dimanche 11 août 2019

La sainteté est "parresia" pour évangéliser

Que signifie ce mot étrange : parresia? Loin d’être rare dans les écrits apostoliques, ce mot peut se traduire par audace, mais peut évoquer aussi plusieurs comportements dynamiques dans la vie d’un disciple de Jésus. Le pape François l’emploie souvent, particulièrement dans son texte sur la sainteté (par. 129-139). « Audace, enthousiasme, parler en toute liberté, ferveur apostolique, tout cela est compris dans le vocable parresía, terme par lequel la Bible désigne également la liberté d’une existence qui est ouverte, parce qu’elle se trouve disponible à Dieu et aux autres (cf. Ac 4, 29; 9, 28; 28, 31; 2 Co 3, 12; Ep 3, 12; He 3, 6; 10, 19). » (par. 129)
 
La personne qui suit Jésus reçoit en son cœur l’ordre toujours actuel de Jésus Ressuscité : « De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. » (Jean 20, 21) Il souffle dans le cœur du croyant, de la croyante : « Recevez l’Esprit Saint. » Cette action de Jésus ressuscité, par laquelle il actualise sa promesse de présence avec les siens tous les jours, nous permet « de marcher et de servir dans cette attitude pleine de courage que suscitait l’Esprit Saint chez les Apôtres et qui les conduisait à annoncer Jésus-Christ. »
 
Un grand obstacle à l’évangélisation consiste dans le manque de parresía, de ferveur. C’est un engourdissement, une tiédeur qui vient du dedans et nous incite à nous endormir, nous ankyloser dans notre confort. C’est pourtant à tous ses disciples, donc à nous aujourd’hui qui voulons le suivre, que Jésus ordonne : « Avance au large, et jetez vos filets pour la pêche. » (Luc 5, 4) Attachés à Jésus, nous aurons le courage de mettre tous nos charismes au service des autres. Et l’Esprit saura bien faire résonner au fond de notre conscience cette parole qui a jailli du cœur de saint Paul : « Malheur à moi si je n'annonçais pas l’Évangile! » (1 Co 9,16)
 
Jésus doit être toujours notre modèle, notre guide, nous infusant sans cesse son Esprit. Sa compassion profonde ne le paralysait pas dans la peur. Elle l’incitait « à sortir de lui-même avec vigueur pour annoncer, pour envoyer en mission, pour envoyer guérir et libérer. Reconnaissons notre fragilité mais laissons Jésus la saisir de ses mains et nous envoyer en mission. Nous sommes fragiles mais porteurs d’un trésor qui nous grandit et qui peut rendre meilleurs et plus heureux ceux qui le reçoivent. L’audace et le courage apostoliques sont des caractéristiques de la mission. » (par. 131)
 
Quand une personne annonce l’Évangile avec une telle audace, c’est un signe que l’Esprit verse dans son cœur une confiance inébranlable dans la fidélité de Jésus et dans l’amour de Dieu pour elle. C’est ainsi que l’Esprit poursuit l’œuvre de Jésus dans notre monde, dans nos vies!
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau
(39e texte d’une série sur l’appel à la sainteté)

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