La Bible nous fournit plusieurs exemples
d’alliances conclues entre des partenaires humains, dans des relations soit
d’égaux, soit d’inférieurs et supérieurs. Il peut être intéressant, pour
comprendre l’alliance entre Dieu et son peuple (Ancien Testament), ou entre
Dieu et l’humanité par le sang de Jésus (Nouveau Testament), de lire quelques
récits de ces alliances qui étaient pratique courante dans la culture biblique
ancienne.
Prenons l’alliance conclue entre Isaac, le fils d'Abraham,
et Abimélek, le roi des Philistins. On vient de raconter divers accrochages
graves entre les deux tribus. Isaac a dû quitter le territoire philistin,
chassé par ce groupe jaloux de sa prospérité, car il est béni du Seigneur,
conformément à la promesse de Dieu faite à Abraham.
« Les
serviteurs d'Isaac forèrent un puits. Abimélek vint le voir de Gérar, avec
Ahuzzat son familier et Pikol le chef de son armée. Isaac leur dit : “Pourquoi
venez‑vous à moi, puisque vous me haïssez et que vous m'avez renvoyé de chez
vous?” Ils répondirent : “Nous avons eu l'évidence que Yahvé était avec
toi et nous avons dit : Qu'il y ait un serment entre nous et toi et
concluons une alliance avec toi : jure de ne nous faire aucun mal, puisque
nous ne t'avons pas molesté, que nous ne t'avons fait que du bien et t'avons
laissé partir en paix. Maintenant, tu es un béni de Yahvé.” Il leur prépara un
festin, et ils mangèrent et burent. Levés de bon matin, ils se firent un
serment mutuel. Puis Isaac les congédia et ils le quittèrent en paix. » (Genèse 26,28-31)
C’est là un
bel exemple, parmi tant d’autres, dont celui de l’alliance de Josué avec les
habitants de Gabaon (Josué 9, 3-27)
qui est plus tragique, car signée sur la foi d'un mensonge. Pensons, à un
autre niveau de relations humaines, à l’émouvante alliance entre David et
Jonathan.
En méditant
ces exemples d’alliances tribales pour la paix, ou de mariages, ou de partages
de puits, on entre peu à peu dans la dynamique de toute la bible sur ce thème
de l’alliance, si fondamental dans les deux Testaments.
De plus,
méditer ces exemples nous laissent deviner les conséquences concrètes de
l’alliance dans le sang de Jésus pour celles et ceux qui y adhèrent par la foi
et le baptême. Nous comprenons alors que cette alliance nouvelle et éternelle
implique des relations totalement renouvelées entre humains (relations
fraternelles qui dépassent les barrières de culture, langue, ethnie…) et entre
groupes humains (entre paroisses, communautés diverses, etc.) Les conséquences
sont énormes et concrètes, quotidiennes. Ce renouvèlement des relations
humaines tend à une mondialisation de la fraternité et de la paix. Certainement
à méditer longuement pour soi et pour notre communauté!
(4e
texte d’une série sur l’Alliance)
† Roger ÉbacherÉvêque émérite de Gatineau