lundi 3 septembre 2012

Une opinion publique dans l’Église (4e texte)

Savoir dialoguer et converser dans les médias sociaux actuels, tel que Internet, voilà un grand défi pour l’Église catholique, habituée à une communication par mode descendant mais beaucoup moins à ces conversations complexes et à voix multiples, même parfois cacophoniques.


Comme l’affirmait déjà en 1973 le document pontifical Communion et Progrès, « droit à l'information et liberté de communication sont étroitement liés. Toute la vie sociale, en effet, repose sur un dialogue permanent entre les individus et les groupes, dialogue indispensable à la compréhension réciproque et à la collaboration. Quand le dialogue emprunte la voix neuve des moyens de communication sociale, il acquiert une nouvelle dimension en faisant participer un plus grand nombre d'hommes à la vie et au progrès de la société. » (par. 44) Entrer pleinement dans cette nouvelle dimension de notre culture, voilà un grand défi pour notre Église.

Pourtant déjà Paul VI, dans sa première encyclique,  Ecclesiam Suam, a traité longuement de la nécessité pour l’Église d’entrer en dialogue avec ses propres membres et avec le monde dans sa grande diversité : « L'Église doit entrer en dialogue avec le monde dans lequel elle vit. L'Église se fait parole ; l’Église se fait message ; l’Église se fait conversation ». (par. 67) Et le pape met comme première caractéristique de ce dialogue : « la clarté avant tout ». Ce qui le conduit à se poser et à nous poser la question : « Cette exigence initiale suffit aussi à éveiller notre zèle apostolique pour revoir toutes les formes de notre langage : celui-ci est-il compréhensible, est-il populaire, est-il choisi ? » (par. 83)

Ces idées furent reprises par le document pontifical Communion et Progrès. « La vie de l’Église requiert un courant continuel d’informations entre la hiérarchie et les fidèles. Ce courant doit être réciproque » (par. 120). Mais ce que Paul VI notait déjà en 1964 et qui fut repris en 1973 par le Conseil pontifical sur les communications sociales est encore beaucoup plus vrai maintenant avec les médias sociaux. D’ailleurs ce dernier conseil le relevait en 2002 : « L'Église a également besoin de comprendre et d'utiliser Internet comme outil de communication interne. Cela exige de tenir clairement compte de son caractère particulier de moyen direct, immédiat, interactif et de participation. L'interactivité à double sens d'Internet est déjà en train d'estomper la traditionnelle distinction entre ceux qui offrent et ceux qui sont destinataires de la communication et de créer une situation dans laquelle, du moins potentiellement, chacun peut faire les deux. Il ne s'agit plus de communication à sens unique, du haut vers le bas. Alors que de plus en plus de personnes se familiarisent avec cette caractéristique d’Internet dans d’autres domaines de leur vie, on peut s’attendre à ce qu’elles la recherchent également en ce qui concerne la religion et l’Église ». (par. 6)

Comment allons-nous parvenir en Église à nous apprivoiser à cette nouvelle culture de la communication, du dialogue, du débat? Il y a de l’espoir. Les jeunes générations y sont spontanément formées, y étant plongées dès leur plus jeune âge. Un homme qui a été formé dans cette culture, Thomas Dowd, est récemment devenu évêque auxiliaire à Montréal. Et il sait être présent à ces médias sociaux et communiquer!

L’Église catholique a relevé bien d’autres défis depuis 2000 ans. Elle saura bien, quoique trop lentement pour certains, relever aussi celui-ci et continuer à offrir l’Évangile à la liberté des personnes à travers ces lieux nouveaux de dialogue et de communication.

† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau
(Dernier texte d'une série de 4)