vendredi 30 novembre 2012

Vatican II : la paix commence dans les cœurs

Nous vivons des temps de grandes tensions et divisions qui conduisent parfois à des guerres petits ou grosses. Aussi il est urgent d’écouter à nouveau l’enseignement que nous a donné il y a 50 ans Vatican II sur  la source la plus intime de la paix. Dans « L’Église dans le monde de ce temps » (par. 77ss). Les évêques ont lancé « un appel ardent aux chrétiens pour qu’avec l’aide du Christ, auteur de la paix, ils travaillent avec tous les hommes à consolider cette paix entre eux, dans la justice et l’amour, et à en préparer les moyens. »

Après avoir condamné la barbarie et l'inhumanité des guerres, aujourd’hui rendues encore plus cruelles par les armes scientifiquement mises au point et largement commercialisées, les évêques ajoutaient : « En ce qui regarde les problèmes de la paix et du désarmement, il faut tenir compte des études approfondies, courageuses et inlassables déjà effectuées et des congrès internationaux qui ont traité de ce sujet, et les regarder comme un premier pas vers la solution de si graves questions .» Toutefois, il faut rejeter la tentation de « s’en remettre aux seuls efforts de quelques-uns, sans se soucier de son état d’esprit personnel. Car les chefs d’État, qui sont les répondants du bien commun de leur propre nation et en même temps les promoteurs du bien universel, sont très dépendants des opinions et des sentiments de la multitude. Il leur est inutile de chercher à faire la paix tant que les sentiments d’hostilité, de mépris et de défiance, tant que les haines raciales et les partis pris idéologiques divisent les hommes et les opposent. »

Pour que la paix puisse advenir dans notre monde, il est urgent et nécessaire de renouveler nos mentalités afin d’en venir à un changement de ton dans l’opinion publique. Cette tâche concerte les éducatrices et les éducateurs des jeunes et aussi les responsables des médias qui forment l’opinion publique.  Qu’ils « considèrent comme leur plus grave devoir celui d’inculquer à tous les esprits de nouveaux sentiments générateurs de paix. »

Le grand défi qui nous concernent toutes et tous, c’est de changer nos cœurs afin de travailler ensemble au progrès de la paix dans le monde.  « Ne nous leurrons pas de fausses espérances. En effet, si, inimitiés et haines écartées, nous ne concluons pas des pactes solides et honnêtes assurant pour l’avenir une paix universelle, l’humanité, déjà en grand péril, risque d’en venir, malgré la possession d’une science admirable, à cette heure funeste où elle ne pourra plus connaître d’autre paix que la paix redoutable de la mort. »  Jésus a proclamé : « Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu. » (Matthieu 5, 9)

Notre marche ensemble vers la paix sur notre planète est dans le bon chemin quand nous accueillons l’œuvre de l’Esprit qui change les cœurs, quand nous cherchons activement la paix dans notre milieu de vie et que nous soutenons toutes les actions internationales en faveur de la justice, du partage, de la réconciliation. Voilà bien un chemin de bonheur pour notre humanité tellement déchirée, sans cesse versant larmes et sang sur son destin qui devient ainsi malheureux. Chacun et chacune commençant l’œuvre de paix dans son cœur, il y a espérance que le Christ Jésus Prince de la Paix (voir Éphésiens 2, 13-22)  parviendra à accomplir son cœur dans notre monde que Dieu veut rassembler dans une communauté d’amour et de fraternité.
(15e texte d’une série sur Vatican II)
† Roger Ébacher
Évêque  émérite de Gatineau