vendredi 23 novembre 2012

La religion dans la société québécoise

On entend ou on lit souvent que la population du Québec fait partie des sociétés les plus sécularisées de la planète. Une telle affirmation appelle un peu d’analyse et de réflexion sur l’histoire récente de la population et de l’Église catholique au Québec. Elle exige aussi un regard sur la situation actuelle de pluralisme qui s’y vit. Et il est fort opportun de chercher à préciser certains mots tels que laïcité, liberté religieuse ou de conscience, qui peuvent devenir de faciles étiquettes au lieu d’éclairer une situation complexe et de faciliter à s’y situer.

Comment comprendre ce que nous vivons sans aucune perspective historique sur les liens séculaires entre la foi catholique et la société québécoise? Quelle est la situation actuelle du pluralisme dans notre société? Quelles sont les forces en opposition ou en lutte au sujet de la place de la religion dans les institutions publiques et dans la vie sociale sous ses diverses formes? Quels sont les grands traits de la vie catholique actuelle au Québec? Voilà quelques questions parmi tant d’autres qui circulent à ce sujet.

Ce sont de telles questions que tentent de clarifier les évêques catholiques du Québec dans un texte intitulé « Catholiques dans un Québec pluraliste ». Ils adressent ces réflexions aux catholiques du Québec. Mais c’est en même temps leur contribution à la réflexion collective et à la recherche de voies nouvelles où peuvent s’engager ensemble toutes les personnes de bonne volonté pour le bien commun de toute notre population.

On y décrit un nouveau pluralisme québécois, tant au niveau de la société qu’à l’interne à l'Église. Nous y trouvons le portrait bref mais suggestif d’un Québec et d’une Église marqués par une diversité sans cesse croissante pour de multiples raisons. Certes entre en jeu l’immigration. Mais il faut y reconnaître aussi le rôle des courants de déconfessionnalisation et de laïcisation, qui donnent un nouveau visage à l’Église d'ici. Et la circulation des idées par les médias sociaux et autres provoque l’apparition d'un pluralisme inédit et sans frontières.

Tous ces phénomènes conduisent à des oppositions et tensions aussi inédites dans notre milieu face à la religion et à sa place dans la société. Le catholicisme aussi apparaît travaillé par de multiples accents, parfois contradictoires. Et puis, il faut bien reconnaître que la fascination du religieux n’est pas éteinte et travaille le cœur de beaucoup.

Il est donc très opportun de développer une réflexion sur le pluralisme et la liberté religieuse chez nous. Les évêques affirment dans leur texte que la religion apporte une contribution positive à la société et est une composante essentielle de l'espace public. 

Ils cherchent aussi à préciser le langage. « La distinction entre "société pluraliste" et "institutions laïques" est à mettre en évidence, comme le souhait d'un "espace public ouvert et accueillant" ». On précise ce que signifient les concepts de laïcité, de sécularisation et de pluralisme. Et les évêques du Québec formulent quels types de relations ils considèrent justes entre le gouvernement, les institutions publiques et les religions au Québec.

En troisième partie du message, on identifie quelques éléments essentiels sur ce que c’est qu’être catholique dans la société qui est la nôtre. On trouve là en particulier des exposés sur l’Église locale, le diocèse, la paroisse, les engagements de toutes sortes qui donnent une image moins pessimiste que ces clichés dont nous inondent trop souvent certains médias et tribuns. C'est rafraichissant.

† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau