Dans son message pour le carême 2014, le
pape distingue la misère de la pauvreté. « La misère est la
pauvreté sans confiance, sans solidarité, sans espérance. » Puis il décrit
trois formes de misère.
« La misère matérielle est celle qui
est appelée communément pauvreté et qui frappe tous ceux qui vivent dans une
situation contraire à la dignité de la personne humaine : ceux qui sont
privés des droits fondamentaux et des biens de première nécessité comme la
nourriture, l’eau et les conditions d’hygiène, le travail, la possibilité de se
développer et de croître culturellement. » Les chrétiens voient dans ces
laissés-pour-compte « le visage du Christ; en aimant et en aidant les
pauvres nous aimons et nous servons le Christ. » Il importe d’en avoir soin,
mais aussi de faire en sorte que cessent ces atteintes à la dignité humaine,
par une distribution équitable des richesses. « Il est nécessaire que les
consciences se convertissent à la justice, à l’égalité, à la sobriété et au
partage. »
La misère morale « consiste à se rendre
esclave du vice et du péché. Combien de familles sont dans l’angoisse parce que
quelques-uns de leurs membres – souvent des jeunes – sont dépendants de
l’alcool, de la drogue, du jeu, de la pornographie! Combien de personnes ont
perdu le sens de la vie, sont sans perspectives pour l’avenir et ont perdu
toute espérance! Et combien de personnes sont obligées de vivre dans cette
misère à cause de conditions sociales injustes, du manque de travail qui les
prive de la dignité de ramener le pain à la maison, de l’absence d’égalité dans
les droits à l’éducation et à la santé. Dans ces cas, la misère morale peut
bien s’appeler début de suicide. »
La misère spirituelle nous frappe
« lorsque nous nous éloignons de Dieu et refusons son amour. » Nous
pensons alors nous suffire à nous-mêmes, mais nous nous engageons sur la voie
de l’échec. « Seul Dieu nous sauve et nous libère vraiment. »
L’Évangile, message de miséricorde et d’espérance,
est l'antidote véritable contre cette misère spirituelle et aussi remède dans
la misère morale. « Il est beau
d’expérimenter la joie de répandre cette bonne nouvelle, de partager ce trésor
qui nous a été confié pour consoler les cœurs brisés et donner l’espérance à
tant de frères et de sœurs qui sont entourés de ténèbres. Il s’agit de suivre
et d’imiter Jésus qui est allé vers les pauvres et les pécheurs comme le berger
est allé à la recherche de la brebis perdue, et il y est allé avec tout son
amour. Unis à Lui, nous pouvons ouvrir courageusement de nouveaux chemins
d’évangélisation et de promotion humaine. »
Bon carême!
† Roger ÉbacherÉvêque émérite de Gatineau