vendredi 29 juin 2012

Dieu est amour

Saint Jean a écrit dans son évangile (1,18): « Nul n'a jamais vu Dieu; le Fils unique, qui est tourné vers le sein du Père, lui, l'a fait connaître ». Et plus loin (14,9), il cite Jésus affirmant à ses amis : « Qui m'a vu a vu le Père ». Pour connaître qui est Dieu, quel est son secret intime dans sa relation avec nous, il faut regarder Jésus, écouter Jésus, vivre avec Jésus.

Alors que découvrons-nous ? Se montre à nos yeux éblouis et déconcertés un homme simple, venant de la petite province méprisée de Galilée, qui se fait proche des personnes qui sont considérées par les autorités comme des gens de rien et méprisables. Il leur annonce une très bonne nouvelle : Dieu les aime avec tendresse, proximité, générosité, gratuité, allant jusqu’à pardonner leurs péchés.

Et il montre la vérité de ses paroles par des actes d’une proximité bouleversante envers les lépreux, les malades, les étrangers rejetés par son peuple. Il brise les barrières et les tabous qui déchirent les humains en ennemis mutuels. Il s’oppose à tout ce qui est mépris, haine, vengeance, marginalisation des humains.

Et pour faire reconnaître officiellement la vérité de son message, il se rend volontairement à Jérusalem, devant les autorités religieuses et civiles de son peuple. Il sait qu’il y risque la mort et une mort terrible, destructrice de toute dignité, de toute humanité. Car un tel amour, aussi ouvert et bienveillant, jusqu’à aimer les ennemis, ne peut pas être toléré : il dérange trop d’habitudes, de préjugés, d’intérêts, de solidarités et d’inimités. On le met à mort par le supplice le plus raffiné de l’époque avec celui de la destruction par feu : le supplice de la croix.

C’est là, devant cette icône de l'Amour en croix, de l’Amour au cœur ouvert par la lance que nous pouvons découvrir qui est Dieu. Et quand s. Jean a écrit avec une tendre émotion : « Dieu est Amour », il se souvenait de ce moment unique dans sa vie.

Cet amour de Dieu pour l’être humain qu’il a voulu et créé est en fait une passion, un désir intense de proximité, de présence, de cohabitation avec sa créature. Les prophètes se servent des images de l’amour érotique pour l’évoquer. Mais en même temps ils parlent d’un amour qui se donne, qui pardonne, un véritable amour d’amitié, de charité. Benoit XVI écrit que Dieu est « quelqu’un qui aime avec toute la passion d’un véritable amour ».

Alors notre défi est d'oser croire être aussi aimables, de risquer la confiance vers cet amour toujours premier et toujours reprenant l’initiative qui nous rends aimables. Notre défi est d’en venir à véritablement croire que nous sommes aimés à ce point, et que parce qu’aimés ainsi nous devenons aimables!

† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

lundi 25 juin 2012

L’hymne à l’amour

Ce texte de saint Paul est très connu. Les fiancées le retiennent souvent pour qu’il soit proclamé et médité dans la célébration de leur mariage. Ce chant est à la fois un magnifique résumé de toute la dynamique chrétienne et une force qui sans cesse nous fait grandir dans ce que nous sommes ensemble comme êtres humains appelés à bâtir une civilisation et une culture de l’amour vrai et de fraternité.

Il est toujours bon de relire lentement ce magnifique texte que nous trouvons dans la première lettre de saint Paul aux Corinthiens (chapitre 13, 1-8).

« J’aurais beau parler toutes les langues de la terre et du ciel,
si je n’ai pas la charité, s’il me manque l’amour,
je suis un métal qui résonne,
une cymbale retentissante.
J’aurais beau être prophète,
avoir toutes la science des mystères,
et toute la connaissance de Dieu,
et toute la foi jusqu'à transporter les montagnes,
s’il me manque l’amour,
je ne suis rien.
J’aurais beau distribuer toute ma fortune aux affamés,
j’aurais beau me faire brûler vit,
s’il me manque l’amour,
cela ne sert à rien.

L’amour prend patience;
l’amour rend service;
l’amour ne jalouse pas;
il ne se vante pas, ne se gonfle pas d'orgueil;
il ne fait rien de malhonnête;
il ne cherche pas son intérêt;
il ne s’emporte pas;
il n’entretient pas de rancune;
il ne se réjouit pas de ce qui est mal,
mais il trouve sa joie dans ce qui est vrai;
il supporte tout, il fait confiance en tout,
il espère tout, il endure tout.

L’amour ne passera jamais ».

† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

vendredi 22 juin 2012

L’amour de charité

Cette forme d’amour est en quelque sorte l’épanouissement, l’aboutissement de la tendance profonde à aimer qui est dans le cœur humain. Elle est l’expression caractéristique de la conception biblique de l’amour.

On trouve surtout dans les Évangiles de multiples façons d’évoquer le sens de cet amour si riche, inépuisable. La personne qui aime vraiment se montre généreuse. Elle respecte, estime, prend en considération les autres personnes. Elle manifeste de la vénération par une hospitalité joyeuse, un accueil délicat.

La charité est un don du cœur, une complaisance en la personne qu’on aime. Elle implique tendresse et complaisance en l’autre qu’on aime du fond du cœur. Elle implique un véritable attachement, une affection bienveillante.

La Bible parle souvent d’entrailles pleines de tendresse et de bonté, toujours capables d’accueillir, de soutenir, de pardonner. Ce qui implique beaucoup de patience, de compassion. C’est avoir le sens de l’autre, renoncer à l’égoïsme, vivre dans le désintéressement.

En somme, cette forme d’amour est un don de Dieu qui est solide et durable, mais aussi dynamique et sachant se manifester par des gestes qui font vivre l’autre. En Jésus nous voyons que cet amour est le dynamisme de se donner, même de donner sa vie pour que l’autre, aimé, vivre. Et son fruit dans le cœur est une joie profonde, qui rien ne peut détruire.

Benoît XVI, qui a écrit sa première encyclique sur l'amour, écrit : « la foi biblique ne construit pas un monde parallèle ou un monde opposé au phénomène humain originaire qui est l’amour, mais qu’elle accepte tout l’homme, intervenant dans sa recherche d’amour pour la purifier, lui ouvrant en même temps de nouvelles dimensions ».

Quelle richesse de vitalité, de sens, de force et de tendre bonté! Par le don de l’Esprit de Dieu nous sommes capables de marquer notre vie quotidienne avec les autres d’une telle beauté! Il est grand ce mystère de l‘amour!

† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

dimanche 17 juin 2012

L’amour comme amitié

Les anciennes traditions religieuses et de sagesses ont su identifier parmi les formes d’amour humain, celle de l’amitié. C’est là un aspect purifié, enrichi en quelque sorte du désir vital appelé érotique. On s’y situe plus au niveau des sentiments.  Pensons à toutes les chansons d’amour dans les fêtes de noces qui savent exalter l’amour conjugal dans ses dimensions de bonté mutuelle, de fidélité, de concordance des cœurs, de proximité.

La ferveur du désir amoureux s’y manifeste dans une forme purifiée, enrichie de mille délicatesses et beautés. L’amitié véritable rend capable de faire à l’autre une place importante dans notre propre vie. Elle pousse à vouloir pour l’autre tout ce qu’il y a de meilleur.

Cette forme d’amour conduit à de belles réussites car elle donne un sens nouveau à la vie, de nouvelles raisons de vivre et de vivre avec énergie, créativité et joie. Elle conduit à de nouvelles expériences d'ouverture à l’autre, dans le respect de sa liberté et de son épanouissement.

Benoît XVI a quelques belles phrases sur le sujet. Il note qu’il y a là « une véritable découverte de l’autre, dépassant donc le caractère égoïste qui dominait clairement auparavant. L’amour devient maintenant soin de l’autre et pour l’autre. Il ne se cherche plus lui-même – l’immersion dans l’ivresse du bonheur – il cherche au contraire le bien de l’être aimé. »

Selon l’Évangéliste saint Jean, Jésus va jusqu’à prendre ce mot pour dire la relation qui l’unit à ses proches, qui ont confiance en lui, qui écoutent sa parole et y trouvent de profonds motifs de vie, des lumières inestimables et même le sens ultime de tout. On y voit les amis de Jésus se faire proches de lui, l’écouter volontiers même si ses paroles sont difficiles à comprendre, dures mêmes parfois. Ils restent avec lui, ils l’accompagnent ou l’accueillent chez eux. Ils vont même jusqu’à le contester familièrement et avec franchise. Ils osent lui poser des questions qui les harcèlent. En somme, ils sont à cœur ouvert avec lui. Nous avons là de beaux exemples de cette forme d’amour si profondément humain et essentiel à l’épanouissement du cœur.

† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

mercredi 13 juin 2012

L’amour érotique

L’amour est une très forte énergie composée de multiples ingrédients aux dosages très divers. On y parle de toutes sortes de désirs, mais aussi de grandes tendresses et de dons extrêmes, jusqu’à la mort pour la personne aimée. Il faut en somme clarifier notre vocabulaire sur cette réalité qui est la source de tant de réalisations, d’engagements, mais aussi parfois des destructions dans nos vies et notre société.

Plusieurs ont été surpris de lire dans la première encyclique de Benoît XVI des commentaires sur l’amour érotique.  Il y écrit entre autres : « Les Grecs ont vu dans l’eros avant tout l’ivresse, le dépassement de la raison provenant d'une «folie divine» qui arrache l’homme à la finitude de son existence et qui, dans cet être bouleversé par une puissance divine, lui permet de faire l’expérience de la plus haute béatitude. […]Dans les religions, cette attitude s’est traduite sous la forme de cultes de la fertilité, auxquels appartient la prostitution «sacrée», qui fleurissait dans beaucoup de temples. L’eros était donc célébré comme force divine, comme communion avec le Divin ».

L’amour érotique est essentiellement un désir. Mais depuis Freud il a été identifié et restreint au désir sexuel. Cette restriction ne correspond pas à la tradition culturelle occidentale sur le sujet. Et le Pape conclut avec raison : Il «existe une certaine relation entre l’amour et le Divin: l’amour promet l’infini, l’éternité – une réalité plus grande et totalement autre que le quotidien de notre existence. Mais il est apparu en même temps que le chemin vers un tel but ne consiste pas simplement à se laisser dominer par l’instinct. Des purifications et des maturations sont nécessaires; elles passent aussi par la voie du renoncement. Ce n’est pas le refus de l’eros, ce n’est pas son «empoisonnement», mais sa guérison en vue de sa vraie grandeur ».

Ces simples remarques montrent bien qu’il vaut la peine de réfléchir à cette réalité de l’amour, si présente à nos vies, si essentielle, mais aussi tellement galvaudée. On y reviendra.

† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

dimanche 10 juin 2012

Quelques réflexions sur l’avenir de l’Église (2e partie)

Jésus, surtout dans l’Évangile de saint jean, nous apprend que le temps de Dieu n’est pas notre temps. Nous, nous avons toujours le temps, selon nos grés, nos caprices, nos angoisses. Dieu est patient, mais vient en son temps. Et alors ses pensées et ses projets s’exécutent sans retard. Certes, ce temps divin ne correspond pas toujours à nos impatiences et à nos désirs.  Marie l’a appris à Cana.  Jésus l’a rappelé aux membres de sa famille qui le poussaient à se faire de la publicité à Jérusalem durant une grande fête. Puis quand le temps de Dieu fut venu pour notre salut, le tout s’est déroulé en trois jours : crucifixions, mort et résurrection.

