Tel fut le thème développé
par le pape François dans un discours donné devant les participants à un
congrès dans son diocèse sur La joie de
l’amour. Il a identifié trois clés qui sont apparues durant le chemin
parcouru par le synode sur la famille pour parvenir à ce document, clés qui
sont donc nécessaires pour bien le lire.
La première clé :
il ne s’agissait pas d’analyser des documents, ni des thèmes, ni des arguments.
« Nous avions devant nous les visages concrets de nombreuses
familles », rappelle le pape. Il faut respecter et traiter avec soin
chaque personne et chaque famille, quelle qu’elle soit. Donner un visage aux
thèmes exige un climat de respect capable de nous aider à écouter ce que Dieu
nous dit à l’intérieur de ces situations : un respect chargé de
préoccupations et de questions honnêtes qui concernent le soin des vies qui sont
devant nous. « Comme cela aide, de donner un visage aux thèmes! Et comme
cela aide de s’apercevoir qu’il y a un visage derrière les documents, comme
cela aide! Cela nous libère de la hâte en vue d’obtenir des conclusions bien
formulées mais qui manquent très souvent de vie; cela nous libère des paroles
abstraites, pour pouvoir nous approcher et nous engager à l’égard de personnes
concrètes. » (Discours, par 1)
Et le pape
ajoute : « Cela nous rappelle que nos familles, les familles dans nos
paroisses avec leurs visages, leurs histoires, avec toutes leurs problématiques,
ne sont pas un problème, elles sont une opportunité que Dieu place devant nous.
Une opportunité qui nous exhorte à susciter une créativité missionnaire capable
d’embrasser toutes les situations concrètes. »
La deuxième clé :
« L’une des tentations à laquelle nous sommes constamment exposés est
d’avoir une logique séparatiste. » (Discours, par 2) Il faut regarder nos familles avec
la délicatesse avec laquelle Dieu les regarde. Le réalisme évangélique
« ne s’arrête pas à la description des situations, des problématiques — encore
moins du péché — mais qui va toujours au-delà et réussit à voir derrière chaque
visage, chaque histoire, chaque situation, une opportunité, une
possibilité. » Le pape ajoute : « Le réalisme évangélique se
salit les mains parce qu’il sait que le “grain et l’ivraie” poussent ensemble
et le meilleur grain — dans cette vie — sera toujours mélangé à un peu
d’ivraie. » « Gardons-nous de mettre en œuvre une pastorale des
ghettos et pour des ghettos. »
La troisième
clé : la valeur du témoignage des « anciens ». « Dans les
songes de nos anciens, se trouve bien souvent la possibilité que nos jeunes
aient de nouvelles visions, aient de nouveau un avenir, aient un lendemain,
aient une espérance. » (Discours, par 3)
« Ce sont deux réalités — les personnes âgées et les jeunes — qui vont
ensemble et qui ont besoin l’une de l’autre et qui sont liées. […] Que
c’est beau! Les grands-parents qui apportent un témoignage. »
Et le pape
conclut en rappelant l’amour de Dieu pour chaque personne. « Et dans
une telle confiance, dans une telle certitude, avec beaucoup d’humilité et de
respect, nous voulons nous approcher de tous nos frères pour vivre la joie de
l’amour en famille. » Renonçons aux « enclos » qui nous gardent
à distance des drames humains. Acceptons d’entrer vraiment en contact avec la
vie concrète des autres et de connaître la force de la tendresse.
Évêque émérite de Gatineau
(32e texte d’une série sur La joie de l’amour)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire