dimanche 23 juin 2013

Un peu de vacances

Déjà, l’hiver est un lointain souvenir. Le printemps est venu subitement réveiller la nature. Les rivières, ruisseaux et sources se mettent à gazouiller ou à hurler leur joie en d’immenses cascades. La sève a ravigoté les arbres qui ont coloré de nouveau nos campagnes, montagnes et parterres. Les  oiseaux ont construit leurs nids en chantant à plein bec. Puis sont venus les petits. La vie continue.

Les plantes se sont épanouies en feuilles et en fleurs. Les papillons monarques reviennent courageusement et fidèlement du Sud, décorant de leurs magnifiques ailes nos jardins. Les abeilles déjà butinent pour préparer le prochain hiver.

Les labours de l’automne ont perdu leur belle robe toute blanche et se rendent disponibles pour de nouvelles moissons. C’est le temps des semailles, des mises en terre de projets, de mises en marche des inventions et créations du génie humain. Les graines sont jetées en terre dans un grand geste de confiance, d’espérance et de générosité. Les semeurs, qu’ils ensemencent un jardin, une usine, une école, osent croire en l’avenir.

Mais en fait, nous sommes au début de l’été. C’est le temps d’un peu de repos, après tout ce labeur pour confier à la famille, à la société, à nos frères et sœurs des pays lointains les semailles de notre travail, de notre industrie, de nos inventions. Il est temps de nous reposer un peu.

Et c’est ce qui explique l’arrêt de mon blogue pour plusieurs semaines. Le jeune père de famille plein de talents et de générosité sans qui ces textes ne seraient pas en ligne a lui aussi droit à un bon repos avec sa famille. L’été est le temps des retrouvailles, du ressourcement, des appels à l’ailleurs et au voyage.

C’est donc mon dernier texte pour plusieurs semaines. Je vous souhaite des moments d’amitié, de rencontres, de contemplation admirative dans le silence et la beauté.

† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

vendredi 21 juin 2013

L’Église en marche et le rôle de Marie

Nous sommes un Peuple en marche, en solidarité avec l'humanité et le cosmos. Notre destinée est un ciel nouveau et une terre nouvelle.

Certains y sont déjà rendus : c’est « l’Église triomphante ».D’autres sont dans une étape de purification : c’est « l’Église souffrante ». Et nous encore en chemin, nous formons  « l’Église militante ».

La Vierge Marie nous a précédés sur ce chemin vers ce bonheur qui répondra à nos aspirations les plus intimes.  Nous ne rendons un culte d’adoration qu’à Dieu seul, Père, Fils et Esprit. Mais il est juste de rendre un culte d’hommage et d’intercession aux saintes et aux saints, et en particulier à Marie.

Vous désirez approfondir ces enseignements de Vatican II? Allez au lien.  Je vous y attends.

† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

mercredi 19 juin 2013

Deux regards sur notre monde

Le regard émerveillé
Un courant profond de la Bible est alimenté par un regard optimiste : celui de la confiance et d’élan et de joie. Notre monde est créé par Dieu parce qu’il le veut et l’aime. La bénédiction originelle nous rejoint dans nos racines les plus intimes.

Le texte de la Genèse ne cesse de répéter à chaque étape de la création : « Dieu vit que cela était bon ». Et à la fin de tout cet ouvrage, Dieu est enthousiaste : « Dieu vit tout ce qu'il avait fait : cela était très bon. » (Genèse 1).Quant au second récit de création (Genèse 2), il est plein de vitalité, d‘exubérance, de poésie. On sent bien que Dieu est très content de son œuvre.

Le regard angoissé
L’autre courant profond qui habite toutes les Écritures est un regard pessimiste. Il note toujours le péché et tous les péchés. Et cela depuis Caïn et Abel, puis Ésaü et Jacob, frères qui s’entretuent. Ils sont comme les types, les résumés de notre histoire humaine.

Un regard d’espérance
Mais Dieu ne cesse pas de promettre ses bénédictions à notre humanité et à notre terre. Cette espérance ne concerne pas seulement la vie éternelle après la mort, mais aussi l’amélioration de la vie sur terre. Aussi, un engagement social fait dans la foi est un geste d’espérance. Et ceux qui s’opposent à la justice blessent Dieu parce qu’ils l’empêchent de réaliser une humanité comme il la veut : juste et fraternelle, une humanité selon son cœur.

Ces deux regards sont légitimes et vrais. Mais ces deux lectures de notre histoire quotidienne doivent trouver leur harmonie et leur équilibre. Elles ne se nouent que sur la croix de Jésus. Les récits de l’histoire sainte nous disent la fidélité de Dieu à son œuvre. Et c’est sur la croix que se révèle l’extrême de sa tendresse, de sa miséricorde. Il faut souvent demander à l’Esprit d’attirer les regards de notre cœur vers la croix de Jésus et son cœur transpercé, réponse à l’énigme de notre histoire et espérance indéfectible sur les routes de notre pèlerinage terrestre.

†Roger Ébacher
Archevêque de Gatineau

dimanche 16 juin 2013

L’appel à la sainteté et la vocation à la vie religieuse

Lors d’interpellations que j’ai faites à des personnes engagées dans l’Église, j’ai souvent entendu l’objection : « Mais moi je ne suis pas un saint! » N’a-t-on pas le sentiment que la sainteté, ça ne concerne que des personnages extraordinaires, qui ont vécu des situations les conduisant au martyre, ou encore qui ont affronté de très durs combats contre les forces du mal sous des formes terribles?

Pourtant, le concile Vatican II nous a enseigné que nous sommes tous, par notre baptême, appelés à la sainteté et équipés pour y parvenir. Et cela par divers chemins, selon les diverses vocations, tellement nombreuses et complémentaires dans l’Église. 

La vie selon l'Évangile n’est pas réservée aux personnes qui consacrent leur destinée à Dieu par divers vœux religieux : pauvreté, chasteté et obéissance. La sainteté nous concerne tous. Pour le comprendre un peu mieux, je vous invite à lire avec moi un chapitre de Vatican II qui pourra vous étonner, vous déranger, vous inspirer. Allez au  lien suivant.

† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

vendredi 14 juin 2013

Les Écritures et la bonté de Dieu

À la suite du concile Vatican II et du document postsynodal sur la Parole, l’Église catholique affirme avec une conviction renouvelée qu’il est nécessaire de lire et d’approfondir les Paroles de l’Écriture. Dans la liturgie de chaque dimanche, nous trouvons plusieurs textes bibliques, aussi bien de l’Ancien que du Nouveau Testament. Dans les mouvements apostoliques et dans des paroisses, on indique des lieux et des temps pour entendre ensemble la Parole, l’écouter dans la prière et échanger sur ce qu’on en comprend pour en vivre.

Pourquoi est-ce si important? On y apprend à connaître Dieu, les secrets de son cœur, ses projets, sa miséricorde et sa bonté. C’est dans les Écritures que nous discernons les attraits de Dieu pour nous, ses sentiments envers nous, son souci devant nos blessures, son plaisir d’être reconnu comme notre Père du Ciel. On y reçoit aussi des orientations de sagesse et de discernement pour notre vie personnelle, communautaire et sociale.

C’est à travers les Évangiles et les lettres des apôtres qu’on apprend le sens toujours actuel et vibrant pour nous de la naissance de Jésus, de ses gestes de guérison, de ses enseignements, du rassemblement initiale dans les Douze Apôtres, de sa mort sur la croix de sa résurrection. « Voici manifestées la bonté et l’humanité de Dieu notre Sauveur », disait déjà l’Apôtre à Tite et par lui à toute la communauté; et aujourd’hui à nous  dans la liturgie de Noël (2, 11 et 3,4). Jésus a vécu tout cela « pour nous », affirme notre Credo.

Mais c’est dans la lumière de l’Ancien Testament qu’on parvient à goûter les richesses cachées en Jésus. Car sa vie, sa mort et sa résurrection accomplissent les prophéties qui ont longuement préparé le Peuple de Dieu à cette œuvre merveilleuse de Dieu venant libérer toute l’humanité de l’esclavage et de la dégradation pour la conduire à la résurrection et à la vie éternelle en Jésus par l`Esprit. Les Écritures nous ouvrent des perspectives de vie et d'espérance qui sont lumière et vitalité quotidiennes pour qui les accueille de tout son cœur.

Les Écritures sont nécessaires à qui veut connaître les immenses miséricordes du Seigneur, ses bontés, ses fidélités, son grand projet de paix pour nous, pour tous les peuples et tous les humains, à travers tous les siècles. Elles nous montrent que notre fraternité et notre solidarité ne doivent pas avoir de barrière ni bâtir de murs, mais s’ouvrir à tout humain. Les Écritures, c’est une source fraîche et toujours jaillissante au cœur de nos déserts.

†Roger Ébacher
Archevêque émérite de Gatineau

mercredi 12 juin 2013

Le Peuple de Dieu

Présenter l’Église comme le Peuple de Dieu en marche dans l’histoire humaine et en solidarité avec le destin de tous les humains fut considéré au début des années 1960 comme une nouveauté. Quels aspects de l’Église les évêques à Vatican II voulaient-ils développer en employant cette formule? Quels enracinements cette idée a-t-elle dans la Bible? Et quels dynamismes peut-elle toujours nous stimuler en nous, en ce début du XXIème siècle?

Voilà quelques questions auxquelles je vous invite à réfléchir en vous laissant guider par la lecture que je vous offre d’un chapitre du grand document conciliaire intitulé L’Église.

Il vous suffit de suivre le lien suivant. 

Je souhaite que cette écoute vous apporte un enrichissement précieux pour votre vie en Église.

† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

vendredi 7 juin 2013

Les sources de l’Église

Même si nous sommes membres de l’Église depuis longtemps, nous pouvons en être encore à une perception très extérieure de ce qu’est l’Église, de ce que saint Paul appelle son « mystère ». Vatican II, dans son très riche texte sur l’Église, nous indique quelques chemins pour pénétrer un peu dans ce très riche trésor, pourtant si souvent resté secret. Quelle est la spiritualité « lunaire » de l’Église? Quelles sont les images bibliques qui insinuent ce mystère?

Je m'offre de vous y guider dans un exposé que vous trouverez au lien suivant.

Bonne écoute et que la lecture du texte conciliaire soit un bon ressourcement, capable d’étancher votre soif secrète d’une meilleure connaissance de ce que nous sommes ensemble en Église.

† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

lundi 3 juin 2013

Sortir et aller vers…

C’est là une orientation que François aime répéter. Ce fut sa vie comme évêque en Argentine. Ça peut nous inspirer quoi?

Rencontrer Jésus, croire en lui, c'est communier au tourment de Dieu face aux détresses humaines. L'histoire du salut est celle des solidarités de Dieu avec les victimes de l'injustice sous toutes ses formes: Abel tué, l'esclave de Sara rejetée et son enfant mourant, Joseph vendu par ses frères, le peuple esclave en Égypte. Tendresse immense de Dieu pour les humains ! Le vrai Dieu, contrairement aux dieux liés à l'injustice et à l'inhumanité et qui réclament toujours larmes et sang, est le Dieu de la solidarité, de la justice et de la tendresse envers les humains.

Rencontrer Jésus et croire en lui, c'est communier avec lui au tourment de Dieu face à la détresse humaine, telle que ce tourment s'est révélé dans la vie, l'agonie et la croix de Jésus. Il a porté jusqu'au bout la solidarité du Père avec l'humanité. Il est devenu lui-même victime du rejet et de la marginalisation. Mais avant de mourir, il s'est identifié aux personnes affamées, malades, en prison. Et il a insisté sur l'unique commandement, qui joint inséparablement l'amour de Dieu et l'amour du prochain. La conséquence est que toute rencontre vraie de Jésus le Messie invite à communier à la passion, à l'angoisse, au souci de Dieu pour le monde.

Vatican II nous a fermement appelés à actualiser cette conviction dans le monde complexe où nous vivons. Il s’agit certes d’agir en direct et d’aider les victimes, les perdus, les étrangers qui ont faim, soif, qui sont seuls…. Mais l’appel évangélique nous demande aussi d’être très préoccupés par les structures mentales et sociales de notre société et de notre Église qui conduisent à des rejets, des jugements, des marginalisations.

Jésus nous a dit d’être le sel de la terre et la lumière du monde, par la qualité évangélique de notre vie et de notre témoignage, par notre présence dans ce monde, par nos engagements, par nos interventions sociales et politiques. Il faut vouloir et agir pour que les structures et les mœurs de notre société politique, économique, financière et sociale d'ici, et de notre Église concrète chez nous, deviennent de plus en plus celles de cette humanité rêvée par Dieu et pour laquelle il est allé jusqu’à livrer son Unique. Tisonnés et brûlés par cet amour de Dieu pour notre monde (Jean 3,16), comme Jésus le fut, il nous faut agir, aller vers les marges de la vie humaine.

† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau