jeudi 29 novembre 2018

Est-ce que je veux devenir un saint?

Dieu veut notre sanctification. C’est saint Paul (1 Thessaloniciens 4, 3) qui l’enseigne catégoriquement à ses jeunes chrétiens, anciens païens qui ont bien de la difficulté à croire que Dieu les appelle à une telle qualité de vie. « La volonté de Dieu, c’est que vous viviez dans la sainteté. »  Est-ce que je le veux, moi?
 
Être un saint, c’est devenir un signe visible de l’amour miséricordieux et de sa présence quotidienne auprès de nous. Suis-je capable de vivre un tel état de sainteté dans le quotidien : dans ma famille, avec mes proches, sur la rue, au travail?
 
Il ne s’agit pas de prétendre imiter quelque « modèle de sainteté »! Tu as un chemin unique de sainteté, rêvé, voulu et préparé depuis toujours par Dieu spécialement pour toi. Voilà le chemin que tu dois suivre en aimant Dieu et les autres là où tu es, avec ce que tu es. Il s’agit de suivre Jésus sans jamais te décourager, en connaissant sa grande miséricorde et son amour pour toi.
 
Avec le pape François, fais un petit examen de conscience. « Ai-je envie de devenir un peu meilleur, d’être plus chrétien, plus chrétienne? Telle est la voie de la sainteté. Lorsque le Seigneur nous invite à devenir saints, il ne nous appelle pas à quelque chose de lourd, de triste... Au contraire! C’est l’invitation à partager sa joie, à vivre et à offrir avec joie chaque moment de notre vie, en le faisant devenir dans le même temps un don d’amour pour les personnes qui sont à nos côtés. Si nous comprenons cela, tout change et acquiert un sens nouveau, un beau sens, un sens qui commence avec les petites choses de chaque jour. Un exemple. Une dame va au marché faire les courses et rencontre une voisine et elles commencent à parler, puis arrivent les commérages et cette dame dit : “Non, non, moi, je ne parlerai mal de personne”. Cela est un pas vers la sainteté, cela nous aide à devenir plus saint. Puis, à la maison, ton enfant te demande de parler un peu de ses histoires : “Oh non, je suis si fatigué, j’ai beaucoup travaillé aujourd’hui...” — “Mais toi, installe-toi et écoute ton enfant, qui en a besoin!”. Et on s’installe, on écoute avec patience : cela est un pas vers la sainteté. […] Puis je vais dans la rue, je vois un pauvre, quelqu’un dans le besoin, je m’arrête, je l’interroge, je lui donne quelque chose : cela est un pas vers la sainteté. Ce sont de petites choses, mais tant de petits pas vers la sainteté. Chaque pas vers la sainteté fera de nous des personnes meilleures, libérées de l’égoïsme et de la fermeture sur soi, et ouvertes aux frères et à leurs nécessités. »
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau
(9e texte d’une série sur l’appel à la sainteté)

samedi 24 novembre 2018

Devenir enfant de Dieu

Tel est le titre du livre que j’ai publié en 2015 et qui porte sur la croissance spirituelle dans l'Évangile de Jean. Avec le début de l'Avent dans quelques jours, nous sommes invités à prendre du temps pour redécouvrir l'espérance que nous apporte la naissance du sauveur. "Devenir enfant de Dieu" peut vous aider. Ce livre est disponible à la Librairie Fréchette (313, rue Notre-Dame, Gatineau, tél. : 819-643-1861). https://mediaspaul.ca/catalogue/devenir-enfant-de-dieu-8681

vendredi 23 novembre 2018

Une dignité désarmante

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (18, 33b-37)
 
Dans les films de la franchise « James Bond », l’agent 007 a toujours la mission de trouver et arrêter le méchant personnage qui veut prendre le contrôle de la planète. Le but ultime de ce personnage est de devenir le « Roi de l’Univers » avec son armée et son armement. L’agent secret est alors le sauveur. Chaque film se termine de la même façon avec la victoire de M. Bond et la fin du rêve du méchant.
 
