En choisissant ce nom comme nouvel évêque de Rome,
François donnait un clair message à l’Église et au monde. Il affichait aux yeux
de tous sa priorité pour les appauvris de notre planète, qui sont des foules
que même nos calculatrices sophistiquées ne réussissent pas à dénombrer.
Et depuis, il a multiplié les gestes qui ont
traduit cette priorité. Avec une grande liberté, il a choisi d’aller vers les
personnes dans la souffrance, dans toutes sortes de souffrances, aussi bien à
Rome qu’ailleurs en Italie et maintenant dans le vaste monde, comme il vient de
le faire à Rio.
Ses gestes et ses paroles (car il n’a pas caché ses
connivences avec la théologie de la libération) sont des interpellations
très fortes à la jeunesse, à notre Église, aux personnes qui ont le pouvoir
politique et économique.
Moi aussi, je me sens interpelé. Quelles devraient
être mes nouvelles priorités, maintenant que je suis à la retraite? Je sens que
ce n'est pas facile, à mon âge, de suivre ce pape! Il a pourtant le même âge
que moi! Mais je me rends bien compte que je n’ai rien de ces expériences qui
ont façonné sa vie jusqu’ici.
Je ne suis sans doute pas le seul à sentir ce
déchirement entre un appel très fort à sortir vers les périphéries et ma
difficulté à trouver ce que ça signifie dans ma vie! Mais il faudra bien en
venir à passer de la réflexion à la décision et à l’action, quelle qu’elle
soit! Entretemps, je demande à l’Esprit de me guider.
Évêque émérite de Gatineau