Dans
une récente lettre, le pape cherche à nous ouvrir les yeux et le cœur
sur le rôle irremplaçable des laïcs engagés au nom de leur foi dans notre
monde si complexe, mais aussi si riche de possibilités.
Il
dénonce d’abord une grave erreur de perspective : « Bien souvent,
nous sommes tombés dans la tentation de penser que le laïc engagé est celui qui
travaille dans les œuvres de l’Église et/ou dans les affaires de la paroisse ou
du diocèse. » Cette erreur conduit à « peu réfléchir sur la façon
d’accompagner un baptisé dans sa vie publique et quotidienne; sur la façon
dont, dans son activité quotidienne, avec les responsabilités qui lui
incombent, il s’engage en tant que chrétien dans la vie publique. »
La
conséquence d’une telle attitude mentale et pratique a de sérieuses conséquences.
Le pape relève que, sans nous en rendre compte, « nous avons généré une
élite laïque en croyant que ne sont laïcs engagés que ceux qui travaillent dans
les affaires “des prêtres”, et nous avons oublié, en le négligeant, le croyant
qui bien souvent brûle son espérance dans la lutte quotidienne pour vivre sa
foi. »
Et
le pape fait appel à une urgente conversion dans nos façons de faire Église. Il
est essentiel de « reconnaître que le laïc, par sa réalité, par son
identité, parce qu’il est immergé dans le cœur de la vie sociale, publique et
politique, parce qu’il appartient à des formes culturelles qui se génèrent
constamment, a besoin de nouvelles formes d’organisation et de célébration de
la foi. Les rythmes actuels sont si différents (je ne dis pas meilleurs ou
pires) de ceux que l’on vivait il y a trente ans! Cela demande d’imaginer des
espaces de prière et de communion avec des caractéristiques innovantes, plus
attirantes et significatives pour les populations urbaines » (Evangelii gaudium, n. 73).
François
dénonce l’illogisme qui consiste à penser que les responsables des communautés
doivent avoir le monopole des solutions pour les défis multiples que la vie
contemporaine nous présente. « Au contraire, nous devons être du côté de
notre peuple, en l’accompagnant dans ses recherches et en stimulant cette
imagination capable de répondre à la problématique actuelle. Et ce, en
discernant avec notre peuple et jamais pour notre peuple ou sans notre peuple. »
Il s’agit de « stimuler, en encourageant les gens à vivre leur foi là où
ils sont et avec qui ils se trouvent. »
Évêque émérite de Gatineau