samedi 31 mars 2018

L’accueil d’une vie nouvelle

L’enfant « arrive comme un don de Dieu ». Ainsi parle le pape François (par. 166). Est reflétée dans la naissance de chaque enfant « la primauté de l’amour de Dieu » qui prend toujours l’initiative du don de la vie, don qui vient de son amour toujours prévenant. Car les enfants sont aimés et donnés, « avant d’avoir fait quoi que ce soit pour le mériter ». Ce qui est premier, c’est l’amour de Dieu qui y agit.
 
Pourtant, beaucoup d’enfants sont rejetés, abandonnés, mal accueillis. Les conséquences peuvent être très graves pour de tels enfants. Ils risquent de penser qu’ils ne devraient pas exister, qu’ils sont une erreur, qu’ils ne valent rien. Ils pourront se sentir abandonnés aux blessures infligées par les heurts et incompréhensions de la vie en société.
 
Que faut-il faire alors? « Si un enfant naît dans des circonstances non désirées, les parents ou d’autres membres de la famille doivent faire tout leur possible pour l’accepter comme un don de Dieu et pour assumer la responsabilité de l’accueillir avec sincérité et affection. » C’est certes là un chemin exigeant, mais tellement important pour l’avenir de cet enfant et plus tard de la société dans laquelle il vivra.
 
Le pape résume ce chemin : « Le don d’un nouvel enfant que le Seigneur confie à un papa et à une maman commence par l’accueil, continue par la protection tout au long de la vie terrestre et a pour destination finale la joie de la vie éternelle. Un regard serein vers l’ultime accomplissement de la personne humaine rendra les parents encore plus conscients du précieux don qui leur a été confié. »   
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau
(35e texte d’une série sur La joie de l’amour)

samedi 24 mars 2018

La famille œuvre au progrès de la société

La famille est le trésor le plus précieux de la société. « En effet, les familles ne sont pas des pièces de musée mais, à travers elles, se concrétise le don, dans l’engagement mutuel et dans l’ouverture généreuse aux enfants, comme dans le service à la société. Ainsi, les familles sont comme le levain qui aide à faire croître un monde plus humain, plus fraternel, où personne ne se sente refusé ni abandonné. » (Pape François)
 
La famille est à la base de la société : elle en est la cellule fondamentale. Et elle reste encore aujourd’hui la structure la plus adaptée pour soutenir et stimuler le développement intégral des personnes. Les membres de la famille, unis entre eux et engagés dans la société « sont des alliés du bien commun et de la paix. » (Pape François)
 
« La famille est la relation interpersonnelle par excellence dans la mesure où elle est une communion de personnes. Conjugalité, paternité, maternité, filiation et fraternité permettent que chaque personne soit introduite dans la famille humaine. La manière de vivre ces relations est dictée par la communion, moteur de la véritable humanisation et de l’évangélisation. C’est pourquoi, aujourd’hui plus que jamais, on voit la nécessité d’une culture de la rencontre, où soient valorisées l’unité dans la différence, la réciprocité et la solidarité entre les générations. » Famille et société sont en interrelations dynamiques.
 
Et le pape interpelle : « Chères familles, vous avez beaucoup reçu de vos ancêtres. Ils sont la mémoire permanente qui doit nous pousser à mettre la sagesse du cœur et pas seulement la technique dans la création d’initiatives sur la famille et pour la famille. Ils sont la mémoire et les jeunes générations sont la responsabilité qui est devant vous. Avec cette sagesse, par exemple, votre service à l’égard du caractère sacré de la vie se concrétise dans l’alliance entre les générations; il se concrétise dans le service rendu à tous, spécialement les plus démunis, les porteurs de handicap, les orphelins; il se concrétise dans la solidarité avec les migrants; il se concrétise dans l’art patient d’éduquer qui voit chaque jeune comme un sujet digne de tout l’amour familial; il se concrétise dans le droit à la vie de l’enfant à naître qui n’a pas encore de voix; il se concrétise dans des conditions de vie dignes pour les personnes âgées. »
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau
(34e texte d’une série sur La joie de l’amour)

vendredi 16 mars 2018

Le chemin de la tendresse

Le pape François répondait à des questions lors d’un congrès des gens engagés à Rome dans la pastorale familiale. Une personne lui demande comment résoudre le grand problème créé ou exacerbé par notre culture : l’« individualisme pratique et avare ». Et cette personne suggère comme chemin : une révolution de la tendresse. Elle insiste : cette révolution est urgente aujourd’hui.
 
Le pape relève cette remarque. Il y reconnaît un mot-clé : la tendresse. « C’est la caresse de Dieu, la tendresse. » « Aujourd’hui, nous pouvons le dire : il manque la tendresse, il manque la tendresse. Caresser non seulement les enfants, les malades, caresser tout, les pécheurs... Et il y a de bons exemples de la tendresse... La tendresse est un langage qui vaut pour les plus petits, pour ceux qui n’ont rien : un enfant connaît son papa et sa maman par les caresses, ensuite par la voix, mais c’est toujours la tendresse. »
 
Et le pape explique : la tendresse, « c’est m’abaisser au niveau de l’autre. C’est le chemin qu’a suivi Jésus. Jésus n’a pas considéré le fait d’être Dieu comme un privilège : il s’est abaissé (cf. Ph 2, 6-7). Et il a parlé notre langue, il a parlé avec nos gestes. Et le chemin de Jésus est le chemin de la tendresse. Voilà : l’hédonisme, la peur de la liberté, tel est précisément l’individualisme contemporain. Il faut sortir par le chemin de la tendresse, de l’écoute, de l’accompagnement. » Ainsi, avec ce langage et avec cette attitude, « les familles grandissent : il y a la petite famille, ensuite la grande famille des amis ou de ceux qui viennent. »
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau
(33e texte d’une série sur La joie de l’amour)

samedi 10 mars 2018

Donner un visage aux questions sur la famille

Tel fut le thème développé par le pape François dans un discours donné devant les participants à un congrès dans son diocèse sur La joie de l’amour. Il a identifié trois clés qui sont apparues durant le chemin parcouru par le synode sur la famille pour parvenir à ce document, clés qui sont donc nécessaires pour bien le lire.
 
La première clé : il ne s’agissait pas d’analyser des documents, ni des thèmes, ni des arguments. « Nous avions devant nous les visages concrets de nombreuses familles », rappelle le pape. Il faut respecter et traiter avec soin chaque personne et chaque famille, quelle qu’elle soit. Donner un visage aux thèmes exige un climat de respect capable de nous aider à écouter ce que Dieu nous dit à l’intérieur de ces situations : un respect chargé de préoccupations et de questions honnêtes qui concernent le soin des vies qui sont devant nous. « Comme cela aide, de donner un visage aux thèmes! Et comme cela aide de s’apercevoir qu’il y a un visage derrière les documents, comme cela aide! Cela nous libère de la hâte en vue d’obtenir des conclusions bien formulées mais qui manquent très souvent de vie; cela nous libère des paroles abstraites, pour pouvoir nous approcher et nous engager à l’égard de personnes concrètes. » (Discours, par 1)
 
Et le pape ajoute : « Cela nous rappelle que nos familles, les familles dans nos paroisses avec leurs visages, leurs histoires, avec toutes leurs problématiques, ne sont pas un problème, elles sont une opportunité que Dieu place devant nous. Une opportunité qui nous exhorte à susciter une créativité missionnaire capable d’embrasser toutes les situations concrètes. »
 
La deuxième clé : « L’une des tentations à laquelle nous sommes constamment exposés est d’avoir une logique séparatiste. » (Discours, par 2) Il faut regarder nos familles avec la délicatesse avec laquelle Dieu les regarde. Le réalisme évangélique « ne s’arrête pas à la description des situations, des problématiques — encore moins du péché — mais qui va toujours au-delà et réussit à voir derrière chaque visage, chaque histoire, chaque situation, une opportunité, une possibilité. » Le pape ajoute : « Le réalisme évangélique se salit les mains parce qu’il sait que le “grain et l’ivraie” poussent ensemble et le meilleur grain — dans cette vie — sera toujours mélangé à un peu d’ivraie. » « Gardons-nous de mettre en œuvre une pastorale des ghettos et pour des ghettos. »
 
La troisième clé : la valeur du témoignage des « anciens ». « Dans les songes de nos anciens, se trouve bien souvent la possibilité que nos jeunes aient de nouvelles visions, aient de nouveau un avenir, aient un lendemain, aient une espérance. »  (Discours, par 3) « Ce sont deux réalités — les personnes âgées et les jeunes — qui vont ensemble et qui ont besoin l’une de l’autre et qui sont liées. […] Que c’est beau! Les grands-parents qui apportent un témoignage. »
 
Et le pape conclut en rappelant l’amour de Dieu pour chaque personne. « Et dans une telle confiance, dans une telle certitude, avec beaucoup d’humilité et de respect, nous voulons nous approcher de tous nos frères pour vivre la joie de l’amour en famille. » Renonçons aux « enclos » qui nous gardent à distance des drames humains. Acceptons d’entrer vraiment en contact avec la vie concrète des autres et de connaître la force de la tendresse.
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau
(32e texte d’une série sur La joie de l’amour)

samedi 3 mars 2018

L’amour dans le vieux couple

L’espérance actuelle de vie fait que de plus en plus de couples âgés célèbrent 60 ou même 70 ans de mariage. Un tel allongement de la vie du couple exige bien des ajustements. Le pape Francois, dans La joie de l’amour, par 163, formule diverses remarques intéressantes à ce sujet. « Peut-être le conjoint n’est-il plus passionné par un désir sexuel intense qui le pousse vers l’autre personne, mais il sent le plaisir de l’appartenance mutuelle, de savoir qu’il n’est pas seul, qu’il a un ‘‘complice” qui connaît tout de sa vie et de son histoire et qui partage tout. C’est le compagnon sur le chemin de la vie avec lequel on peut affronter les difficultés et profiter des belles choses. Cela produit aussi une satisfaction qui accompagne la tendresse propre à l’amour conjugal. Nous ne pouvons pas nous promettre d’avoir les mêmes sentiments durant toute la vie. En revanche, oui, nous pouvons avoir un projet commun stable, nous engager à nous aimer et à vivre unis jusqu’à ce que la mort nous sépare, et à vivre toujours une riche intimité. L’amour que nous nous promettons dépasse toute émotion, tout sentiment et tout état d’âme, bien qu’il puisse les inclure. C’est une affection plus profonde, avec la décision du cœur qui engage toute l’existence. »
 
Le pape ajoute, par 164 : « Dans l’histoire d’un mariage, l’apparence physique change, mais ce n’est pas une raison pour que l’attraction amoureuse s’affaiblisse. On tombe amoureux d’une personne complète avec son identité propre, non pas seulement d’un corps, bien que ce corps, au-delà de l’usure du temps, ne cesse jamais d’exprimer de quelque manière cette identité personnelle qui a séduit le cœur. Quand les autres ne peuvent plus reconnaître la beauté de cette identité, le conjoint amoureux demeure capable de la percevoir par l’instinct de l’amour, et l’affection ne disparaît pas. Il réaffirme sa décision d’appartenir à cette personne, la choisit de nouveau, et il exprime ce choix dans une proximité fidèle et pleine de tendresse. »  Le lien conjugal peut alors continuer à se développer, se construire jour après jour. »
 
Pour vivre cela, il faut crier vers l’Esprit Saint, lui demander qu’il vienne répande son feu sur cet amour, pour le consolider et l’ajuster à chaque nouvelle situation.
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau
(31e texte d’une série sur La joie de l’amour)