« On
ne peut plus parler de développement durable sans une solidarité
intergénérationnelle. Quand nous pensons à la situation dans laquelle nous
laissons la planète aux générations futures, nous entrons dans une autre
logique, celle du don gratuit que nous recevons et que nous communiquons. Si la
terre nous est donnée, nous ne pouvons plus penser seulement selon un critère
utilitariste d’efficacité et de productivité pour le bénéfice
individuel. » (Pape François 159) Nous sommes devant une question
fondamentale de justice : la terre appartient aussi à ceux qui viendront
après nous. Elle est « un prêt que chaque génération reçoit et doit
transmettre à la génération suivante ».
Quel
monde voulons-nous laisser aux enfants qui grandissent? « Les prévisions
catastrophistes ne peuvent plus être considérées avec mépris ni ironie. Nous
pourrions laisser trop de décombres, de déserts et de saletés aux prochaines
générations. Le rythme de consommation, de gaspillage et de détérioration de
l’environnement a dépassé les possibilités de la planète, à tel point que le
style de vie actuel, parce qu’il est insoutenable, peut seulement conduire à
des catastrophes, comme, de fait, cela arrive déjà périodiquement dans diverses
régions. » (François 161)
Nous
avons de grandes difficultés à prendre au sérieux ce défi. C’est là la
conséquence d’une mentalité qui devient profondément individualiste. « Beaucoup
de problèmes sociaux sont liés à la vision égoïste actuelle axée sur
l’immédiateté, aux crises des liens familiaux et sociaux, aux difficultés de la
reconnaissance de l’autre. […] En outre,
notre incapacité à penser sérieusement aux générations futures est liée à notre
incapacité à élargir notre conception des intérêts actuels et à penser à ceux
qui demeurent exclus du développement. Ne pensons pas seulement aux pauvres de
l’avenir, souvenons-nous déjà des pauvres d’aujourd’hui, qui ont peu d’années
de vie sur cette terre et ne peuvent pas continuer d’attendre. »
Pour
construire la paix dans notre génération et dans les générations futures, il
faut veiller à la santé de notre planète.
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau