Les trois
premiers chapitres du livre de la Genèse
n’emploient pas le mot « alliance ». Mais ils décrivent en fait
la création comme une œuvre divine fondant une alliance entre Dieu et toutes
ses créatures, et en particulier avec les humains.
C’est Dieu qui en toute liberté est l’initiateur de cette création de
l’homme et de la femme. Et Dieu y spécifie d’emblée la nature de la relation
que l’homme est appelé à entretenir avec son créateur. Une loi est donnée aux
humains et des sanctions sont énoncées : bénédictions et vie en cas de
respect du commandement; malédictions et mort en cas de rejet de la parole
divine. Le signe de ce traité est le sabbat. Il scelle la seigneurie du créateur
sur l’ensemble de la création.
Cette alliance est universelle, car elle est conclue
avec Adam et Ève en tant que premiers de la race humaine. Cette perception de la création comme une
alliance révèle la relation fondamentale de communion voulue par Dieu entre lui
et les êtres humains. Par le fait même se dévoilent les relations qui doivent exister
entre l'homme et la femme dans l’amour, le respect et la justice, et entre
l’humanité et les animaux ainsi que toute la nature confiée au soin humain.
Aussi sont éclairés le travail humain, l’exploitation des ressources, en somme
les multiples relations et réseaux de relations qui tissent une vie humaine en
société, vécue dans une correcte relation avec Dieu.
Cette alliance foncière nous
révèle la bonté de Dieu qui fait de nous des co-responsables, des intendants
chargés de bien gérer ses œuvres. Elle est en même temps une source inépuisable
de lumière sur notre destinée, notre dignité, nos devoirs et notre raison
d’être dans toute la création. Dès les débuts, l’alliance avec Dieu est
inscrite dans la création comme une exigence de relations droites à sans cesse
développer comme conditions de la vie ensemble dans cet environnement donné par
Dieu pour notre bonheur.
Le Catéchisme de l’Église catholique, aux numéros 54 et 55, enseigne que cette alliance n’a pas été interrompue par le péché de nos
premiers parents. Dieu, en effet, « après leur chute leur promit une
rédemption, leur rendit courage en les faisant espérer le salut; sans arrêt, Il
montra sa sollicitude pour le genre humain, afin de donner la vie éternelle à
tous ceux qui par la constance dans le bien cherchent le salut. » Puis il
cite la prière eucharistique no 4 au sujet de l'être humain :
« Comme il avait perdu ton amitié en se détournant de Toi, tu ne l’as pas
abandonné au pouvoir de la mort. (...) Tu as multiplié les alliances avec
eux. »
Même après le péché des origines,
Dieu donne à nouveau sa bénédiction aux humains et promet une mystérieuse
alliance : Dieu dit au
serpent : « Je mettrai une hostilité entre toi et la femme, entre ton
lignage et le sien. Il t'écrasera la tête et tu l'atteindras au
talon. » (Genèse 3, 16) Il
y aura les douleurs de l’enfantement, la domination de l’homme sur la femme, le
dur travail pour survivre dans une lutte constante. Mais « Dieu fit à
l'homme et à sa femme des tuniques de peau et les en vêtit. » C’est là un
geste d’une touchante tendresse qui donne l’assurance qu’il subsiste une relation
d’alliance qui, grâce à la fidélité de Dieu, sans cesse renaîtra entre Dieu et
les humains.
Il est bon,
dans la nuit de Pâques, d’entendre la proclamation de ce texte qui est
comme le socle de toutes les alliances qui tissent les relations tumultueuses
de Dieu et des êtres humains.
Évêque émérite de Gatineau