Dans
une lettre que je considère comme très importante, le pape François pose la
question suivante : « Que signifie le fait que les laïcs travaillent
dans la vie publique? » C’est une question portée par les pasteurs du
peuple de Dieu. Le pape élabore les éléments d’une réponse qui ouvrent des
voies à la réflexion et à la révision dans nos engagements.
« De
nos jours, beaucoup de nos villes sont devenues de vrais lieux de survie. Des
lieux où la culture du rebut semble s’être installée, laissant peu de place
à l’espérance. Nous y trouvons nos frères, immergés dans ces luttes, avec leurs
familles, qui essayent non seulement de survivre, mais qui, entre
contradictions et injustices, cherchent le Seigneur et désirent lui rendre
témoignage. »
Le
pape pose la question : Que signifie pour nous pasteurs le fait que les
laïcs travaillent dans la vie publique? « Cela signifie chercher le moyen
de pouvoir encourager, accompagner et stimuler toutes les tentatives et les
efforts qui sont déjà faits aujourd’hui pour maintenir vivantes
l’espérance et la foi dans un monde plein de contradictions, spécialement pour
les plus pauvres, spécialement avec les plus pauvres. Cela signifie, en
tant que pasteurs, nous engager au milieu de notre peuple et, avec notre
peuple, soutenir la foi et son espérance. En ouvrant les portes, en travaillant
avec lui, en rêvant avec lui, en réfléchissant et surtout en priant avec
lui. »
Exprimant
un regard de foi contemplative, le pape ajoute qu’il faut découvrir « ce
Dieu qui habite dans ses maisons, dans ses rues, sur ses places... Il vit
parmi les citadins qui promeuvent la solidarité, la fraternité, le désir du
bien, de vérité, de justice. Cette présence ne doit pas être fabriquée, mais
découverte, dévoilée. Dieu ne se cache pas à ceux qui le cherchent d’un cœur
sincère. »
Et
le pape affirme hautement : « Ce n’est jamais au pasteur de dire au
laïc ce qu’il doit faire ou dire, il le sait bien mieux que nous. Ce n’est pas
au pasteur de devoir établir ce que les fidèles doivent dire dans les
différents milieux. En tant que pasteurs, unis à notre peuple, il est bon de
nous demander comment nous encourageons et promouvons la charité et la
fraternité, le désir du bien, de la vérité et de la justice. Comment nous
faisons en sorte que la corruption ne se niche pas dans nos cœurs. » Le
pasteur n’a pas à parler à la place des laïcs, mais à les soutenir, les nourrir
de l’Évangile et dans la prière.
Évêque émérite de Gatineau