mercredi 31 août 2016

La joie d’évangéliser

Par mon baptême, je suis un disciple-évangélisateur. Mais, comment le fait d’être disciple de Jésus me rend-il nécessairement un évangélisateur?
 
Plus je sais par expérience, par le cœur, que Jésus est le cœur de ma vie, plus je suis intérieurement poussé à faire connaître aux autres cet amour qui donne sens à ma vie quotidienne. « Chaque personne qui vit une profonde libération acquiert une plus grande sensibilité devant les besoins des autres. Lorsqu’on le communique, le bien s’enracine et se développe. C’est pourquoi, celui qui désire vivre avec dignité et plénitude n’a pas d’autre voie que de reconnaître l’autre et chercher son bien. » (EG 9)
 
« Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile! » (1 Co 9, 16) Ce serait alors le signe que le Christ n’est pas encore ou n’est plus le cœur de mon cœur!
 
« Un évangélisateur ne devrait pas avoir constamment une tête d’enterrement. » (EG 10) Le pape nous exhorte à retrouver « la douce et réconfortante joie d’évangéliser, même lorsque c’est dans les larmes qu’il faut semer. […] Que le monde de notre temps qui cherche, tantôt dans l’angoisse, tantôt dans l’espérance, puisse recevoir la Bonne Nouvelle, non d’évangélisateurs tristes et découragés, impatients ou anxieux, mais de ministres de l’Évangile dont la vie rayonne de ferveur, qui ont les premiers reçu en eux la joie du Christ. »
 
Disciple tendrement chéri, je dois passer à d’autres ce que j’ai reçu dans la foi et qui est devenu le cœur de ma vie : Jésus mort et ressuscité pour moi!
 
Seigneur, donne-moi cette joie de sortir de moi-même, de révéler par ma vie, mes actes, mes paroles, mes silences, mes attitudes la miséricorde amoureuse de Dieu pour tout humain, surtout le plus blessé, le plus abandonné qui est sur mon chemin.
 
(4e texte d’une série sur La joie de l’Évangile)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

jeudi 25 août 2016

Le cœur de Jésus source de ma joie

« L’Évangile, où resplendit glorieuse la Croix du Christ, invite avec insistance à la joie. » Dans son exhortation La joie de l’Évangile, le pape François multiplie les exemples de cette joie. Ça vaut la peine d’en lire attentivement la liste, méditant chaque situation évoquée.
 
« L’Évangile, où resplendit glorieuse la Croix du Christ, invite avec insistance à la joie. Quelques exemples suffisent : “Réjouis-toi” est le salut de l’ange à Marie (Lc 1, 28). La visite de Marie à Élisabeth fait en sorte que Jean tressaille de joie dans le sein de sa mère (cf. Lc 1, 41). Dans son cantique, Marie proclame : “Mon esprit tressaille de joie en Dieu mon Sauveur” (Lc 1, 47). Quand Jésus commence son ministère, Jean s’exclame : “Telle est ma joie, et elle est complète” (Jn 3, 29). Jésus lui-même “tressaillit de joie sous l’action de l’Esprit-Saint” (Lc 10, 21). Son message est source de joie : “Je vous dis cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit complète” (Jn 15, 11) ».
 
Le pape nous montre ensuite la source de cette joie à l’œuvre dans l’histoire des disciples. « Notre joie chrétienne jaillit de la source de son cœur débordant. Il promet aux disciples : “Vous serez tristes, mais votre tristesse se changera en joie” (Jn 16, 20). Et il insiste : “Je vous verrai de nouveau et votre cœur sera dans la joie, et votre joie, nul ne vous l’enlèvera (Jn 16, 22). Par la suite, les disciples, le voyant ressuscité ‘furent remplis de joie’ (Jn 20, 20). Le Livre des Actes des Apôtres raconte que dans la première communauté ils prenaient ‘leur nourriture avec allégresse’ (Ac 2, 46). Là où les disciples passaient ‘la joie fut vive’ (8, 8), et eux, dans les persécutions ‘étaient remplis de joie’ (13, 52). Un eunuque, qui venait d’être baptisé, poursuivit son chemin tout joyeux” (8, 39), et le gardien de prison “se réjouit avec tous les siens d’avoir cru en Dieu” (16, 34). » (EG 5)
 
Le pape ajoute cette question provocante : « Pourquoi ne pas entrer nous aussi dans ce fleuve de joie? » Oui, qu’est-ce qui m’en empêche? Est-ce parce que je ne connais pas la source de cette joie? C’est le cœur débordant de Jésus! Il m’attend, il m’attire, il me désire! À moi d’aller chaque jour y boire! La source de la joie chrétienne est le contact vivant et vivifiant avec Jésus ressuscité.
 
Suis-je un chrétien avec « un air de Carême sans Pâques »? Ou bien est-ce que je porte dans mon cœur « la certitude personnelle d’être infiniment aimé, au-delà de tout »? « Il faut permettre à la joie de la foi de commencer à s’éveiller, comme une confiance secrète mais ferme, même au milieu des pires soucis. »  (EG 6)
 
Quel est alors mon chemin de paix et de joie au cœur des tribulations de la vie? Aller régulièrement puiser « à la source de l’amour toujours plus grand de Dieu qui s’est manifesté en Jésus Christ. » Cesser de me centrer égoïstement sur moi-même, mes idées, mes évaluations. Le rencontrer, m’attacher à lui, m’y accrocher, me serrer sur lui, le regarder sur sa croix, accueillir le don de l’Esprit du Ressuscité. «La vie pour moi, c’est le Christ. » (Philippiens 1, 21)
 
Retisser sans cesse cette amitié, avec cette personne vivante aujourd’hui qu’est Jésus, mon sauveur, mon ami, mon frère : voilà la source de ma joie, qui donne élan à ma mission.
 
Je prie la Vierge Marie de m’éduquer à désirer et à accueillir les souffles de l’Esprit de Jésus ressuscité. Je pourrai ainsi devenir un disciple-missionnaire.
 
(3e texte d’une série sur La joie de l’Évangile) 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

dimanche 21 août 2016

Dieu Vivant ma joie

« Les livres de l’Ancien Testament avaient annoncé la joie du salut, qui serait devenue surabondante dans les temps messianiques. » (EG 4) L’important est d’accueillir cette joie dans mon cœur. « Pousse des cris de joie, des clameurs. » (Is 12, 6)
 
Je suis convoqué à voir par ma foi Dieu à l’œuvre autour de moi, en moi, à percevoir ses œuvres de tendresses, de pardon, de fidélité. Je pourrais alors, grâce à ce contact avec Dieu, devenir un message de la joie pour les autres. C’est mon témoignage : ma mission qui trouve son origine dans mon expérience personnelle, spirituelle de Dieu, de Jésus, de son Esprit.
 
Zacharie invite à acclamer le Roi qui arrive, « humble, monté sur un âne » : « Exulte avec force, fille de Sion! Crie de joie, fille de Jérusalem! Voici que ton roi vient à toi : il est juste et victorieux » (Za 9,9). Sophonie nous montre Dieu lui-même comme un centre lumineux de fête et de joie. Le pape Francis affirme que relire ce texte le remplit de vie : « Le Seigneur ton Dieu est au milieu de toi, héros sauveur! Il exultera pour toi de joie, il tressaillera dans son amour; il dansera pour toi avec des cris de joie » (3, 17).
 
« C’est la joie qui se vit dans les petites choses de l’existence quotidienne, comme réponse à l’invitation affectueuse de Dieu notre Père : “Mon fils, dans la mesure où tu le peux, traite-toi bien […] Ne te prive pas du bonheur d’un jour” (Si 14, 11.14). Que de tendresse paternelle s’entrevoit derrière ces paroles! »
 
« Ouvre mes yeux, Seigneur, aux merveilles de ton amour. Je suis l’aveugle sur le chemin. Guéris-moi, je veux te voir!
 
Ouvre mes mains, Seigneur, qui se ferment pour tout garder, le pauvre a faim devant ma maison : apprends-moi à partager!
 
Fais que je marche, Seigneur, aussi dur que soit le chemin, je veux te suivre jusqu'à la croix : viens me prendre par la main.
 
Fais que j'entende, Seigneur, tous mes frères qui crient vers moi. À leur souffrance et à leurs appels, que mon cœur ne soit pas sourd.
 
Garde ma foi, Seigneur, tant de voix proclament ta mort! Quand vient le soir et le poids du jour, ô Seigneur, reste avec moi! »
 
Je pourrai alors en venir à vivre la mission que tu me confies avec ta joie dans mon cœur, dans ma vie. Que Jésus Ressuscité par son Esprit me rende capable de me conduire comme un enfant de Dieu confiant et abandonné entre les bras de son Père! Qu’il fasse de moi un disciple-missionnaire.
(2e texte d’une série sur La joie de l’Évangile)
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

lundi 15 août 2016

Une question de cœur

« La joie de l’Évangile remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus. Ceux qui se laissent sauver par lui sont libérés du péché, de la tristesse, du vide intérieur, de l’isolement. Avec Jésus Christ la joie naît et renaît toujours. » (EG 1)
 
La question fondamentale est : qu’est-ce qui remplit mon cœur? Il s’agit ici du cœur au sens biblique : notre intérieur, ce lieu secret d’où jaillissent nos choix, nos décisions.
 
Le monde? 
« Le grand risque du monde d’aujourd’hui, avec son offre de consommation multiple et écrasante, est une tristesse individualiste qui vient du cœur bien installé et avare, de la recherche malade de plaisirs superficiels, de la conscience isolée. Quand la vie intérieure se ferme sur ses propres intérêts, il n’y a plus de place pour les autres, les pauvres n’entrent plus, on n’écoute plus la voix de Dieu, on ne jouit plus de la douce joie de son amour, l’enthousiasme de faire le bien ne palpite plus. […] Ce n’est pas le choix d’une vie digne et pleine, ce n’est pas le désir de Dieu pour nous, ce n’est pas la vie dans l’Esprit qui jaillit du cœur du Christ ressuscité. »
 
Le pape François m’exhorte à m’ouvrir les yeux sur les risques dans lesquels les choix du monde où je vis me plongent si Jésus n’est pas le centre de ma vie, de mes choix. (EG2)
 
Jésus le Ressuscité?
Le pape m’invite à renouveler aujourd’hui même ma rencontre personnelle avec Jésus. Je m’en sens incapable? Faire un petit pas, et il fera le reste! Ouvrir mon cœur, désirer, et il fera le reste! Lui dire que j’ai besoin de lui! Il pardonne toujours! « Personne ne pourra nous enlever la dignité que nous confère cet amour infini et inébranlable. Il nous permet de relever la tête et de recommencer, avec une tendresse qui ne nous déçoit jamais et qui peut toujours nous rendre la joie. Ne fuyons pas la résurrection de Jésus, ne nous donnons jamais pour vaincus, advienne que pourra. Rien ne peut davantage que sa vie qui nous pousse en avant! »  (EG 3)
 
(1er texte d’une série sur La joie de l’Évangile)

† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

mercredi 10 août 2016

Rester enraciné dans sa communauté

Le pape François a écrit récemment : « On nous demande de préserver deux mémoires. La mémoire de Jésus Christ et la mémoire de nos ancêtres. La foi, nous l’avons reçue, c’est un don que nous avons reçu dans de nombreux cas des mains de nos mères, de nos grand-mères  [voir 2 Timothée 1, 5]. Elles ont été la mémoire vivante de Jésus Christ au sein de nos maisons. C’est dans le silence de la vie familiale que la plupart d’entre nous ont appris à prier, à aimer, à vivre la foi. C’est au sein d’une vie familiale, qui a ensuite pris la forme d’une paroisse, d’une école et d’une communauté, que la foi est arrivée dans notre vie et s’est faite chair. »
 
Le pape note que c’est là une « foi simple qui nous a tant de fois accompagnés dans les différentes vicissitudes de notre chemin. » L’expérience nous montre comment cette foi reçue dans la vérité de la vie est un trésor précieux. Il faut savoir l’apprécier, la développer, la faire animer notre vie dans les divers lieux de notre engagement quotidien. « Perdre la mémoire signifie se déraciner du lieu d’où nous venons et ainsi, ne pas même savoir où nous allons. Cela est fondamental, quand nous déracinons un laïc de sa foi, de celle de ses origines; quand nous le déracinons du saint peuple fidèle de Dieu, nous le déracinons de son identité baptismale et nous le privons ainsi de la grâce de l’Esprit Saint. »
 
Alors, quel est le rôle du prêtre, de l’agent de pastorale? « Notre rôle, notre joie, la joie du pasteur, réside précisément dans l’aide et dans la stimulation, comme beaucoup l’ont fait avant nous, mères, grands-mères et pères, les vrais protagonistes de l’histoire. Pas par notre concession de bonne volonté, mais par droit et statut propre. Les laïcs font partie du saint peuple fidèle de Dieu et par conséquent, ce sont les protagonistes de l’Église et du monde; nous sommes appelés à les servir, non à nous servir d’eux. »
 
Voilà des paroles simples, fermes, authentiques, qui exigent une révision de nos façons de vivre ensemble en Église, dans le saint peuple de Dieu.
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

dimanche 7 août 2016

À quoi s’occupe un évêque à la retraite?

C’est une question que plusieurs personnes m’ont posée depuis quatre ans. Je ne peux oser une réponse qu’en partant de mon cas personnel!
 
J’ai vite pris une distance de tous ces dossiers qui inondaient mon bureau régulièrement! Je me suis donné plus de temps pour dormir, pour prier, pour savourer des livres que je désirais parcourir depuis longtemps.
 
J’ai eu le goût de répondre positivement aux nombreuses demandes de divers groupes pour l’animation spirituelle de leurs temps de retraite. Ces heures passées à relire et présenter l’Évangile de saint Jean furent un grand enrichissement pour moi. Il en a aussi résulté la publication d’un livre intitulé : Devenir enfant de Dieu. La croissance spirituelle dans l’Évangile de Jean, Médiaspaul 2015.
 
Mon successeur, Mgr Paul-André Durocher, me demande parfois de célébrer le sacrement de la confirmation. Cela me plaît. J’aime rencontrer ces jeunes adultes qui se sont préparés à vivre ce moment important de leur vie humaine et chrétienne. J’aime aussi parfois participer à des fêtes paroissiales où se célèbrent divers anniversaires.
 
Je garde le souci de rappeler la nécessité évangélique de l’engagement social au nom de notre foi. Je soutiens divers organismes pour les sans-abris, les itinérants, les pauvres en manque de logement. J’ai souvent des textes sur ces sujets dans mon blogue. J’écris régulièrement des billets pour le Prions en Église dominical sur la question de l’enseignement social de l’Église.
 
Je célèbre chaque jour la messe dans la résidence où je vis. Et je reçois presque chaque semaine des demandes pour aller en paroisse célébrer la messe du dimanche, célébrer des funérailles ou vivre d’autres activités spirituelles et pastorales. C’est intéressant de retrouver ainsi beaucoup de personnes que j’ai bien connues, dans les divers coins de l’Outaouais.
 
En somme, je ne m’ennuie pas à la retraite!
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

mardi 2 août 2016

Le laïc engagé dans le monde


Dans une récente lettre, le pape cherche à nous ouvrir les yeux et le cœur sur le rôle irremplaçable des laïcs engagés au nom de leur foi dans notre monde si complexe, mais aussi si riche de possibilités.
 
Il dénonce d’abord une grave erreur de perspective : « Bien souvent, nous sommes tombés dans la tentation de penser que le laïc engagé est celui qui travaille dans les œuvres de l’Église et/ou dans les affaires de la paroisse ou du diocèse. » Cette erreur conduit à « peu réfléchir sur la façon d’accompagner un baptisé dans sa vie publique et quotidienne; sur la façon dont, dans son activité quotidienne, avec les responsabilités qui lui incombent, il s’engage en tant que chrétien dans la vie publique. »
 
La conséquence d’une telle attitude mentale et pratique a de sérieuses conséquences. Le pape relève que, sans nous en rendre compte, « nous avons généré une élite laïque en croyant que ne sont laïcs engagés que ceux qui travaillent dans les affaires “des prêtres”, et nous avons oublié, en le négligeant, le croyant qui bien souvent brûle son espérance dans la lutte quotidienne pour vivre sa foi. »
 
Et le pape fait appel à une urgente conversion dans nos façons de faire Église. Il est essentiel de « reconnaître que le laïc, par sa réalité, par son identité, parce qu’il est immergé dans le cœur de la vie sociale, publique et politique, parce qu’il appartient à des formes culturelles qui se génèrent constamment, a besoin de nouvelles formes d’organisation et de célébration de la foi. Les rythmes actuels sont si différents (je ne dis pas meilleurs ou pires) de ceux que l’on vivait il y a trente ans! Cela demande d’imaginer des espaces de prière et de communion avec des caractéristiques innovantes, plus attirantes et significatives pour les populations urbaines » (Evangelii gaudium, n. 73).
 
François dénonce l’illogisme qui consiste à penser que les responsables des communautés doivent avoir le monopole des solutions pour les défis multiples que la vie contemporaine nous présente. « Au contraire, nous devons être du côté de notre peuple, en l’accompagnant dans ses recherches et en stimulant cette imagination capable de répondre à la problématique actuelle. Et ce, en discernant avec notre peuple et jamais pour notre peuple ou sans notre peuple. » Il s’agit de « stimuler, en encourageant les gens à vivre leur foi là où ils sont et avec qui ils se trouvent. »
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau