Le
pape a récemment dénoncé le cléricalisme en Église. C’est un thème qui
revient souvent dans son enseignement depuis les débuts de son pontificat.
Par
exemple, il a invité les évêques italiens à laisser toute leur place aux « laïcs
disposés à assumer les responsabilités qui leur incombent ». Lorsqu’ils
ont « une formation chrétienne authentique », ces laïcs ont besoin
non d’un « Monseigneur-pilote », mais « de l’évêque-pasteur ! » Cette double image provoque l’imagination et la réflexion!
Marquant
le 50e anniversaire des constitutions sur l’Église et sur l’Église dans le monde
de ce temps, ainsi que du décret conciliaire sur l’apostolat des laïcs, le pape
a souligné que « ces documents fondamentaux du Concile situent les laïcs
dans une vision d’ensemble du peuple de Dieu, auquel ils appartiennent autant
que les religieux, et au sein duquel ils participent, à leur manière, à la
fonction sacerdotale, prophétique et royale du Christ lui-même ».
Les
laïcs ne sont donc pas « des membres de second ordre au service de la
hiérarchie » de l’Église, ni de « simples exécuteurs d’ordres venus
d’en haut », a martelé François. Au contraire, « en vertu de leur
baptême et de leur présence “dans le monde”, ils sont appelés à animer de l’esprit de l’Évangile tout type d’environnement, chaque activité et chaque
relation humaine. »
Il
affirme que le cléricalisme est le fruit d’une façon erronée de vivre l’ecclésiologie
proposée par Vatican II. Il l’identifie même de « l’une des déformations
les plus grandes que l’Amérique latine doit affronter. » Voilà une parole
qui doit nous inciter à vérifier où nous en sommes en Église ici. N’oublions
pas le tort immense causé par le cléricalisme à notre Église dans le passé!
Le
pape ajoute : « Cette attitude annule non seulement la personnalité
des chrétiens, mais tend également à diminuer et à sous-évaluer la grâce
baptismale que l’Esprit Saint a placée dans le cœur de notre peuple. Le
cléricalisme […] limite les différentes initiatives et efforts et, si j’ose
dire, les audaces nécessaires pour pouvoir apporter la Bonne Nouvelle de
l’Évangile dans tous les domaines de l’activité sociale et surtout politique.
Le cléricalisme, loin de donner une impulsion aux différentes contributions et
propositions, éteint peu à peu le feu prophétique dont l’Église tout entière
est appelée à rendre témoignage dans le cœur de ses peuples. Le cléricalisme
oublie que la visibilité et la sacramentalité de l’Église appartiennent à tout
le peuple de Dieu (cf. Lumen Gentium, nn. 9-14), et pas seulement à quelques élus et
personnes éclairées. »
C’est
un appel urgent à un examen de conscience ecclésial et au besoin à une
conversion.
Évêque émérite de Gatineau