exemples d’alliances conclues entre des partenaires humains, dans des relations soit d’égaux, soit d’inférieurs et supérieurs. Il peut être intéressant, pour comprendre l’alliance entre Dieu et son peuple (Ancien Testament), ou entre Dieu et l’humanité par le sang de Jésus (Nouveau Testament), de lire quelques récits de ces alliances qui étaient pratique courante dans la culture biblique ancienne.
 
Prenons l’alliance conclue entre Isaac, le fils d'Abraham, et Abimélek, le roi des Philistins. On vient de raconter divers accrochages graves entre les deux tribus. Isaac a dû quitter le territoire philistin, chassé par ce groupe jaloux de sa prospérité, car il est béni du Seigneur, conformément à la promesse de Dieu faite à Abraham. 
 
« Les serviteurs d'Isaac forèrent un puits. Abimélek vint le voir de Gérar, avec Ahuzzat son familier et Pikol le chef de son armée. Isaac leur dit : “Pourquoi venez‑vous à moi, puisque vous me haïssez et que vous m'avez renvoyé de chez vous?” Ils répondirent : “Nous avons eu l'évidence que Yahvé était avec toi et nous avons dit : Qu'il y ait un serment entre nous et toi et concluons une alliance avec toi : jure de ne nous faire aucun mal, puisque nous ne t'avons pas molesté, que nous ne t'avons fait que du bien et t'avons laissé partir en paix. Maintenant, tu es un béni de Yahvé.” Il leur prépara un festin, et ils mangèrent et burent. Levés de bon matin, ils se firent un serment mutuel. Puis Isaac les congédia et ils le quittèrent en paix. » (Genèse 26,28-31) 
 
C’est là un bel exemple, parmi tant d’autres, dont celui de l’alliance de Josué avec les habitants de Gabaon (Josué 9, 3-27) qui est plus tragique, car signée sur la foi d'un mensonge. Pensons, à un autre niveau de relations humaines, à l’émouvante alliance entre David et Jonathan. 
 
En méditant ces exemples d’alliances tribales pour la paix, ou de mariages, ou de partages de puits, on entre peu à peu dans la dynamique de toute la bible sur ce thème de l’alliance, si fondamental dans les deux Testaments. 
 
De plus, méditer ces exemples nous laissent deviner les conséquences concrètes de l’alliance dans le sang de Jésus pour celles et ceux qui y adhèrent par la foi et le baptême. Nous comprenons alors que cette alliance nouvelle et éternelle implique des relations totalement renouvelées entre humains (relations fraternelles qui dépassent les barrières de culture, langue, ethnie…) et entre groupes humains (entre paroisses, communautés diverses, etc.) Les conséquences sont énormes et concrètes, quotidiennes. Ce renouvèlement des relations humaines tend à une mondialisation de la fraternité et de la paix. Certainement à méditer longuement pour soi et pour notre communauté!
(4e texte d’une série sur l’Alliance)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

dimanche 15 septembre 2013

L’alliance avec Noé

Dans la Bible, toute alliance, et elles sont nombreuses, est voulue par Dieu et vise une communion intime avec lui, en vue du salut de tous les humains. Selon le plan divin plein de miséricorde et de bonté pour nous, l’alliance est le moyen essentiel voulu par Dieu pour tisser une communion entre les humains et lui. Car c’est là leur bonheur et leur salut.
 
Dans cette lumière, relisons les récits de ces alliances, en commençant par celle avec Noé (Genèse 9,1-17). Après la brisure de l’alliance originelle (Genèse 1-3) et ses conséquences désastreuses (Genèse 4-6) Dieu décide de détruire toute l’humanité par le déluge. Mais apparaît Noé : un homme juste aux yeux de Dieu. Ce dernier lui ordonne de bâtir une arche pour lui, sa famille et diverses espèces animales. Noé obéit fidèlement et fut ainsi sauvé des eaux, ainsi que les autres vivants. C’est une nouvelle création.
 
Dieu bénit alors Noé et ses fils et dit : « Voici que j'établis mon alliance avec vous et avec vos descendants après vous, et avec tous les êtres animés qui sont avec vous : oiseaux, bestiaux, toutes bêtes sauvages avec vous, bref tout ce qui est sorti de l'arche, tous les animaux de la terre. » (Genèse 9, 9-10)
 
Dieu donne une bénédiction solennelle, qui est une promesse éternelle de protection. Il ordonne les règles qui devront régir à l’avenir la vie des humains. « Tout ce qui se meut et possède la vie vous servira de nourriture, je vous donne tout cela au même titre que la verdure des plantes. Seulement, vous ne mangerez pas la chair avec son âme, c'est‑à‑dire le sang ». Et Dieu donne comme signe de cette alliance son « arc dans la nuée », mémorial éternel de cette alliance donnée avec grande miséricorde par Dieu.
 
Cette alliance embrasse tous les humains de tous les temps, mais aussi le monde des animaux. Sa perpétuité est liée à la promesse divine irrévocable. Elle est un don de la générosité de Dieu et le signe de la décision divine de paix avec ses créatures.
 
Voici ce qu’en dit le Catéchisme de l’Église catholique (par.58) : « L’alliance avec Noé est en vigueur tant que dure le temps des nations (cf. Lc 21, 24), jusqu’à la proclamation universelle de l’Évangile. La Bible vénère quelques grandes figures des “nations”, tels qu’“Abel le juste”, le roi-prêtre Melchisédech (cf. Gn 14, 18), figure du Christ (cf. He 7, 3) ou les justes “Noé, Daniel et Job” (Ez 14, 14). Ainsi, l’Écriture exprime quelle hauteur de sainteté peuvent atteindre ceux qui vivent selon l’alliance de Noé dans l’attente que le Christ “rassemble dans l’unité tous les enfants de Dieu dispersés” (Jn 11, 52) ».
 
Quelle grâce que cette alliance avec Noé! Il est urgent que nous en prenions conscience en ces temps de rencontres nouvelles entre les peuples, les cultures et les religions, avec tout ce que ça apporte comme menaces pour tout notre environnement physique et spirituel. Notre vie en Église doit être un lieu où s’actualise l’engagement envers cette alliance pour la paix, la fraternité (arc au repos) et un environnement plus sain.

(3e texte d'une série sur l'Alliance)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

dimanche 8 septembre 2013

L’alliance avec Adam et Ève

Les trois premiers chapitres du livre de la Genèse n’emploient pas le mot « alliance ». Mais ils décrivent en fait la création comme une œuvre divine fondant une alliance entre Dieu et toutes ses créatures, et en particulier avec les humains.
 
C’est Dieu qui en toute liberté est l’initiateur de cette création de l’homme et de la femme. Et Dieu y spécifie d’emblée la nature de la relation que l’homme est appelé à entretenir avec son créateur. Une loi est donnée aux humains et des sanctions sont énoncées : bénédictions et vie en cas de respect du commandement; malédictions et mort en cas de rejet de la parole divine. Le signe de ce traité est le sabbat. Il scelle la seigneurie du créateur sur l’ensemble de la création.
 
Cette alliance est universelle, car elle est conclue avec Adam et Ève en tant que premiers de la race humaine. Cette perception de la création comme une alliance révèle la relation fondamentale de communion voulue par Dieu entre lui et les êtres humains. Par le fait même se dévoilent les relations qui doivent exister entre l'homme et la femme dans l’amour, le respect et la justice, et entre l’humanité et les animaux ainsi que toute la nature confiée au soin humain. Aussi sont éclairés le travail humain, l’exploitation des ressources, en somme les multiples relations et réseaux de relations qui tissent une vie humaine en société, vécue dans une correcte relation avec Dieu.
 
Cette alliance foncière nous révèle la bonté de Dieu qui fait de nous des co-responsables, des intendants chargés de bien gérer ses œuvres. Elle est en même temps une source inépuisable de lumière sur notre destinée, notre dignité, nos devoirs et notre raison d’être dans toute la création. Dès les débuts, l’alliance avec Dieu est inscrite dans la création comme une exigence de relations droites à sans cesse développer comme conditions de la vie ensemble dans cet environnement donné par Dieu pour notre bonheur.
 
Le Catéchisme de l’Église catholique, aux numéros 54 et 55, enseigne que cette alliance n’a pas été interrompue par le péché de nos premiers parents. Dieu, en effet, « après leur chute leur promit une rédemption, leur rendit courage en les faisant espérer le salut; sans arrêt, Il montra sa sollicitude pour le genre humain, afin de donner la vie éternelle à tous ceux qui par la constance dans le bien cherchent le salut. » Puis il cite la prière eucharistique no 4 au sujet de l'être humain : « Comme il avait perdu ton amitié en se détournant de Toi, tu ne l’as pas abandonné au pouvoir de la mort. (...) Tu as multiplié les alliances avec eux. »
 
Même après le péché des origines, Dieu donne à nouveau sa bénédiction aux humains et promet une mystérieuse alliance : Dieu dit au serpent : « Je mettrai une hostilité entre toi et la femme, entre ton lignage et le sien. Il t'écrasera la tête et tu l'atteindras au talon. » (Genèse 3, 16) Il y aura les douleurs de l’enfantement, la domination de l’homme sur la femme, le dur travail pour survivre dans une lutte constante. Mais « Dieu fit à l'homme et à sa femme des tuniques de peau et les en vêtit. » C’est là un geste d’une touchante tendresse qui donne l’assurance qu’il subsiste une relation d’alliance qui, grâce à la fidélité de Dieu, sans cesse renaîtra entre Dieu et les humains.
 
Il est bon, dans la nuit de Pâques, d’entendre la proclamation de ce texte qui est comme le socle de toutes les alliances qui tissent les relations tumultueuses de Dieu et des êtres humains.
(2e texte d'une série sur l'Alliance)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

lundi 2 septembre 2013

L’alliance : notion générale

En 2013, le diocèse de Gatineau célèbre ses cinquante ans d’existence. Il a été érigé le 27 avril 1963. Son premier évêque fut Mgr Paul-Émile Charbonneau.  L’évêque actuel, Mgr Paul-AndréDurocher, a choisi comme thème de ces célébrations : « L’Église de Gatineau, un espace d’Alliance hier, aujourd’hui et demain ».
 
C’est là une invitation à réfléchir à la notion d’alliance dans les cultures de l’époque biblique. Car avant de devenir un concept-clé de toute la Bible, l’alliance était une façon de faire sociale, juridique et politique vécue par les peuples sémites.
 
Par une alliance, deux peuples, deux personnes se liaient entre eux par un pacte, un traité qui décrivait les droits et devoirs de chaque partenaire. Basé sur un serment devant la divinité, ce pacte obligeait les deux parties, que le pacte se fasse en toute liberté entre les parties ou bien qu’une partie plus puissante l’impose à l’autre. 
 
Il existait une grande diversité d’alliances, selon les circonstances vitales couvertes par ce serment. Dans les meilleures circonstances, on parlait d’alliance de paix entre frères, d’alliance d’amitié. Les mariages étaient aussi vus comme des alliances entre deux clans, deux familles, deux individus. Dans les situations de danger pour un groupe, on parlait d’alliance de vassalité. Alors, l’inférieur sollicitait l’alliance et le puissant l’accordait ou non selon son bon vouloir; et alors il dictait ses exigences et conditions, souvent fort onéreuses et humiliantes. 
 
Dans toutes les espèces d'alliances, ce qui est visé c’est une relation marquée par une fidélité et une loyauté absolues de part et d’autre. Aussi les alliances étaient vues comme inviolables et de durée illimitée. On parlait d’alliances éternelles. 
 
Ces conclusions d’alliance comportaient divers rites, selon les époques et les cultures. La Bible nous en donne plusieurs exemples. Parfois, une simple poignée de main suffisait. D’autres fois, un repas en commun concluait la démarche. Ou bien, il s'agissait d'une dégustation commune de sel, cet aliment étant reconnu pour réserver de la corruption. Puis pour garder la mémoire de ces engagements, on plantait un arbre ou bien on érigeait une pierre pour rappeler l’alliance de génération en génération. 
 
C’est sur cette expérience culturelle fondamentale que la culture biblique représente les rapports entre Dieu et le peuple. Cette notion, déjà si riche dans ses composantes sociales, va encore s’enrichir et se diversifier tout au long de l'histoire sainte racontée par la Bible.
(1er texte d'une série sur l'Alliance)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau