Dans
son exhortation apostolique sur La joie de l’Évangile, le pape François nous offre une sélection de textes
bibliques sur la joie. Je me limite à reproduire ce florilège. Pour situer les
textes dans leur contexte, on peut aller à notre Bible personnelle, ou
consulter la traduction liturgique, ou encore toute autre traduction dont
on trouve les principales sur le site ici indiqué.
« Les livres de l’Ancien Testament avaient annoncé la joie du salut, qui
serait devenue surabondante dans les temps messianiques. Le prophète Isaïe
s’adresse au Messie attendu en le saluant avec joie : “Tu as multiplié la
nation, tu as fait croître sa joie” (9, 2). Et il encourage les
habitants de Sion à l’accueillir parmi les chants : “Pousse des cris de
joie, des clameurs” (12, 6). Qui l’a déjà vu à l’horizon, le
prophète l’invite à se convertir en messager pour les autres : “Monte sur
une haute montagne, messagère de Sion; élève et force la voix, messagère de
Jérusalem” (40, 9). Toute la création participe à cette joie du
salut : “Cieux criez de joie, terre, exulte, que les montagnes poussent
des cris, car le Seigneur a consolé son peuple, il prend en pitié ses affligés”
(49, 13).
« Voyant le jour du Seigneur, Zacharie invite à acclamer le Roi qui arrive, ‘humble,
monté sur un âne’ : ‘Exulte avec force, fille de Sion ! Crie de joie,
fille de Jérusalem ! Voici que ton roi vient à toi : il est juste et
victorieux’ (Za 9, 9). Cependant, l’invitation la plus contagieuse est
peut-être celle du prophète Sophonie, qui nous montre Dieu lui-même comme un
centre lumineux de fête et de joie qui veut communiquer à son peuple ce cri
salvifique. Relire ce texte me remplit de vie : ‘Le Seigneur ton Dieu est
au milieu de toi, héros sauveur ! Il exultera pour toi de joie, il tressaillira
dans son amour; il dansera pour toi avec des cris de joie’ (3, 17). ‘C’est
la joie qui se vit dans les petites choses de l’existence quotidienne, comme
réponse à l’invitation affectueuse de Dieu notre Père : ‘Mon fils, dans la
mesure où tu le peux, traite-toi bien […] Ne te prive pas du bonheur d’un jour’
(Si 14, 11.14). Que de tendresse paternelle s’entrevoit derrière ces
paroles !
« L’Évangile, où resplendit glorieuse la Croix du Christ, invite avec
insistance à la joie. Quelques exemples suffisent : ‘Réjouis-toi’ est le
salut de l’ange à Marie (Lc 1, 28). La visite de Marie à Élisabeth fait
en sorte que Jean tressaille de joie dans le sein de sa mère (cf. Lc 1,
41). Dans son cantique, Marie proclame : ‘Mon esprit tressaille de joie en
Dieu mon Sauveur’ (Lc 1, 47). Quand Jésus commence son ministère, Jean
s’exclame : ‘Telle est ma joie, et elle est complète’ (Jn 3, 29). Jésus
lui-même ‘tressaillit de joie sous l’action de l’Esprit-Saint’ (Lc 10,
21). Son message est source de joie : ‘Je vous dis cela pour que ma joie
soit en vous et que votre joie soit complète’ (Jn 15, 11). Notre joie
chrétienne jaillit de la source de son cœur débordant. Il promet aux disciples :
‘Vous serez tristes, mais votre tristesse se changera en joie’ (Jn 16,
20). Et il insiste : ‘Je vous verrai de nouveau et votre cœur sera dans la
joie, et votre joie, nul ne vous l’enlèvera (Jn 16, 22). Par la suite,
les disciples, le voyant ressuscité ‘furent remplis de joie’ (Jn 20,
20). Le Livre des Actes des Apôtres raconte que dans la première communauté ils
prenaient ‘leur nourriture avec allégresse’ (Ac 2, 46). Là où les
disciples passaient ‘la joie fut vive’ (8, 8), et eux, dans les persécutions ‘étaient
remplis de joie’ (13, 52). Un eunuque, qui venait d’être baptisé, poursuivit
son chemin tout joyeux’ (8, 39), et le gardien de prison ‘se réjouit avec tous
les siens d’avoir cru en Dieu’ (16, 34). Pourquoi ne pas entrer nous aussi dans
ce fleuve de joie? » (Par. 4-5)
Voilà un filon à creuser. Ou pour
prendre une autre image : voilà une abondante nourriture à manger puis à ruminer
pour qu’elle devienne notre chair, notre cœur, notre vie.
Mais est-ce que je suis prêt à y
mettre du temps? Un temps disponible à l’Autre? Un temps silencieux?
Puis seul l’Esprit-Saint peut me
faire goûter la saveur de ces textes et me les faire assimiler. Est-ce que je
le prie régulièrement, Lui demandant cette intelligence du cœur qui me fera
recevoir la joie qui m’est ainsi offerte?
(4e
texte d’une série sur la joie)
† Roger
ÉbacherÉvêque émérite de Gatineau