En ce dimanche du Christ Roi où nous célébrons la royauté de notre Seigneur Jésus comme « Roi de l’Univers », l’Évangile de saint Jean nous invite à réfléchir sur le type de royauté dont parle Jésus devant Pilate. Pour ce dernier, si Jésus est roi des Juifs, ne devrait-il pas avoir des gardes et une armée à ses côtés pour le défendre? Jésus lui répond que sa royauté « n’est pas de ce monde ». Il l’invite à voir un autre type de royauté : un régime qui fait référence non pas à la domination d’un souverain sur un peuple, mais qui « témoigne de la vérité ».
 
La royauté de Jésus, c’est le don de sa vie. Son témoignage d’amour, d’accueil, de pardon par ses paroles et ses gestes est encore un message qui touche les cœurs et qui invite les baptisés à servir et à être des signes d’espérance dans le monde d’aujourd’hui. Notre monde n’a-t-il pas besoin d’une révolution de la tendresse comme l’affirmait le pape François? Une révolution qui met de côté la haine, les guerres, les dictatures, de même que l’exploitation des humains et des ressources de notre terre mère.
 
Oui, célébrer le Christ Jésus « Roi de l’Univers », ce n’est pas le garder dans un palais et sur un trône, mais marcher à sa suite avec et pour nos frères et sœurs. Il faut, comme le rappelle si souvent le pape, que les bergers sentent l’odeur des brebis.
 
René Laprise
Diacre permanent
(Ce texte a été publié dans la chronique Échos de la Parole de l'Office de catéchèse du Québec)

dimanche 18 novembre 2018

Sainte ou saint au ras de la vie

Être un saint, une sainte, c’est être en union de pensée et de cœur avec Dieu Père, Fils et Esprit; et c’est aimer son prochain. De telles attitudes peuvent se vivre dans toutes les conditions de vie, dans quelque métier que l’on soit, exécutant quelque tâche qui nous incombe.
 
Qui que tu sois, quel que soit ton état de vie, tu es appelé à la sainteté. Devenir un saint est un don de la grâce Dieu. C’est l’œuvre de l’Esprit en nous. Mais il faut y collaborer dans les gestes quotidiens, même les plus petits, de notre vie la plus ordinaire.
 
Le pape François (par. 14) le montre par divers exemples qui peuvent nous éclairer et nous stimuler.
 
« Nous sommes tous appelés à être des saints en vivant avec amour et en offrant un témoignage personnel dans nos occupations quotidiennes, là où chacun se trouve. Es-tu une consacrée ou un consacré? Sois saint en vivant avec joie ton engagement. Es-tu marié? Sois saint en aimant et en prenant soin de ton époux ou de ton épouse, comme le Christ l’a fait avec l’Église. Es-tu un travailleur? Sois saint en accomplissant honnêtement et avec compétence ton travail au service de tes frères. Es-tu père, mère, grand-père ou grand-mère? Sois saint en enseignant avec patience aux enfants à suivre Jésus. As-tu de l’autorité? Sois saint en luttant pour le bien commun et en renonçant à tes intérêts personnels. »
 
Ailleurs, le pape explique : « Sois saint en devenant un signe visible de l’amour de Dieu et de sa présence à nos côtés. Voilà : chaque état de vie conduit à la sainteté, toujours! Chez toi, dans la rue, au travail, dans l’Église, à ce moment et dans ton état de vie a été ouverte la voie vers la sainteté. Ne vous découragez pas et allez sur cette voie. C’est vraiment Dieu qui nous donne la grâce. Le Seigneur ne demande que cela : que nous soyons en communion avec Lui et au service de nos frères. »
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau
(8e texte d’une série sur l’appel à la sainteté)

vendredi 9 novembre 2018

Tu es appelé à la sainteté

On peut être porté à penser que la sainteté est réservée à certaines catégories de membres de l’Église : papes, évêques, religieuses et religieux, personnes contemplatives. La Bible nous enseigne que ce n’est pas le cas : elle nous fait connaître une multitude de ces personnes, toutes différentes, appelées à la sainteté. Chaque appel diffère et est ajusté à la personnalité de celui ou celle appelés à suivre un chemin, son chemin de sanctification.
 
C’est ce que le pape François explicite bien : « Il y a des témoins qui sont utiles pour nous encourager et pour nous motiver, mais non pour que nous les copiions, car cela pourrait même nous éloigner de la route unique et spécifique que le Seigneur veut pour nous. Ce qui importe, c’est que chaque croyant discerne son propre chemin et mette en lumière le meilleur de lui-même, ce que le Seigneur a déposé de vraiment personnel en lui (cf. 1 Corinthien 12,7) et qu’il ne s’épuise pas en cherchant à imiter quelque chose qui n’a pas été pensé pour lui. » (par. 11)
 
Ce qui importe, c’est que chacun progresse dans les chemins de la sainteté en réalisant « ce projet unique et inimitable que Dieu a voulu pour lui de toute éternité. »
 
Les saints ne sont pas copiés les uns sur les autres. Chacun est unique : Dieu le veut ainsi de toute éternité et lui donne les grâces pour répondre à cet appel unique, personnalisé, différent de tous les autres.
 
Certes, les saintes et saints qui nous ont précédés peuvent nous inspirer, nous stimuler dans notre marche. Mais nous n’avons pas à prétendre les reproduire en nous. Chaque personne croyante est une œuvre unique façonnée par l’Esprit de Jésus ressuscité selon le plan d’amour éternel du Père. À chacune, à chacun de collaborer dans la foi amoureuse à cette œuvre divine.
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau
(7e texte d’une série sur l’appel à la sainteté)

vendredi 2 novembre 2018

« Les saints de la porte d’à côté »

C’est là une belle expression du pape François (par. 6) pour parler des saintes et des saints que nous côtoyons quotidiennement, hélas souvent sans nous en rendre compte. Il les qualifie aussi de « la classe moyenne de la sainteté. » De qui s’agit-il?
 
Le pape l’a expliqué lors de l’angélus du 1er novembre 2015. Ce sont les personnes « qui se sont efforcées, avec la grâce de Dieu, d’appliquer l’Évangile dans leur vie normale de tous les jours. Des saints comme ça, on en a rencontré nous aussi; peut-être en avons-nous eu un dans notre famille, ou bien parmi nos amis et connaissances. Nous devons leur être reconnaissants, mais surtout être reconnaissants à Dieu qui nous les a donnés, qui les a mis près de nous, comme des exemples vivants et contagieux d’une manière de vivre et de mourir, fidèles au Seigneur Jésus et à son Évangile. »
 
Depuis très longtemps, je suis convaincu que dans chaque paroisse, dans chaque communauté, si petite soit-elle, il y a des saints. Ne dit-on pas : « Un tel, c’est un vrai saint! » Nous en côtoyons tous les jours. Ces personnes sont des exemples qui nous enseignent comment vivre un aspect ou l’autre de l’Évangile.
 
Ces personnes ne seront sans doute pas canonisées. Mais elles doivent nous inspirer durant leur vie et continuer, après leur mort, à vivre dans le mémoire et dans le cœur des personnes qui les ont côtoyées, ont vu leur qualité de vie chrétienne, leur foi, leur espérance, leur charité, leur bonté, leur patience, leur générosité.
 
Le pape ajoutait : « Imiter leurs gestes d’amour et de miséricorde est un peu comme perpétuer leur présence sur cette terre. Et en effet, ces gestes évangéliques sont les seuls qui résistent à la destruction de la mort : un geste de tendresse, une aide généreuse, un moment passé à écouter, une visite, une bonne parole, un sourire… À nos yeux ces gestes peuvent sembler insignifiants, mais aux yeux de Dieu ils sont éternels, car l’amour et la compassion sont plus forts que la mort. »
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau
(6e texte d’une série sur l’appel à la sainteté)