On
entend l’affirmation que l’écologie n’a rien à voir avec la foi. Le pape François
pense le contraire. Et il développe dans un très long chapitre les « raisons
qui se dégagent de la tradition judéo-chrétienne, afin de donner plus de
cohérence à notre engagement en faveur de l’environnement. » Car
« la science et la religion, qui proposent des approches différentes de la
réalité, peuvent entrer dans un dialogue intense et fécond pour toutes deux »
(62) La foi chrétienne offre « de grandes motivations pour la protection
de la nature et des frères et sœurs les plus fragiles. » (64)
« Les
récits de la création dans le livre de la Genèse contiennent, dans leur langage
symbolique et narratif, de profonds enseignements sur l’existence humaine et
sur sa réalité historique. Ces récits suggèrent que l’existence humaine repose
sur trois relations fondamentales intimement liées : la relation avec
Dieu, avec le prochain, et avec la terre. » (66) Le péché a rompu ces
relations. « L’harmonie entre le Créateur, l’humanité et l’ensemble de la
création a été détruite par le fait d’avoir prétendu prendre la place de Dieu,
en refusant de nous reconnaître comme des créatures limitées. »
La
relation entre l'être humain et la nature est devenue conflictuelle. L’être
humain est devenu dominateur et destructeur de la nature dans une exploitation
sauvage. Pourtant ce n’est pas la mission donnée à l’homme selon les textes bibliques.
Ils nous invitent à « cultiver et garder » le jardin du monde. « Alors
que “cultiver” signifie labourer, défricher ou travailler, “garder” signifie
protéger, sauvegarder, préserver, soigner, surveiller. Cela implique une
relation de réciprocité responsable entre l’être humain et la nature. Chaque communauté peut prélever de la bonté de la terre ce
qui lui est nécessaire pour survivre, mais elle a aussi le devoir de la
sauvegarder et de garantir la continuité de sa fertilité pour les générations futures. »
Cette
position biblique appelle une ferme révision de nos habitudes d’exploiter la
terre, que ce soit mon petit jardin ou d’immenses mines à l’autre bout de la
planète.
(11e
texte d'une série sur l'encyclique du pape François)
† Roger Ébacher
Évêque
émérite de Gatineau