mardi 2 août 2016

Le laïc engagé dans le monde


Dans une récente lettre, le pape cherche à nous ouvrir les yeux et le cœur sur le rôle irremplaçable des laïcs engagés au nom de leur foi dans notre monde si complexe, mais aussi si riche de possibilités.
 
Il dénonce d’abord une grave erreur de perspective : « Bien souvent, nous sommes tombés dans la tentation de penser que le laïc engagé est celui qui travaille dans les œuvres de l’Église et/ou dans les affaires de la paroisse ou du diocèse. » Cette erreur conduit à « peu réfléchir sur la façon d’accompagner un baptisé dans sa vie publique et quotidienne; sur la façon dont, dans son activité quotidienne, avec les responsabilités qui lui incombent, il s’engage en tant que chrétien dans la vie publique. »
 
La conséquence d’une telle attitude mentale et pratique a de sérieuses conséquences. Le pape relève que, sans nous en rendre compte, « nous avons généré une élite laïque en croyant que ne sont laïcs engagés que ceux qui travaillent dans les affaires “des prêtres”, et nous avons oublié, en le négligeant, le croyant qui bien souvent brûle son espérance dans la lutte quotidienne pour vivre sa foi. »
 
Et le pape fait appel à une urgente conversion dans nos façons de faire Église. Il est essentiel de « reconnaître que le laïc, par sa réalité, par son identité, parce qu’il est immergé dans le cœur de la vie sociale, publique et politique, parce qu’il appartient à des formes culturelles qui se génèrent constamment, a besoin de nouvelles formes d’organisation et de célébration de la foi. Les rythmes actuels sont si différents (je ne dis pas meilleurs ou pires) de ceux que l’on vivait il y a trente ans! Cela demande d’imaginer des espaces de prière et de communion avec des caractéristiques innovantes, plus attirantes et significatives pour les populations urbaines » (Evangelii gaudium, n. 73).
 
François dénonce l’illogisme qui consiste à penser que les responsables des communautés doivent avoir le monopole des solutions pour les défis multiples que la vie contemporaine nous présente. « Au contraire, nous devons être du côté de notre peuple, en l’accompagnant dans ses recherches et en stimulant cette imagination capable de répondre à la problématique actuelle. Et ce, en discernant avec notre peuple et jamais pour notre peuple ou sans notre peuple. » Il s’agit de « stimuler, en encourageant les gens à vivre leur foi là où ils sont et avec qui ils se trouvent. »
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau