vendredi 23 septembre 2016

Le champ et le style d’évangélisation

Je me sens bien limité, en quelque sorte confiné dans une petite communauté qui a déjà entendu l’Évangile. Pourtant, il me faut garder à l’esprit, au cœur et surtout dans ma prière tout le champ que Jésus ressuscité cherche sans cesse à évangéliser. Je ne peux certes pas le parcourir. Mais puisque Jésus est mort pour tous les humains, mon cœur et ma prière doivent sans cesse désirer que l’Évangile soit généreusement offert à tous.
 
Ce champ couvre en fait trois domaines. « En premier lieu, mentionnons le domaine de la pastorale ordinaire, “animée par le feu de l’Esprit, pour embraser les cœurs des fidèles qui fréquentent régulièrement la Communauté et qui se rassemblent le jour du Seigneur pour se nourrir de sa Parole et du Pain de la vie éternelle”. Il faut aussi inclure dans ce domaine les fidèles qui conservent une foi catholique intense et sincère, en l’exprimant de diverses manières, bien qu’ils ne participent pas fréquemment au culte. Cette pastorale s’oriente vers la croissance des croyants, de telle sorte qu’ils répondent toujours mieux et par toute leur vie à l’amour de Dieu. » (EG 14) Je me reconnais impliqué dans ce champ, responsable avec Jésus ressuscité, celui qui m’a fait son ami, d’y offrir l’Évangile.
 
« En second lieu, rappelons le domaine des “personnes baptisées qui pourtant ne vivent pas les exigences du baptême”, qui n’ont pas une appartenance du cœur à l’Église et ne font plus l’expérience de la consolation de la foi. L’Église, en mère toujours attentive, s’engage pour qu’elles vivent une conversion qui leur restitue la joie de la foi et le désir de s’engager avec l’Évangile. » Je demande à l’Esprit de me faire partager ce désir intense de Jésus et de l’Église. Peut-être que cet humble écrit peut devenir pour certains un chemin de découverte de Jésus!
 
« Enfin, remarquons que l’évangélisation est essentiellement liée à la proclamation de l’Évangile à ceux qui ne connaissent pas Jésus Christ ou l’ont toujours refusé. Beaucoup d’entre eux cherchent Dieu secrètement, poussés par la nostalgie de son visage, même dans les pays d’ancienne tradition chrétienne. Tous ont le droit de recevoir l’Évangile. » Ce vaste monde, si diversifié, doit habiter ma prière!
 
Le champ est donc aussi vaste que le monde. « Mais quel est le style adapté à une véritable évangélisation? Il ne faut pas présenter l’Évangile en prétendant imposer un nouveau devoir. » Il importe, quel que soit le champ où le Seigneur me demande d’œuvrer avec lui, d’y agir « comme quelqu’un qui partage une joie, qui indique un bel horizon, qui offre un banquet désirable. » L’Église ne grandit pas par prosélytisme, mais « par attraction ».
 
Qu’est-ce que cet ordre de mission signifie pour moi, à mon niveau, où je suis? Seigneur ressuscité, viens par ton Esprit éclairer mon intelligence et stimuler mon cœur pour que je comprenne que tu m’as voulu avec toi, que j’entende ton appel, que je marche selon ta volonté qui est le salut de tous les humains. Tu es mort et ressuscité pour tous. Moi, que puis-je faire maintenant pour toi, avec toi, pour accomplir ta mission aujourd’hui? Apprends-moi à y vivre de mieux en mieux ton style si amical, fraternel, miséricordieux!
 
(8e texte d’une série sur La joie de l’Évangile)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

vendredi 16 septembre 2016

Me souvenir pour donner des fruits

La mémoire est une faculté qui oublie! Mais il importe que la mémoire se souvienne des belles choses de la vie, s’en réjouisse, en rende grâces et s’ouvre à l’avenir. Me souvenir de mon passé, c’est acquérir de la sagesse et me souvenir de mon avenir.
 
Le même mécanisme de la mémoire agit dans l’identité et la mission du disciple-missionnaire. Quand je me souviens de mon baptême, de ma foi, quand cette mémoire est vivante et dynamise ma relation personnelle avec Jésus, alors jaillit de mon cœur une source, un élan pour faire connaître ce trésor, Jésus ressuscité, que j’ai découvert et qui me fait vivre.
 
Le pape François nous enseigne que nous ne devons pas « comprendre la nouveauté de cette mission comme un déracinement, comme un oubli de l’histoire vivante qui nous accueille et nous pousse en avant. » (E.G. 13) Il ajoute avec ferveur : « Jésus nous laisse l’Eucharistie comme mémoire quotidienne de l’Église, qui nous introduit toujours plus dans la Pâque (cf. Lc 22, 19). » Dans la célébration eucharistique, nous faisons mémoire des enseignements des prophètes et des apôtres et inséparablement nous faisons mémoire du don suprême de Jésus sur la croix pour nous. Nous faisons en somme mémoire de tout le mystère pascal de notre salut : « Nous proclamons ta mort, Seigneur Jésus, nous célébrons ta résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire. »
 
« La joie évangélisatrice brille toujours sur le fond de la mémoire reconnaissante : c’est une grâce que nous avons besoin de demander. Les Apôtres n’ont jamais oublié le moment où Jésus toucha leur cœur : “C’était environ la dixième heure” (Jn 1, 39). Avec Jésus, la mémoire nous montre une véritable “multitude de témoins” (He 12, 1). Parmi eux, on distingue quelques personnes qui ont pesé de façon spéciale pour faire germer notre joie croyante : “Souvenez-vous de vos chefs, eux qui vous ont fait entendre la parole de Dieu” (He 13, 7). Parfois, il s’agit de personnes simples et proches qui nous ont initiés à la vie de la foi : “J’évoque le souvenir de la foi sans détours qui est en toi, foi qui, d’abord, résida dans le cœur de ta grand-mère Loïs et de ta mère Eunice” (2 Tm 1, 5). Le croyant est fondamentalement “quelqu’un qui fait mémoire”. »
 
Donne-moi, Seigneur de toujours me souvenir du moment où tu es venu bouleverser mon cœur en te révélant le Vivant vainqueur du mal et de la mort. Fais que j’y revienne sans cesse dans mon cœur, gardant ainsi un contact vivant avec toi. Et donne-moi toujours la grâce de témoigner de ta victoire sur la croix, qui est notre espérance et notre joie, l’avenir du monde que Dieu aime jusqu’à l’extrême de l’amour.
 
(7e texte d’une série sur La joie de l’Évangile)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

dimanche 11 septembre 2016

Coopérer à l’œuvre de Dieu

Malgré mon désir profond de témoigner de l’Évangile, j’ai parfois la tentation de me décourager, de baisser les bras! C’est vraiment une tentation! Sa source est dans le fait que je me fie trop sur moi-même. Oui, je veux faire œuvre de témoignage de Jésus mort est ressuscité par amour pour nous! Mais, je pense, j’agis comme si un tel témoignage évangélique était mon œuvre!
 
Le pape François écrit au sujet du travail d’évangélisation dans notre monde : « Bien que cette mission nous demande un engagement généreux, ce serait une erreur de la comprendre comme une tâche personnelle héroïque, puisque l’œuvre est avant tout la sienne, au-delà de ce que nous pouvons découvrir et comprendre. Jésus est “le tout premier et le plus grand évangélisateur”. Dans toute forme d’évangélisation, la primauté revient toujours à Dieu, qui a voulu nous appeler à collaborer avec lui et nous stimuler avec la force de son Esprit. La véritable nouveauté est celle que Dieu lui-même veut produire de façon mystérieuse, celle qu’il inspire, celle qu’il provoque, celle qu’il oriente et accompagne de mille manières. Dans toute la vie de l’Église, on doit toujours manifester que l’initiative vient de Dieu, que c’est “lui qui nous a aimés le premier” (1 Jn 4, 19) et que “c’est Dieu seul qui donne la croissance” (1 Co 3, 7). Cette conviction nous permet de conserver la joie devant une mission aussi exigeante qui est un défi prenant notre vie dans sa totalité. Elle nous demande tout, mais en même temps elle nous offre tout. » (EG 12)
 
Je ne suis qu’un collaborateur de l’œuvre de Dieu. Tout témoignage vrai en faveur de Jésus est une initiative du Père et une inspiration de l’Esprit. L’important pour moi est d’accueillir humblement ce souffle. Je dois me reconnaître incapable d’évangéliser! Mission impossible pour moi tout seul. Mais avec Celui qui nous aime jusqu’à nous donner son Fils, tout est possible. Mon grand défi est de lui permettre d’agir, sans y mettre trop d’obstacles par mes prétentions, mes égoïsmes, mon orgueil.
 
Esprit-Saint, garde-moi dans la joie qui jaillit de la source qu’est le Cœur de Jésus ouvert sur la croix et à l’œuvre dans notre monde. Père, tiens-moi bien connecté à cette source de vitalité spirituelle et apostolique.
 
(6e texte d’une série sur La joie de l’Évangile)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

lundi 5 septembre 2016

Annoncer le Christ mort et ressuscité

Quels sont le centre et l’essence de ma vie de disciple-évangélisateur? « Le Dieu qui a manifesté son amour immense dans le Christ mort et ressuscité. » (EG 11) Être disciple, c’est accueillir dans la foi cet amour manifesté sur la croix et répondre à cet amour par mon amour : répondre amour pour amour!
 
Être évangélisateur, c’est témoigner par mes actes et mes paroles de cet amour qui est allé jusqu’au don de sa vie pour moi, pour nous. La joie de me savoir à ce point aimé fleurit en fécondité évangélisatrice.
 
Le Christ Jésus, mort et ressuscité pour nous, « peut toujours, avec sa nouveauté, renouveler notre vie et notre communauté, et même si la proposition chrétienne traverse des époques d’obscurité et de faiblesse ecclésiales, elle ne vieillit jamais. Jésus Christ peut aussi rompre les schémas ennuyeux dans lesquels nous prétendons l’enfermer et il nous surprend avec sa constante créativité divine. Chaque fois que nous cherchons à revenir à la source pour récupérer la fraîcheur originale de l’Évangile, surgissent de nouvelles voies, des méthodes créatives, d’autres formes d’expression, des signes plus éloquents, des paroles chargées de sens renouvelé pour le monde d’aujourd’hui. »
 
Je demande la grâce de toujours me laisser attirer, captiver, « ensorceler » par cette source! Qu’elle m’enivre de son murmure de vie!
 
Jésus a dit à la femme samaritaine : « Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : Donne-moi à boire, c'est toi qui l'aurais prié et il t'aurait donné de l'eau vive. […]  Qui boira de l'eau que je lui donnerai n'aura plus jamais soif; l'eau que je lui donnerai deviendra en lui source d'eau jaillissant en vie éternelle. » (Jean 4, 10-14)
 
J’ai soif de cette eau! Qu’elle devienne source au cœur de mon cœur, source d’où jaillira ma vie de disciple-missionnaire!
 
(5e texte d’une série sur La joie de l’Évangile)

† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau