samedi 29 novembre 2014

Jésus tabernacle divin dans notre histoire

Pour les disciples de Jésus, l'histoire du tabernacle ne s’arrête pas à ces catastrophes qui ont détruit la tente de rencontre d’Israël. Le plan de Dieu a voulu que ce tabernacle, lieu de rencontre de Dieu et de son Peuple au désert, soit comme la préfiguration d’un autre tabernacle. C’est l’évangéliste Jean qui nous le révèle. « Le Verbe s'est fait chair et il a piqué sa tente au cœur de notre camp. » (Jean 1,14) Croyants et croyantes, nous sommes des nomades, et Dieu a voulu que son Fils, Jésus, devienne le véritable tabernacle dont le tabernacle ancien était l’image, la préfiguration. Le Dieu invisible, que personne n’a jamais vu, se rend visible à nos yeux en son Fils Jésus. Dieu vient ainsi partager notre vie, se faire tout proche et nous donner accès à Lui. Caché sous l’humilité d’une chair humaine, comme il le fut dans l’obscurité de la tente de la rencontre, Dieu est avec nous pour toujours, lui le Dieu de la tendresse, de la fidélité, de la gratuité, de l’amour miséricordieux.
 
Mort et ressuscité, Jésus est disparu de nos yeux. Mais il a voulu demeurer avec nous, voilé, mais visible par la foi, dans le mystère de l’Eucharistie. La célébration de la messe est le grand moment de la rencontre du Dieu fait l’un de nous et chacun de nous en communauté. Là, il se donne en nourriture et en boisson, dans le sacrement de l’alliance nouvelle et éternelle. Il vient ainsi, dans nos tabernacles, demeurer au cœur de son Peuple, comme autrefois dans le désert avec les nomades désirant ardemment le but de leur marche périlleuse. Il nous y donne rendez-vous, nous convoque à le rencontrer dans la pénombre de nos tabernacles de bois, de bronze ou d’or! Comme autrefois dans le désert, il parle à nos cœurs et guide nos pas jusqu’à la terre promise de paix et de joie éternelles. Quel mystère!
(3e texte d’une série sur les tabernacles)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

dimanche 23 novembre 2014

La tente de rendez-vous

L’Ancien Testament nous fait connaître l’existence d’un tabernacle qui a joué un très grand rôle dans les pérégrinations du peuple d’Israël Appelé aussi la tente de réunion, ou de rencontre, ou encore de rendez-vous, c’était le lieu essentiel des rencontres entre Dieu et son Peuple durant ses marches au désert, jusqu’à la terre promise. Encore nommé « la demeure de Dieu », le Tout-Autre invisible s’y faisait le Tout-Proche, présent dans la nuée à la fois lumineuse et obscure. De là, par l’intermédiaire de Moïse, il guidait les Hébreux à travers les périls de leur pauvre vie nomade pour les conduire jusqu’à la Terre promise.
 
Le Dieu que personne ne peut voir sans mourir et qui demeure au ciel se rendait, là dans ce tabernacle situé au cœur du camp et mobile comme lui, présent aux vicissitudes de son Peuple en restant à la fois tout proche et caché dans la nuée qui couvre la tente. En somme, ce tabernacle mobile était le lieu essentiel de la rencontre de Dieu avec son Peuple. Il était reconnu comme particulièrement saint, sanctifié par cette présence mystérieuse, cachée, mais agissante, qui dirigeait toute l’histoire du Peuple et par lui le destin à venir de l’humanité.
 
La raison d’être pratique de ce tabernacle était d’abriter l’arche d’alliance appelée aussi l’arche du Témoignage. C’est là qu’étaient gardées très précieusement les tables que Moïse reçut de Dieu sur le mont Sinaï après que le Très-Haut y eut gravé les clauses de l’alliance entre Lui et le Peuple. En somme, l’arche de l’alliance et son contenu sont, dans le tabernacle, le signe visible du Dieu invisible. C’est le « Saint des Saints » qui à la fois manifestera et cachera la présence Dieu à son Peuple jusqu’à ce que le tabernacle soit remplacé par le temple. Mais ce dernier avec tout son contenu sera détruit par les grandes guerres qui ont dispersé le Peuple dans le monde.
(2e texte d’une série sur les tabernacles)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

vendredi 14 novembre 2014

Nos tabernacles

Un photographe en train de préparer une exposition de photos de divers tabernacles des paroisses environnantes m’a un jour demandé un texte pour accompagner sa présentation. Il s’agit de Monsieur Richard Perron, dont vous pouvez examiner le site Internet très riche. C’est cet écrit que je vous présente en quelques épisodes.
 
On raconte que Moïse, guidé par une foi capable de voir les œuvres cachées de Dieu dans l’obscurité de l’histoire, accomplit la libération de son peuple. Il a su percevoir « l’Invisible dans la matière ». C’est le chemin que sont appelés à suivre tous les croyants et croyantes. Depuis que le Dieu éternel et invisible s’est rendu visible à nos yeux lors de l’Incarnation de son Fils Unique dans notre chair, ce passage par les images et les symboles s’offre à qui veut apprivoiser le mystère des réalités invisibles qui œuvrent en toute vie humaine.
 

Les tabernacles font partie de ces canaux par où on pénètre la matière pour y contempler l’indicible mystère. Qu'ils meublent nos cathédrales, nos humbles églises de campagne ou encore ces chapelles rencontrées ici et là, les tabernacles sont de petites armoires destinées à conserver les ciboires contenant des hosties consacrées durant la messe. On y garde précieusement et sous clé ce qui symbolise et rend présent le « grand mystère de la foi » que l’assemblée chante après la consécration du pain et du vin.
 
Afin de stimuler ce passage incessant du visible à l’Invisible, les tabernacles sont souvent des œuvres d’art. Même les plus humbles sont décorés de symboles qui cherchent à évoquer le mystère qui se cache là, dans l’obscurité, et qui attire, questionne, rayonne. Mais comment ne pas nous demander : « Que voient donc là celles et ceux qui s’y tiennent, parfois même longuement et en silence, et que plusieurs d’entre nous ne trouvent pas? »
(1er texte d’une série sur les tabernacles)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

dimanche 9 novembre 2014

Prière du pape François à Marie

Le pape termine son grand texte intitulé La joie de l’Évangile en demandant à Marie  «que, par sa prière maternelle, elle nous aide pour que l’Église devienne une maison pour beaucoup, une mère pour tous les peuples, et rende possible la naissance d’un monde nouveau. »
 
Je transcris tout simplement cette prière. Puisse-t-elle nous inspirer pour qu’à notre tour nous osions nous adresser à la mère de Jésus, la reconnaissant comme notre mère et celle capable de faire de nous des personnes engagées au service de l’Évangile!
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau
 
Vierge et Mère Marie,
toi qui, mue par l’Esprit,
as accueilli le Verbe de la vie
dans la profondeur de ta foi humble,
totalement abandonnée à l’Éternel,
aide-nous à dire notre “oui”
dans l’urgence, plus que jamais pressante,
de faire retentir la Bonne Nouvelle de Jésus.

 
Toi, remplie de la présence du Christ,
tu as porté la joie à Jean-Baptiste,
le faisant exulter dans le sein de sa mère.
Toi, tressaillant de joie,
tu as chanté les merveilles du Seigneur.
Toi, qui es restée ferme près de la Croix
avec une foi inébranlable
et a reçu la joyeuse consolation de la résurrection,
tu as réuni les disciples dans l’attente de l’Esprit
afin que naisse l’Église évangélisatrice.

 
Obtiens-nous maintenant une nouvelle ardeur de ressuscités
pour porter à tous l’Évangile de la vie
qui triomphe de la mort.
Donne-nous la sainte audace de chercher de nouvelles voies
pour que parvienne à tous
le don de la beauté qui ne se ternit pas.

 
Toi, Vierge de l’écoute et de la contemplation,
mère du bel amour, épouse des noces éternelles,
intercède pour l’Église, dont tu es l’icône très pure,
afin qu’elle ne s’enferme jamais et jamais se s’arrête
dans sa passion pour instaurer le Royaume.

 
Étoile de la nouvelle évangélisation,
aide-nous à rayonner par le témoignage de la communion,
du service, de la foi ardente et généreuse,
de la justice et de l’amour pour les pauvres,
pour que la joie de l’Évangile
parvienne jusqu’aux confins de la terre
et qu’aucune périphérie ne soit privée de sa lumière.

 
Mère de l’Évangile vivant,
source de joie pour les petits,
prie pour nous.
Amen. Alléluia!

mercredi 5 novembre 2014

Marie, Mère de l’Évangélisation

« Avec l’Esprit Saint, il y a toujours Marie au milieu du peuple. Elle était avec les disciples pour l’invoquer (cf. Ac 1,14), et elle a ainsi rendu possible l’explosion missionnaire advenue à la Pentecôte. Elle est la Mère de l’Église évangélisatrice et sans elle nous n’arrivons pas à comprendre pleinement l’esprit de la nouvelle évangélisation. »
 
Nous sommes à la fin de l’intense Exhortation du pape François  La joie de l’Évangile (par. 284ss). Et c’est en ces mots qu’il commence son hommage filial à Marie. Il la reconnaît comme le don de Dieu à son Peuple, réalisé par Jésus sur la croix, quand il dit à Marie : «Femme, voici ton fils », puis qu’il dit à l’ami bien-aimé : « Voici ta mère » (Jn 19, 26-27).  Jésus nous a laissé sa mère comme notre mère. « Il nous conduit à elle, car il ne veut pas que nous marchions sans une mère. »
 
« Marie est celle qui sait transformer une grotte pour des animaux en maison de Jésus, avec de pauvres langes et une montagne de tendresse. Elle est la petite servante du Père qui tressaille de joie dans la louange. Elle est l’amie toujours attentive pour que le vin ne manque pas dans notre vie. Elle est celle dont le cœur est transpercé par la lance, qui comprend toutes les peines. Comme mère de tous, elle est signe d’espérance pour les peuples qui souffrent les douleurs de l’enfantement jusqu’à ce que naisse la justice. Elle est la missionnaire qui se fait proche de nous pour nous accompagner dans la vie, ouvrant nos cœurs à la foi avec affection maternelle. Comme une vraie mère, elle marche avec nous, lutte avec nous, et répand sans cesse la proximité de l’amour de Dieu. »
 
Marie est l’Étoile de la nouvelle évangélisation. Nous fixons notre regard sur elle, pour qu’elle nous aide à annoncer à tous le message de salut. « Il y a un style marial dans l’activité évangélisatrice de l’Église. Car, chaque fois que nous regardons Marie nous voulons croire en la force révolutionnaire de la tendresse et de l’affection. En elle, nous voyons que l’humilité et la tendresse ne sont pas les vertus des faibles, mais des forts, qui n’ont pas besoin de maltraiter les autres pour se sentir importants. » Elle met de la chaleur maternelle dans notre quête de justice. « Cette dynamique de justice et de tendresse, de contemplation et de marche vers les autres, est ce qui fait d’elle un modèle ecclésial pour l’évangélisation. »
 
Quelle est la place de Marie dans ma vie de baptisé et d’engagé dans l’Église et pour un monde plus juste et plus fraternel?
(47e texte d’une série sur la joie)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau