« L’environnement
humain et l’environnement naturel se dégradent ensemble », affirme le pape
François dans son document sur l’écologie (48). Dégradations de la planète,
sociale et humaine se tiennent. Et ce sont les pauvres qui en souffrent le
plus. « Par exemple, l’épuisement des réserves de poissons nuit
spécialement à ceux qui vivent de la pêche artisanale et n’ont pas les
moyens de la remplacer; la pollution de l’eau touche particulièrement les plus
pauvres qui n’ont pas la possibilité d’acheter de l’eau en bouteille, et
l’élévation du niveau de la mer affecte principalement les populations côtières
appauvries qui n’ont pas où se déplacer. »
« Aujourd’hui,
nous ne pouvons pas nous empêcher de reconnaître qu’une vraie approche écologique se transforme toujours en une approche
sociale, qui doit intégrer la justice dans les discussions sur l’environnement,
pour écouter tant la clameur de la terre
que la clameur des pauvres. » (49)
L’inégalité
entre riches et pauvres n’affecte pas seulement les individus, mais aussi des
pays entiers « et oblige à penser à une éthique des relations
internationales. » Cela concerne en particulier les rations entre le Nord
et le Sud : déséquilibres commerciaux, utilisation disproportionnée des
ressources naturelles, exportations pour satisfaire les marchés du Nord et
dommages ainsi causés comme pollution par le mercure ou par le dioxyde de
souffre. « Le réchauffement causé par l’énorme consommation de certains
pays riches a des répercussions sur les régions les plus pauvres de la terre,
spécialement en Afrique, où l’augmentation de la température jointe à la
sécheresse fait des ravages au détriment du rendement des cultures. »
Après
l’énumération de très nombreux autres exemples, le pape en conclut :
« Il faut maintenir claire la conscience que, dans le changement
climatique, il y a des responsabilités diversifiées et, comme l’ont exprimé les
Évêques des États-Unis, on doit se concentrer “spécialement sur les besoins des
pauvres, des faibles et des vulnérables, dans un débat souvent dominé par les
intérêts les plus puissants”. Nous avons besoin de renforcer la conscience que
nous sommes une seule famille humaine. Il n’y a pas de frontières ni de
barrières politiques ou sociales qui nous permettent de nous isoler, et pour
cela même il n’y a pas non plus de place pour la globalisation de
l’indifférence. » (52)
(10e
texte d'une série sur l'encyclique du pape François)
† Roger Ébacher
Évêque
émérite de Gatineau