mercredi 13 juin 2012

L’amour érotique

L’amour est une très forte énergie composée de multiples ingrédients aux dosages très divers. On y parle de toutes sortes de désirs, mais aussi de grandes tendresses et de dons extrêmes, jusqu’à la mort pour la personne aimée. Il faut en somme clarifier notre vocabulaire sur cette réalité qui est la source de tant de réalisations, d’engagements, mais aussi parfois des destructions dans nos vies et notre société.

Plusieurs ont été surpris de lire dans la première encyclique de Benoît XVI des commentaires sur l’amour érotique.  Il y écrit entre autres : « Les Grecs ont vu dans l’eros avant tout l’ivresse, le dépassement de la raison provenant d'une «folie divine» qui arrache l’homme à la finitude de son existence et qui, dans cet être bouleversé par une puissance divine, lui permet de faire l’expérience de la plus haute béatitude. […]Dans les religions, cette attitude s’est traduite sous la forme de cultes de la fertilité, auxquels appartient la prostitution «sacrée», qui fleurissait dans beaucoup de temples. L’eros était donc célébré comme force divine, comme communion avec le Divin ».

L’amour érotique est essentiellement un désir. Mais depuis Freud il a été identifié et restreint au désir sexuel. Cette restriction ne correspond pas à la tradition culturelle occidentale sur le sujet. Et le Pape conclut avec raison : Il «existe une certaine relation entre l’amour et le Divin: l’amour promet l’infini, l’éternité – une réalité plus grande et totalement autre que le quotidien de notre existence. Mais il est apparu en même temps que le chemin vers un tel but ne consiste pas simplement à se laisser dominer par l’instinct. Des purifications et des maturations sont nécessaires; elles passent aussi par la voie du renoncement. Ce n’est pas le refus de l’eros, ce n’est pas son «empoisonnement», mais sa guérison en vue de sa vraie grandeur ».

Ces simples remarques montrent bien qu’il vaut la peine de réfléchir à cette réalité de l’amour, si présente à nos vies, si essentielle, mais aussi tellement galvaudée. On y reviendra.

† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau