lundi 25 juillet 2011

Sainte Anne

À chaque année le 26 juillet, de grandes célébrations sont vécues dans les nombreux sanctuaires canadiens dédiés à sainte Anne. C’est particulièrement vrai à la basilique Ste-Anne-de-Beaupré. Cette journée de pèlerinage, précédée par une neuvaine de prières, d’écoute de la Parole, de rencontres de toutes sortes, marque un moment important pour beaucoup de familles québécoises, mais aussi de personnes de tous âges en provenance d’ailleurs au Canada et des États-Unis.

Ce sanctuaire un lieu annuel de rassemblement des autochtones de l’Est du pays. Car dans ces nations, une grande dévotion est développée envers les grands-parents, particulièrement les grand-mères. Et c’est une très longue tradition pour diverses nations de se donner rendez-vous en cette fête de sainte Anne.

Sainte Anne est une grande figure de nos dévotions populaires, et cela depuis les débuts de la colonie française. Cette dévotion fut apportée chez nous par les marins bretons. Comme pour eux à cette époque, elle est aussi pour nous le symbole de la protection bienveillante de sainte Anne sur les familles. Elle est invoquée comme celle qui prie pour ses enfants et ses petits-enfants. Elle a sûrement un grand pouvoir d’intercession sur le cœur de son petit-fils Jésus.

Je suis de plus en plus frappé par le lien qui semble se développer entre la génération des grands-parents et celle des petits-enfants dans nos familles. Je trouve cela très beau et stimulant. On retrouve ainsi un certain enracinement spirituel et communautaire que le style de vie d’aujourd'hui menace sans cesse d’effritement. Nos ancêtres restent pour nous des liens avec la vie, qui a ses racines dans une très longue histoire. Il est bon d’essayer ainsi de garder une certaine mémoire de la sagesse qui a façonné les générations qui nous ont précédés.

Et leur vie reste un exemple de la puissance de la foi confiante en Dieu. C’est ce que nos ancêtres bretons affirmaient en se vouant à la protection de sainte Anne lors de leurs dangereuses randonnées en mer. Et c’est ce que la jeune génération semble en train, jusqu’à un certain point et avec bien des nuances, de recueillir en passant par la foi des grands-parents.

† Roger Ébacher
Évêque de Gatineau

Compostelle

Depuis quelques temps, on entend de plus en plus parler des chemins vers Compostelle, ce lieu de pèlerinage qui redevient très populaire, comme il le fut à diverses époques depuis le moyen-âge.

À  chaque année, je suis invité à distribuer à une quarantaine de marcheuses et marcheurs les documents officiels attestant qu’ils sont des pèlerins, dûment soutenus par leur comité régional. Je trouve ces célébrations très dynamiques. Dans le cadre d’une messe dominicale en paroisse, on prie pour les personnes qui osent cette aventure. Puis au cours d’un repas, où se fait la remise des documents, on écoute les aventures des uns et des autres au hasard des rencontres de table.

Beaucoup en sont au deuxième ou même au troisième voyage. Et ils témoignent en avoir tiré bien des lumières sur le sens de leur recherche, une relance de leurs aspirations les plus profondes, etc. Ces témoignages montrent une très grande variété d’expériences vécues au cours de ces marches.

C’est là un phénomène étonnant en ce temps où nous sommes gavés en Occident de toutes les sécurités, commodités et tranquillités. Pourquoi tant de gens se lancent-ils dans cette aventure qui en est une aux mille insécurités et aléas? Quelques recherches sur le WEB vous permettront de trouver des réponses (voir par exemple Wikipedia, mais on y trouve aussi bien d’autres sites). Et encore mieux, écoutez les personnes qui ont vécu l’aventure. C’est émouvant.

En ce 26 juillet, fête liturgique de saint Jacques l’Apôtre martyr, des milliers de marcheuses et marcheurs arriveront à la grande basilique pour vénérer la relique, se ressourcer, se reposer tout simplement. Notre monde si affairé a un très grand besoin d’arrêts. Notre vie si tentée par le matérialisme a besoin d’un surcroit de spiritualité que nous en trouvons pas dans tous les gadgets prétendant assouvir nos soifs et nos faims spirituelles ou religieuses intimes.

† Roger Ébacher
Évêque de Gatineau

jeudi 21 juillet 2011

Des frontières et des murs

De la navette spatiale, la terre apparaît sans frontières ni murs. Tout semble pacifique et harmonieux.  Pourtant, l’histoire nous dit et le présent nous fait expérimenter que les frontières se multiplient parmi nous.

Certes, nous parlons de mondialisation. Pourtant, depuis quelques années les peurs s’exacerbent, les séparations se durcissent, des murs se construisent alors que depuis 1989, on croyait cette ère des murailles finie.  Est-ce qu’il existe des signes de changements et d’espoir dans ce domaine?

Les jeunes générations voyagent comme jamais auparavant à travers notre monde. Beaucoup veulent enrichir leurs relations avec les autres cultures, si variées et riches, de notre humanité. Et les nouveaux médias permettent bien des contacts. Des réseaux nouveaux de toutes sortes, dépassant les frontières et les murs, se tissent.

Mais les frontières ne sont-elles d’abord en nous-mêmes, dans nos cœurs, dans nos mentalités. C’est là qu’il importe d’abord de guérir de la peur de l’autre et de tant d’autres maux internes qui sont autant de maladies à nos relations humaines.

Ca peut vouloir dire quoi pour moi? Quelles sont les motivations qui peuvent me conduire à changer des sensibilités en moi? J'aime aller me ressourcer dans l'exemple de Jésus qui me montre comment il a dépassé la peur de l'étranger, du marginalisé, du rejeté.J'aime aussi regarder François d'Assise, ce petit frère universel. Ces témoins me motivent à peu à peu ouvrir les frontières et les barrières de mon coeur.

† Roger Ébacher
Évêque de Gatineau

jeudi 14 juillet 2011

Un ami

J’ai lu récemment un commentaire sur l’amitié qui m’a fait réfléchir. Il est d’Élie Wiesel (dans Mémoires 1, « Tous les fleuves vont à la mer », Seuil, p.62). Ses multiples souffrances et expériences donnent un poids particulier à ses remarques.

«Sans amis, la vie manque de chaleur, de sève, de soleil. Plus que l’amour lui-même, l’amitié compte dans la vie d’un homme. Elle est plus stable que l’amour. Plus désintéressée aussi. Il arrive que l’on tue par amour, mais pas par amitié. Caïn tua Abel parce qu’Abel n’était que son frère, alors qu’il aurait dû être aussi son ami. David rayonne dans l’histoire non seulement grâce à ses conquêtes territoriales, mais aussi en raison de l’amitié vraie et indestructible qui le liait à Jonathan : un homme capable d’une telle amitié ne pouvait être qu’exceptionnel. »

Ca me rappelle que les psaumes bibliques prennent souvent la perte d’un ami comme l’exemple du plus grand malheur qui puisse nous arriver. Mais je me souviens surtout de Jésus qui a dit aux siens la veille de sa mort : « Nul n'a plus grand amour que celui-ci: donner sa vie pour ses amis. Vous êtes mes amis, si vous faites ce que je vous commande. Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître; mais je vous appelle amis, parce que tout ce que j'ai entendu de mon Père, je vous l'ai fait connaître. » (Jean 15, 13-15).

Quelle bouleversante révélation que d’entendre d’une bouche humaine : « Tu es mon ami ! » Et alors quand c'est Jésus qui nous murmure ce secret au fond du coeur!

† Roger Ébacher
Évêque de Gatineau

mardi 12 juillet 2011

De retour de vacances


Rien de nouveau sur mon bloque depuis quelques semaines! J’étais en vacances à Amos, le lieu de mon enfance.
Ca fait du bien de s'y retrouver parfois. J’y tenais d’autant plus cette année que mon frère aîné est mort récemment. Je n’ai pas pu participer aux funérailles à cause d’engagements pastoraux à Gatineau. Mais voilà que l’été m’a permis de refaire le contact avec les miens.
Il est important de partager le deuil et la souffrance des nôtres. Il peut y avoir tellement de solitude dans notre monde! Quand on peut changer cela un peu, il est bon de le faire.
Et puis, retourner à sa source, ca fait du bien non seulement au corps, mais aussi au psychique et à l’âme. C’est un temps de mémoire.
C’est Élie Wiesel qui écrit (dans : « Tous les fleuves vont à la mer », mémoires 1, Seuil, 185) : « « Que serait l'homme sans sa capacité de se souvenir? Il existe une passion du souvenir qui n’est pas moins puissante ni moins envahissante que l’amour. Se souvenir, c’est quoi? C’est vivre dans plus d’un monde, empêcher le passé de s’éteindre, appeler l’avenir pour l'illuminer. C’est faire revivre des fragments d’existence, sauver des êtres disparus, éclairer visages et événements d’une lumière blanche et noire, c’est faire reculer le sable qui recouvre la face des choses, combattre l’oubli, rejeter la Mort. »
Un temps de vacances nous redit à nous-mêmes notre goût de vivre.
† Roger Ébacher
Évêque de Gatineau