La Bible nous rappelé souvent la soudaineté de l’oeuvre de Dieu en son temps. Ces actions divines sont des surprises et des nouveautés essentielles à la marche de son peuple que nous sommes et de toute l’humanité. Les interventions de Dieu dans l’histoire ont souvent des formes inattendues, étonnantes, qui recréent tout en mieux, bien au-delà de tout ce qu’on peut imaginer et oser espérer. C’est encore le prophète Isaïe qui fut la voix de Dieu affirmant : « Je fais du neuf! Ne le voyez-vous pas! »  En somme, Dieu nous invite à voir clair, à écouter et à marcher dans ses  chemins dans la confiance et la paix.  J’en tire quelques principes, pour moi fondamentaux, formulées d’ailleurs dans nos Écritures :
« Remets ta vie au Seigneur, il la dirige bien »
« Décharge ton fardeau sur le Seigneur : il prend soin de toi »
«  À chaque jour suffit sa peine : demain pourvoira pour lui-même »
« Venez à moi, vous qui trouvez lourd de fardeau et je vous donnerai le repos »

En résumé, la Parole nous dit : « Restez avec paix, confiance et abandon dans la main de Dieu, dans la main de Jésus à qui Dieu le Père nous a confié et dans la mouvance de l’Esprit qui souffle où il veut ».

Dieu par le même Isaïe ajoute : « Ainsi parle le Seigneur : La pluie et la neige qui descendent des cieux n'y retournent pas sans avoir abreuvé la terre, sans l'avoir fécondée et l'avoir fait germer, pour donner la semence au semeur et le pain à celui qui mange ; ainsi ma parole, qui sort de ma bouche, ne me reviendra pas sans résultat, sans avoir fait ce que je veux, sans avoir accompli sa mission. »

La Parole de Dieu est vivante, active efficace : « Il dit et cela fut » (Gn 1). « Je veille à l'accomplissement de ma parole. » (Jr 1, 12) Notre Dieu est un Dieu qui parle pour se révéler et pour donner la vie et le bonheur à ses enfants. D'où l'importance du thème de l'écoute dans toute la Bible : si Dieu parle, et parle pour notre bonheur, il nous reste à l'écouter, car il respecte notre liberté. « Écoutez et vous vivrez » (Is 55, 3). Il n’y a pas de priorité plus grande pour nous, pour notre avenir que d’accueillir ce Dieu qui parle et nous communique son amour, sa paix, sa joie. C’est sur cette Parole qu’il faut bâtir, édifier un avenir.

Pour ce qui est de savoir ce que Dieu va faire avec ou sans notre collaboration d’ici l’an 2020, suivons ses traces, engageons-nous à sa suite et nous verrons. Selon la devise de notre évêque : « Chante et marche! »

† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

jeudi 7 juin 2012

Quelques réflexions sur l’avenir de l’Église (1er partie)

Il y a quelque temps, j’ai donné une conférence à un groupe de cursillistes du diocèse. La commande était ainsi formulée : Que seront notre Église et notre mouvement en l’an 2020. C’est une question complexe et difficile, car 2020, c’est à la fois très proche et très loin. Et puis nous savons par les Saintes Écritures que pour Dieu un jour est comme mille ans et mille ans comme un jour! Puisque nos jours et nos saisons sont ainsi entre les mains de Dieu, j’ai pensé nécessaire de poser quelques balises qui me semblent aptes à libérer nos cœurs dans cette recherche des plans de Dieu sur notre Église. J’en ai retenu quatre qui viennent de la Bible et donc que nous reconnaissons comme Paroles de Dieu toujours actuelles :
-les pensées de Dieu ne sont pas nos pensées
-les chemins de Dieu ne sont pas nos chemins
-le temps de Dieu n’est pas notre temps
-la Parole de Dieu est notre lumière et notre guide.

Un texte d’Isaïe est particulièrement éclairant pour moi (55, 6-11): « Vos pensées ne sont pas mes pensées, et mes voies (chemins) ne sont pas vos voies, oracle du Seigneur. Autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, autant sont élevées mes voies au-dessus de vos voies, et mes pensées au-dessus de vos pensées. »

Isaïe s'adressait à des gens complètement découragés. En Exil à Babylone, dans des conditions extrêmement dures, le peuple d'Israël était tenté de croire que Dieu l'avait abandonné. Et il en vint à se demander s'il était encore possible d'oser espérer la réconciliation avec le Dieu de l’alliance et la restauration par un retour à la terre promise. Voilà les pensées qui envahissent le peuple dans sa situation de petitesse, devant un avenir qui lui semble bouché.

Mais Dieu par le prophète réplique : à ce doute, ce soupçon, cette désespérance (toutes attitudes qui ressemblent aux nôtres), il faut résolument tourner le dos. Ce sont là des pensées méchantes, perverses. Elles nous trompent sur Dieu en nous portant à croire que Dieu pourrait ne plus être proche, qu’il nous a abandonnés.  Ce n'est pas parce que Dieu semble silencieux qu'il est absent ou lointain.  Pensées perverses! Vraiment les pensées de Dieu ne sont pas nos pensées.

Puis Dieu nous parle de ses chemins et des nôtres. Quels sont les chemins de Dieu? L’histoire du salut nous montre qu’ils sont vraiment bien déroutants! Chemin d’Abraham le nomade déraciné. Chemin à travers la mer et les flots, puis dans le désert  pendant 40 ans! Chemin de l’exil. Chemin de l’échec, du petit reste. Dieu fait avec des riens (ce qui n’est pas!) des merveilles!  Ce qu’il nous demande c’est de lui faire confiance dans l’humilité et la remise entre ses mains, de suivre Jésus et de marcher.

Quels sont souvent  nos chemins? Douter de Dieu, l'imaginer méchant, dur, vengeur, c'est prendre à l'envers un chemin à sens unique! C'est nous éloigner de lui de plus en plus en suivant le chemin de la peur, du découragement, de l’indifférence, de l’oubli, du divertissement. Nous prenons toutes sortes de chemins de traverse, nous errons ici et là, nous laissant balloter par tout ce qui passe.

(la suite et la fin de ce texte dans mon prochain blogue)

† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

dimanche 3 juin 2012

Les engagements de l’Église catholique dans les soins de santé

Du 21 au 26 mai 2012 se tenait la 65ème Assemblée mondiale de la santé. Mgr  Zimowski y est intervenu le 23 mai, en tant que chef de la délégation du Saint-Siège. Je retiens quelques-unes de ses affirmations.

« Avec plus de 120 000 institutions sociales et sanitaires de par le monde, l’Église catholique constitue, dans de nombreux pays économiquement faibles, un partenaire significatif de l’État dans la fourniture de services de santé. […] Elle opère aussi dans les régions isolées, en faveur des couches les plus pauvres de la population, mettant ainsi à leur disposition des prestations sanitaires qui, autrement, seraient hors de leur portée. »

En lisant cette description, me revient à la mémoire les institutions et services que l’Église catholique a bâtis au Québec et ailleurs au Canada depuis les années 1600 pour assurer aux populations d’ici des soins médicaux et sanitaires de toutes sortes. Cela peut nous sembler une histoire du passé. Mais si nous regardons attentivement ce qui se passe aujourd’hui, nous constatons que cette présence de l’Église, par ses fidèles de toutes conditions, dans les divers services communautaires (logement, itinérance, lutte contre la faim, recherche de plus de justice distributive, etc.) est toujours bien active ici, même si c’est moins visible au premier coup d’œil. J’en suis fier et je me sens reconnaissant envers toutes ces personnes qui dans l’humble quotidien donnent temps, services et argents pour libérer les plus appauvris de ces humiliantes conditions si défavorables à la santé humaine sous tous ses aspects.

Et on doit insister sur le fait que « dans le domaine de la santé, partie intégrante de l’existence de chacun et du bien commun, il est important d’instaurer une véritable justice distributive qui garantisse à tous, sur la base des besoins objectifs, des soins appropriés. »  De plus, est particulièrement opportun l’appel pressent à une participation sérieuse des pays mieux nantis, dont nous sommes, à un effort mondialisé en vue de promouvoir « des valeurs fondamentales comme l’équité, les droits humains et la justice sociale. […] Les pays économiquement plus développés devront faire plus pour destiner de plus grands quotas de leur produit interne brut pour l'aide au développement, en respectant les engagements qui ont été adoptés à ce sujet par la communauté internationale ». Suite à la crise actuelle, nous avons tendance à nous refermer sur nous-mêmes! L’appel à une mondialisation décidée de la solidarité dans ces domaines fondamentaux de la vie humaine est particulièrement pertinent et urgent ici même.

† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau