mardi 30 décembre 2014

Les esclaves d’aujourd’hui

J’ai longtemps pensé que l’esclavage était un phénomène d’un passé lointain. Mais il y a quelques années, j’ai découvert que la réalité est bien différente. Il y a plus d’esclaves aujourd’hui dans le monde qu’il n’y en avait dans le passé. Mais qui sont-ils? Où sont-ils?
 
En ce début de la nouvelle année, le pape François nous demande de faire croître en nous la conscience qu’existe bien ce phénomène tragique, inhumain, contraire à ce qui est le plus sacré : notre commune humanité et dignité. Car ce « fléau toujours plus répandu de l’exploitation de l’homme par l’homme blesse gravement la vie de communion et la vocation à tisser des relations interpersonnelles empreintes de respect, de justice et de charité. »
 
Cet abominable phénomène, qui conduit à piétiner la dignité et les droits fondamentaux de l’autre et à en anéantir la liberté et la dignité, prend de multiples formes. Dressons-en une liste partielle mais déjà impressionnantes. Ce sont les nombreux travailleurs et travailleuses, même mineurs, asservis dans les divers secteurs, du travail domestique au travail agricole, de l’industrie manufacturière au secteur minier, tant dans les pays où la législation du travail n’est pas conforme aux normes et aux standards minimaux internationaux que, même illégalement, dans les pays où la législation protège le travailleur. Ce sont les  nombreux migrants qui souffrent de la faim, sont privés de liberté, dépouillés de leurs biens ou abusés physiquement et sexuellement. Ce sont ceux d’entre eux qui, arrivés à destination après un voyage dans des conditions physiques très dures et dominé par la peur et l’insécurité, sont détenus dans des conditions souvent inhumaines. Ce sont ces migrants poussés à vivre dans la clandestinité et écrasés par un véritable « travail esclave ».
 
Il y en a encore d'autres : les personnes contraintes de se prostituer, les esclaves sexuels, les femmes forcées de se marier, même vendues dans ce but, les victimes de prélèvements d’organes,  les enfants soldats.
 
Phénomène ahurissant! Il importe au moins d’en prendre conscience et de voir, chacun et chacune dans sa conscience, ce qu’il y a à faire seuls ou ensemble pour œuvrer à extirper ce fléau de notre humanité en voie de mondialisation. S’agira-t-il d’une mondialisation de l’esclavage ou d’une mondialisation de la solidarité et de la fraternité?
 
Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

lundi 22 décembre 2014

Le crucifix

Habituellement, un crucifix est disposé proche du tabernacle. Il marque le lien historique avec l’origine de ce don de l’Eucharistie aux humains. « Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle. Car Dieu n'a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. » (Jean 3, 16 s) Et Jésus, la veille de sa mort, oriente le cœur vers ce don : « Nul n'a plus grand amour que celui-ci : donner sa vie pour ses amis. » (Jean 15, 13)
 
Le tabernacle rend visible au croyant le Dieu caché fou d’amour pour nous. 
(6e texte d’une série sur les tabernacles)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

lundi 15 décembre 2014

Le dialogue de Noël

Jésus 

Je te regarde couché sur la paille.
Je voudrais bien que mon cœur soit une chaude crèche pour t’accueillir.
Mais mon cœur est bien pauvre et si peu accueillant.
Il est froid, sans feu qui pétille, sans sourire. 

J’entends dans mon cœur ta réponse. 

Ne t’inquiète pas ainsi!
Je suis ce pauvre qui tend la main au coin de la rue.
Regarde-moi avec tendresse, offre-moi un sourire, peut-être aussi un sou. 

Je suis cette vieille dame qui se meurt d’ennui dans sa solitude.
Visite-moi : ce sera un geste amical et consolant.
 
Je suis ce jeune en mal d’être compris et encouragé.
Dis-moi un mot qui me dise au coeur que je suis bien une personne aimable. 

Je suis cet enfant qui est en train de mourir de faim et de froid.
Viens à mon secours selon ce que tu peux. 

Merci de m’accueillir ainsi dans ton cœur.  

Et en ce jour de Noël, je suis pour toi bénédictions.
Et je le serai durant l’année 2015. 

MERCI Jésus! Que tes bénédictions soient aussi pour toutes les personnes qui t’offriront une crèche, un peu de chaleur, une bouchée de pain, un sourire.  
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

vendredi 12 décembre 2014

La lampe du tabernacle

C’est cette petite lampe rouge qui attire d’abord notre regard, surtout dans la nuit. Elle fait penser à la lumière du phare toujours brillant dans la tempête et guidant en sécurité vers le bon port. Elle indique la présence effective d'hosties consacrées dans le tabernacle. Elle symbolise aussi les fidèles en adoration, veillant avec leur Seigneur et Ami.
 
Le tabernacle rend visible au croyant le Dieu caché se faisant petite lampe pour nos pas hésitants dans les ténèbres de la vie.
(5e texte d’une série sur les tabernacles)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

vendredi 5 décembre 2014

Voir l’invisible

L’usage de tabernacles ou de contenants d’autres formes pour garder des hosties consacrées remonte aux débuts de l’ère chrétienne. Nos ancêtres ont peu à peu saisi le besoin de cette présence, certes cachée, mais bien active de Jésus au milieu d’eux. Car Jésus a voulu rester toujours disponible dans le sacrement pour les malades en danger de mort, afin qu’Il soit leur viatique lors du grand passage vers la vie éternelle. Mais il s’offre aussi à l’adoration, à la louange, à l’intercession, en somme à un cœur à cœur toujours mystérieux et vivifiant.
 
Le pouvoir de l’image et du symbole
Mais revenons à notre questionnement : « Que perçoivent donc là celles et ceux qui se tiennent, parfois même longuement et en silence devant un tabernacle, et que plusieurs d’entre nous ne trouvent pas? »
 
Pour deviner un peu cette expérience, prenons une comparaison. Que ressent-on parfois en sortant d’une exposition d’œuvres d’art? L’émerveillement devant ces images pacifie notre cœur. Nous avons le goût de nous recueillir et de laisser pénétrer en nous la beauté étalée sous nos yeux. Nous devinons caché dans cette matière, devenue subtile et presque translucide, le secret invisible de notre vie, de nos désirs, de nos attentes, de nos aspirations.
 
Et dans quel langage dire ces sentiments? Le langage scientifique ne suffit pas ici. Pour évoquer l’invisible, les grandes traditions religieuses ou poétiques se servent du langage symbolique qui relie en une seule gerbe un grand nombre de sens possibles, connexes et qui ouvrent un très large horizon de significations à l’intuition, à la pensée et à la méditation.
 
La tradition artistique chrétienne a une longue histoire de l’usage des images et des symboles pour tracer les chemins du visible à l’invisible. Le tabernacle est un de ces sentiers. Arrêtons-nous à certains des symboles, souvent gravés sur les portes des tabernacles ou reproduits dans leur environnement immédiat, qui en une seule image évoquent toute une histoire divine en relation avec le Christ, Dieu rendu visible à nos yeux.
(4e texte d’une série sur les tabernacles)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau