lundi 26 août 2013

François et les appauvris du monde

En choisissant ce nom comme nouvel évêque de Rome, François donnait un clair message à l’Église et au monde. Il affichait aux yeux de tous sa priorité pour les appauvris de notre planète, qui sont des foules que même nos calculatrices sophistiquées ne réussissent pas à dénombrer.
 
Et depuis, il a multiplié les gestes qui ont traduit cette priorité. Avec une grande liberté, il a choisi d’aller vers les personnes dans la souffrance, dans toutes sortes de souffrances, aussi bien à Rome qu’ailleurs en Italie et maintenant dans le vaste monde, comme il vient de le faire à Rio.
 
Ses gestes et ses paroles (car il n’a pas caché ses connivences avec la théologie de la libération) sont des interpellations très fortes à la jeunesse, à notre Église, aux personnes qui ont le pouvoir politique et économique.
 
Moi aussi, je me sens interpelé. Quelles devraient être mes nouvelles priorités, maintenant que je suis à la retraite? Je sens que ce n'est pas facile, à mon âge, de suivre ce pape! Il a pourtant le même âge que moi! Mais je me rends bien compte que je n’ai rien de ces expériences qui ont façonné sa vie jusqu’ici.
 
Je ne suis sans doute pas le seul à sentir ce déchirement entre un appel très fort à sortir vers les périphéries et ma difficulté à trouver ce que ça signifie dans ma vie! Mais il faudra bien en venir à passer de la réflexion à la décision et à l’action, quelle qu’elle soit! Entretemps, je demande à l’Esprit de me guider.
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

lundi 19 août 2013

Pourquoi aimer?

Les évangiles insistent à temps et à contretemps sur la nécessité pour les disciples de Jésus de s’aimer les uns les autres (Jean 13, 34-35), d’aimer même nos ennemis (Matthieu 5,44). Qu’est-ce qui justifie une telle insistance? Certaines personnes sont faciles à aimer. D’autres nous sont indifférentes. D’autres encore nous repoussent. Jésus nous enseigne qu’il faut toutes les aimer!  Pourquoi? Est-ce possible?
 
Dieu est amour (1 Jean 4,8). Voilà la grande révélation que nous a apportée Jésus par sa vie, son enseignement et sa mort sur la croix.
 
Nous sommes enfants de Dieu par la nouvelle naissance de notre baptême (Jean 1,12-13). C’est donc dans notre nature d’aimer comme notre Père du ciel aime. Si nous n’aimons pas comme Jésus et à sa suite, nous sommes dénaturés!
 
Jésus notre grand frère est venu justement pour nous apprendre les chemins de cet amour. C’est en le regardant, l’écoutant, le suivant que nous vivons l’apprentissage quotidien de l’amour.
 
Dieu est amour. Nous sommes ses enfants. Jésus est notre frère ainé et notre modèle. Voilà nos raisons d’aimer. 
 
Mais est-ce possible? C’est impossible avec nos seules forces. Mais nous savons que « l'amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l'Esprit Saint qui nous a été donné. » (Romains 5,5) Voilà la source intime jaillissant en notre cœur et nous rendant capables d’aimer comme et à la suite de Jésus. 
 
† Roger Ébacher
Archevêque émérite de Gatineau

jeudi 15 août 2013

Famille, culture, paix, justice, développement, vie économique

Le document de Vatican II sur l’Église dans le monde de ce temps a deux parties. « Après avoir montré quelle est la dignité de la personne humaine et quel rôle individuel et social elle est appelée à remplir dans l’univers, le Concile attire maintenant l’attention de tous sur quelques questions particulièrement urgentes de ce temps qui affectent au plus haut point le genre humain. »
 
De nombreuses questions spécifiques y sont analysées : dignité du mariage et de la famille, contrôle des naissances, urgence de l’alphabétisation, droit de propriété et hypothèque sociale de ce droit, droit à la syndicalisation, noblesse de l’engagement politique et exigences, urgence de la paix, nécessité de la construction d’une communauté internationale dans la fraternité et une recherche du bien commun universel.  
 
«  Puisque Dieu le Père est le principe et la fin de tous les hommes, nous sommes tous appelés à être frères. Et puisque nous sommes destinés à une seule et même vocation divine, nous pouvons aussi et nous devons coopérer, sans violence et sans arrière-pensée, à la construction du monde dans une paix véritable. » 
 
Vous désirez approfondir ces enseignements de Vatican II? Allez au lien.  Je vous y attends.
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

vendredi 9 août 2013

Quelle est la qualité de mon langage?


François, l’évêque de Rome, est très sensible au rôle crucial de notre langage dans la qualité de nos relations humaines. J’ai noté la chose dans les homélies du matin, quand il célèbre la messe avec des petits groupes dans la maison où il réside.
 
Ce sont des homélies très simples, directes, qui provoquent vraiment la réflexion. Ce ne sont pas des textes officiels qu’on trouve sur le site du Vatican. Mais les journalistes rattachées au service des communications vaticanes résument ces paroles et l'on retrouve ces synthèses par exemple sur le site journalier de l’agence Zenit.
 
Mon langage est-il celui de l’amour, de la solidarité, de l’ouverture, de la vérité? Ou bien est-il celui de l’hypocrisie, du mensonge, de la duplicité, de la dissimulation?
 
François a vraiment l’art d’expliquer les textes évangéliques du jour en en faisant ressortir les aspects très pratiques, j’oserais dire très terre-à-terre. En des mots qui nous touchent, il nous interpelle à devenir plus humains, plus solidaires avec Dieu, avec les autres humains, avec la nature. Ça vaut la peine de les méditer.
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau
 

vendredi 2 août 2013

L’Église insérée dans notre monde d’aujourd’hui selon Vatican II

Cette question du rôle de l’Église dans la vie économique, politique, sociale du monde d’aujourd’hui est vaste et complexe. Elle est en plus sans cesse en mouvance dans un monde en voie rapide de mondialisation.

S’adressant à tous les humains, les évêques en concile ont d’abord posé les principes de base capables de fournir un éclairage fondamental sur ces questions.

C’est là qu’on trouve ce texte très fréquemment cité : « Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ […] La communauté des chrétiens se reconnaît donc réellement et intimement solidaire du genre humain et de son histoire. »

Et les évêques affirment clairement ce qui les guide dans ces réflexions : « C’est en effet l’homme qu’il s’agit de sauver, la société humaine qu’il faut renouveler. C’est donc l’homme, l’homme considéré dans son unité et sa totalité, l’homme, corps et âme, cœur et conscience, pensée et volonté, qui constituera l’axe de tout notre exposé. »

Vous désirez approfondir ces enseignements de Vatican II? Allez au lien.  Je vous y attends.

† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

jeudi 1 août 2013

François n’est pas une star

C’est du moins ce qu’il refuse d’être, si l'on en croit une nouvelle publicisée cet été. On nous y apprend que, dès qu’il a su qu’on a placé près de la cathédrale de Buenos Aeres une statue à son effigie, il a pris le téléphone et a ordonné qu’on la fasse disparaître tout de suite.

Il avait déjà demandé avec un sourire à une foule formée surtout de jeunes  qu’on cesse de hurler son nom et qu’on proclame plutôt à pleins poumons le nom de Jésus. Et dans son homélie lors de la messe inaugurale de son service comme évêque de Rome il avait bien signalé qu’il voyait son rôle comme très humble, concret, proche des gens et de leurs souffrances et problèmes.

Comment l’évêque actuel de Rome pourra-t-il s’en tenir à ce refus d’être une star mondiale? Il devra pouvoir résister tant aux divers protocoles qui veulent s’imposer à lui qu’à l’avidité des foules de se trouver des  idoles.

Il a bien raison de solliciter à tous vents qu’on prie pour lui! Soyons motivés à répondre à cette supplication.

† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau