samedi 29 février 2020

Nécessité du discernement

Le pape François est très explicite sur la nécessité du discernement dans la marche des disciples de Jésus sur le chemin de la sanctification. Dans son texte sur la sainteté (par. 166), il écrit : « Comment savoir si une chose vient de l’Esprit Saint ou si elle a son origine dans l’esprit du monde ou dans l’esprit du diable ? Le seul moyen, c’est le discernement. »
 
Mgr Marcello Semeraro a présenté un long commentaire sur cette affirmation du pape. C’est de lui que je m’inspire dans les lignes qui suivent.
 
Tous les commandements de Dieu ont pour but de nous conduire à la sainteté. Mais comment puis-je savoir comment répondre, maintenant et ici, à cette volonté de Dieu? C’est en cela que consiste le discernement.
 
C’est cette connaissance de l’ici et du maintenant qui distingue le discernement du commandement. Le commandement indique la volonté de Dieu pour tous, toujours et partout. Il ne me dit cependant pas comment je peux arriver à cette rencontre avec Dieu dans ma situation actuelle. Le discernement est alors une sorte de « géoradar » qui m’indique où je peux mettre mes pieds, pour marcher concrètement et vraiment vers Dieu.
 
Comme l’enseignaient les Pères du désert, le discernement, c’est cet « œil intérieur » qui, petit à petit, me permet d’observer la réalité et de l’évaluer du point de vue de l’Esprit. Il est le gouvernail de la vie, « comme la mère, la gardienne et la modératrice de toutes les vertus. »
 
Ces quelques remarques peuvent suffire à nous convaincre de la nécessité du discernement dans nos vies chrétiennes. Il faudra dans les prochains textes réfléchir sur les moyens pour mettre en œuvre un tel gouvernail dans le chemin quotidien de la sanctification.
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau
(52e texte d’une série sur l’appel à la sainteté)

vendredi 21 février 2020

Ne pas s’endormir sur le chemin de la sainteté


Jésus nous interpelle en Lc 12, 35-37 : « Restez en tenue de service, votre ceinture autour des reins, et vos lampes allumées. Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces, pour lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera à la porte. Heureux ces serviteurs-là… » Et saint Paul (1Th 5, 5-6) y va de ce rappel : « Vous êtes tous des fils de la lumière, des fils du jour; nous n’appartenons pas à la nuit et aux ténèbres. Alors, ne restons pas endormis comme les autres, mais soyons vigilants et restons sobres. Ne nous endormons pas ».
 
Le pape, dans son texte sur la sainteté (par. 164-165), applique à nos vies ces appels évangéliques et apostoliques. « Ceux qui ont le sentiment qu’ils ne commettent pas de fautes graves contre la Loi de Dieu peuvent tomber dans une sorte d’étourdissement ou de torpeur. Comme ils ne trouvent rien de grave à se reprocher, ils ne perçoivent pas cette tiédeur qui peu à peu s’empare de leur vie spirituelle et ils finissent par se débiliter et se corrompre. »
 
Il définit la corruption spirituelle : « Un aveuglement confortable et autosuffisant où tout finit par sembler licite : la tromperie, la calomnie, l’égoïsme et d’autres formes subtiles d’autoréférentialité. »
 
Jésus (Lc 11,24-26) nous met en garde contre une telle glissade vers la corruption : « Quand l’esprit impur est sorti de l’homme, il parcourt des lieux arides en cherchant où se reposer. Et il ne trouve pas. Alors il se dit : “Je vais retourner dans ma maison, d’où je suis sorti.” En arrivant, il la trouve balayée et bien rangée. Alors il s’en va, et il prend d’autres esprits encore plus mauvais que lui, au nombre de sept; ils entrent et s’y installent. Ainsi, l’état de cet homme-là est pire à la fin qu’au début. »
 
Suis-je sur cette glissade vers l’engourdissement et la corruption spirituelle, suite de mes négligences de toutes sortes?
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau
(51e texte d’une série sur l’appel à la sainteté)