vendredi 24 avril 2015

Tu dis : miséricorde?

Nous entendons souvent ce mot en ces jours où le pape François a décrété une année sainte de la miséricorde. C’est un mot qui provoque des réactions contrastées : de l’enthousiasme au rejet. Mais que signifie en fait ce mot?
 
J’ai trouvé un texte qui apporte quelque lumière sur cette question. Je me contente de le citer et de l’offrir ainsi à notre réflexion. Le voici :
 
« Le mot "miséricorde" désigne, en hébreu, le cœur profond, les "entrailles" qui frémissent sous le coup de la douleur et de la peine. Quel père ou mère n'a ressenti cela en sachant son enfant malade, perdu ? La miséricorde apparaît donc comme l'attachement profond d'un être pour un autre et particulièrement de Dieu pour l'homme. Dans notre vie, Dieu souffre avec nous, il est bouleversé par nos malheurs, nos souffrances et notre condition d'homme pécheur. »
 
« Dans un grand mouvement d'amour pour nous, il nous manifeste sa tendresse, nous aide concrètement dans nos vies, nous témoigne sa "miséricorde", nous pardonne nos manquements, nos faiblesses, nous envoie son Fils. Dans le Nouveau Testament, Jésus nous invite à faire de même envers nos frères : "Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux". (Mt 5,48)
 
C'est l'une des conditions de la vie éternelle. »
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

samedi 18 avril 2015

Pourquoi ce jubilé?

Le pape François a surpris en annonçant un jubilé sur la miséricorde. Aussi a-t-il senti le besoin d’en expliquer le pourquoi. Il le fit dans son homélie du 11 avril 2015.
 
« Pourquoi, aujourd’hui, un Jubilé de la Miséricorde ? Simplement parce que l’Église, en ce moment de grands changements d’époque, est appelée à offrir plus fortement les signes de la présence et de la proximité de Dieu. Ce n’est pas le temps pour la distraction, mais au contraire pour rester vigilants et réveiller en nous la capacité de regarder l’essentiel. C’est le temps pour l’Église de retrouver le sens de la mission que le Seigneur lui a confiée le jour de Pâques : être signe et instrument de la miséricorde du Père (cf. Jn 20, 21-23). »
 
« C’est pour cela que l’Année Sainte devra maintenir vivant le désir de savoir accueillir les nombreux signes de la tendresse que Dieu offre au monde entier et surtout à tous ceux qui sont dans la souffrance, qui sont seuls et abandonnés, et aussi sans espérance d’être pardonnés et de se sentir aimés du Père. Une Année Sainte pour éprouver fortement en nous la joie d’avoir été retrouvés par Jésus, qui comme Bon Pasteur est venu nous chercher parce que nous nous étions perdus. Un Jubilé pour percevoir la chaleur de son amour quand il nous charge sur ses épaules pour nous ramener à la maison du Père. Une Année pour être touchés par le Seigneur Jésus et transformés par sa miséricorde, pour devenir nous aussi témoins de miséricorde. Voilà le motif du Jubilé : parce que c’est le temps de la miséricorde. C’est le temps favorable pour soigner les blessures, pour ne pas nous lasser de rencontrer tous ceux qui attendent de voir et de toucher de la main les signes de la proximité de Dieu, pour offrir à tous, à tous, le chemin du pardon et de la réconciliation. »
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

vendredi 10 avril 2015

Prendre soin de la terre


Nous avons récemment changé de saison. Elles se succèdent dans nos vies : printemps, été, automne, hiver. Et chacune de nos saisons apportent différentes interventions entre nous et notre environnement naturel.
 
Quelle que soit la saison, nous marchons sur notre terre, nous en mangeons les fruits, nous en profitons pour nous recréer en utilisant les possibilités offertes par la neige ou par l’eau, le soleil, le vent.
 
Mais pensons-nous suffisamment à avoir un soin jaloux de ce bien si précieux donné à toute l’humanité. La création n'est pas notre propriété, elle ne peut être exploitée sans mesure. La nature est un don de Dieu qu'il nous faut soigner et utiliser avec respect et au profit de tous.
 
Dès les premiers instants de son service comme évêque de Rome, François nous interpelait sur ce sujet : « Je voudrais demander, s’il vous plaît, à tous ceux qui occupent des rôles de responsabilité dans le domaine économique, politique ou social, à tous les hommes et à toutes les femmes de bonne volonté : nous sommes gardiens de la création, du dessein de Dieu inscrit dans la nature, gardiens de l’autre, de l’environnement ; ne permettons pas que des signes de destruction et de mort accompagnent la marche de notre monde ! »
 
Le pape a répété de multiples fois un tel appel. Le 15 janvier, il a confirmé la publication d’un document fondamental sur le sujet. Ça devrait sortir en août, avant la conférence intergouvernementale sur le climat prévue à la fin de cette année à Paris.
 
Donc à suivre !
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

vendredi 3 avril 2015

Par-delà le mur?

Nous marchons tous, à petits pas ou à grande vitesse selon chacun, vers un mur inévitable : la mort! Sans doute à cause d’habitudes mentales ou bien par légèreté, nous ne pesons pas la gravité, le sérieux de cet obstacle devant nous. Comment se fait-il qu’on ne se demande pas plus sérieusement : y a-t-il quelque chose ou rien derrière ce mur?
 
Comment savoir? « Est-ce que les morts sont morts? » Ou encore : « Où serais-je quand je ne serai plus? » Je pense aux affirmations de Miguel de Unamuno voulant que je ne puisse être certain ni que mon anéantissement sera définitif et irrévocable, ni que je me prolongerai dans telles ou telles conditions! Dans quelque recoin de notre cœur, il reste toujours « une ombre, une ombre vague, l’ombre d’une ombre d’incertitude ». Il y a une mouche qui bourdonne à l’oreille de notre cœur : « Non, rien! » Puis elle se reprend : « Mais il doit bien y avoir quelque chose! »
 
Vivre toujours, même devenir des dieux : voilà la soif insatiable de notre être! Un homme, fils de Dieu, qui a vécu dans notre chair et notre histoire, nous a parlé de cette soif : Jésus. « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra; quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela? » (Évangile de Jean 11, 25-26) Il est passé par la mort affreuse sur la croix, le rejet, le mépris. Mais il a vaincu la mort, est ressuscité et continue à montrer aux yeux de notre cœur ses plaies victorieuses et glorieuses.
 
Je ne le sais pas, je crois à la vie éternelle par-delà le mur de la mort. Je crois pour un jour savoir par expérience les nouveautés de cette vie éternelle déjà en germe en moi par le baptême.
 
Joyeuse fête de Pâques!
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau