jeudi 31 mars 2016

Pourquoi se confesser?

Parce qu’on y expérimente la miséricorde de Dieu notre Père. Il nous libère de nos chaînes et nous oriente vers l’avenir avec le courage de l’espérance. Il verse par l’Esprit dans notre cœur la paix et la joie qui sont de puissants stimulants de vie.
 
Que fait en nous la miséricorde divine?
 
Elle nous libère des chaînes du passé. Quand nous reconnaissons nos péchés devant Dieu et devant le prêtre dans le sacrement de la confession, nous faisons la vérité en nous. Et c’est alors, comme l’affirme Jésus, une vérité qui libère du poids étouffant passé, nous fortifie dans le présent et nous ouvre l’avenir.
 
Cette miséricorde nous incite à voir dans quels chemins nous marchons en fait. Reconnaître ses égarements, ses errances, des faux pas, c’est retrouver un équilibre intérieur, c’est se relancer dans la vie avec une espérance neuve au cœur.
 
Le sacrement de la confession est aussi une supplication adressée à ce Dieu qui nous a créés, qui nous aime avec tendresse et fidélité, et qui sans cesse veut nous purifier, nous renouveler. « Crée en moi un cœur pur » (psaume 51). La certitude de la miséricorde de Dieu notre Père nous relance dans un chemin d’espérance et de courage, dans la joie et la paix.
 
Quand ce chemin est parcouru dans la confiance abandonnée entre les mains de Celui qui dans sa bonté nous aime jusqu’à mourir pour nous sur la croix, nous nous ouvrons à l’Esprit-Saint et à son œuvre de renouvellement de notre cœur. Il est capable de nous construire solidement et de faire de nous de véritables enfants de Dieu.
 
Voici donc le chemin à parcourir pour vivre le sacrement de la confession comme la libération et la joie du cœur :
-        Louer Dieu pour sa bonté, sa tendresse pour moi et pour toutes les merveilles qu’il a accomplies dans ma vie : confesser la miséricorde divine.
-        Reconnaître avec vérité ce que je suis, quels sont mes sentiments profonds, mes erreurs, mes inquiétudes, mes péchés : confesser mes péchés.
-        Et finalement dire à Dieu ma joie d’être libéré, d’être relancé dans ma vie chrétienne : confesser mon espérance en la fidélité de Celui qui m’aime.
 
Et il nous reste à vivre en conséquence au jour le jour sous le soleil de l’amour miséricordieux de Dieu en aimant les autres avec miséricorde!
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

samedi 26 mars 2016

Élan de Pâques dans mes veines!

C’est ma conviction profonde : nous sommes toujours au printemps. Je pense à ce vieillard qui semble tomber en ruines : il est tout juste au printemps. Je pense à cette Église vieille de deux mille ans et qui perd de plus en plus d’adeptes : elle est tout juste au printemps.
 
Nous ne sommes tous qu’au printemps!
 
Ce printemps n’est pas le résultat des forces obscures et cachées de la nature. Il est entretenu par Quelqu’un de vivant. Caché sous ce réveil printanier, Jésus de Nazareth, né de la Vierge Marie et crucifié sous Ponce Pilate, agit sans cesse.
 
Printemps amorcé un certain matin de Pâques, lorsque Jésus est sorti vivant du tombeau. Il se fait de plus en plus conquérant et vigoureux.
 
Par son corps ressuscité, il nous communique sa vie, ses énergies, sa force, sa flamme, son souffle, son sang. Présence radicale, qui rejoint le cœur des humains et des êtres, présence renouvelante et transformante. Par lui, le Vivant, c’est la vie même de Dieu qui envahit, comme une sève ou comme un feu, l’univers. Cet envahissement est irrésistible et irréversible. Et cette sève, comme elle est dynamique! Ses canaux sont infiniment plus nombreux et variés que ce que je peux imaginer.
 
Et ce printemps va durer jusqu’au retour glorieux de Jésus qui assumera ce grand processus de vie toujours en émergence. Il lui donnera alors son plein épanouissement dans la vie divine.
 
Ça m’étonne, parfois m’effraie, toujours m’éblouit! Quelle énergie! Quelle vie! Mais il faut que le Vivant ajuste mon regard pour que je voie cette vitalité, ouvre mes oreilles pour que j’entende son gazouillis, aiguise mes sens spirituels pour que je sois au diapason de ce chant de victoire et de gloire : le grand Alléluia de Pâques!
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

samedi 19 mars 2016

Un récit qui nous fait renaître

Cette année, le début du printemps coïncide avec le dimanche des Rameaux et le récit de la Passion de Jésus. La symbolique entre les deux temps est très forte. Au printemps, nous passons du temps froid au temps chaud, de la saison où la nature dort au matin où l’eau se fait un chemin sous la neige, de la saison « morte » à la vie qui renaît. Même si nous sommes habitués au passage d’une saison à l’autre, nous sommes toujours émerveillés de ces transformations. Oui, l’humain est profondément fait pour la vie.
 
Le récit de la Passion de Jésus nous présente également des passages où Jésus et ses disciples passent par des temps de doute, de remise en question, de trahison, de détresse, de déception et de mort. Les disciples doutent de la promesse d’un monde nouveau annoncée par Jésus. Ils semblent ne pas saisir la mort imminente de Jésus et que c’est par cette mort que peut renaître la vie.
 
La vie publique de Jésus qui inspirait un printemps nouveau fait place à une période où son entourage ne voit pas l’espérance promise. Certains commencent à douter et même à abandonner leur mission en contribuant à livrer Jésus, à le renier. Ils ne voient pas la vie qui se cache sous la noirceur de la mise à mort de Jésus. Leur cœur est lent à voir que le don de la vie de Jésus est porteur d’un monde nouveau, d’un printemps nouveau.
 
Nous avons certainement déjà vécu de ces temps de doute, de désespoir, de remise en question, de trahison même. Le récit de la Passion de Jésus vient nous redire qu’il faut lui faire confiance et lui remettre entre ses mains nos doutes et nos désespoirs pour qu’il nous apporte la paix, la joie et surtout l’espérance. La miséricorde de Dieu est là pour nous accueillir, nous faire passer de nos petites « morts » à la vie nouvelle. Son amour est toujours là, un peu comme les racines sous la neige qui se préparent à refaire surface. Laissons l’eau vive de Jésus irriguer les hivers de notre cœur pour que nous puissions toujours renaître à la vie. Nous pourrons ainsi être à notre tour des signes de printemps pour notre monde.
 
René Laprise, diacre permanent
Gatineau

samedi 12 mars 2016

Défendre la Mère Terre

C’est l’interpellation que le pape François a lancée à toute l’humanité lors de sa rencontre en Bolivie avec les mouvements populaires.
 
« La maison commune de nous tous est pillée, dévastée, bafouée impunément. La lâcheté dans sa défense est un péché grave. » Voilà une affirmation que nous devons prendre au sérieux. Sont en jeu des valeurs éthiques, morales, qui concernent nos consciences. Il y a là « un impératif éthique, clair, définitif et urgent, d’agir. » On ne peut laisser continuer à détruire la création. « Les peuples et leurs mouvements sont appelés à interpeler, à se mobiliser, à exiger — pacifiquement mais avec ténacité — l'adoption urgente de mesures appropriées. Je vous demande, au nom de Dieu, de défendre la Mère Terre. »
 
Terre, toit, travail (les 3 T) sont des droits sacrés. C’est donc un devoir de lutter pour que ces droits soient respectés et promus. Le pape demande qu’on reconnaisse « que les choses ne marchent pas bien dans un monde où il y a tant de paysans sans terre, tant de familles sans toit, tant de travailleurs sans droits, tant de personnes blessées dans leur dignité. »
 
Il nous demande aussi de reconnaître que les choses ne vont pas bien quand éclatent tant de guerres absurdes et que la violence fratricide s’empare même de nos quartiers; ou encore quand le sol, l’eau, l’air et tous les êtres de la création sont sous une permanente menace.
 
« Pour finir, je voudrais vous dire de nouveau : l'avenir de l'humanité n'est pas uniquement entre les mains des grands dirigeants, des grandes puissances et des élites. Il est fondamentalement entre les mains des peuples; dans leur capacité à s’organiser et aussi entre vos mains qui arrosent avec humilité et conviction ce processus de changement. Je vous accompagne. Et que chacun d’entre nous répète de tout cœur : aucune famille sans logement, aucun paysan sans terre, aucun travailleur sans droits, aucun peuple sans souveraineté, aucune personne sans dignité, aucun enfant sans enfance, aucun jeune sans possibilités, aucun vieillard sans une vieillesse vénérable. Continuez votre lutte et, s'il vous plaît, prenez grand soin de la Mère la Terre. »
 
Cette intervention vigoureuse devant les mouvements communautaires de Bolivie et du monde fait résonner un percutant écho de l’encyclique « sur la sauvegarde de la maison commune » et aussi de tant d’autres interventions du pape François.
 
Prenons-nous ces paroles et surtout ses gestes au sérieux? Ce sont nos consciences qui sont interpellées.

(26e texte et dernier de la série sur l'encyclique du pape François)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

dimanche 6 mars 2016

Le corrompu et le pécheur

Le pape François a publié récemment un livre au titre émouvant et lumineux : Le nom de Dieu est miséricorde. Dans cet écrit, fruit d’une conversation avec le vaticaniste Andréa Tornielli, le pape élabore, avec de multiples exemples, l’enseignement qu’il répète depuis le début de son pontificat et qu’il cristallise dans la promulgation d’une année sainte de la miséricorde.
 
J’ai été particulièrement touché par les pages (97ss.) où le pape François affirme la dimension sociale et publique de la miséricorde. Il y explique la différence entre le pécheur et le corrompu. Cette doctrine est d’une grande actualité. Il suffit de penser aux révélations de la commission Charbonneau!
 
« La corruption est le péché qui, au lieu d’être reconnu en tant que tel et de nous rendre humbles, est érigé en système, devient une habitude mentale, une manière de vivre », affirme le pape François. Le pécheur reconnaît ses faiblesses et avec humilité demande pardon. « Le corrompu, en revanche, est celui qui pèche et ne s’en repent pas, celui qui pèche et feint d’être chrétien. Sa vie est scandaleuse ».
 
« Le corrompu ignore l’humilité, ne considère pas qu’il a besoin d’aide, et mène une double vie. » En se reconnaissant tel, le pécheur « reconnaît que ce à quoi il a adhéré, ou adhère, est erroné. Alors que le corrompu, lui, cache ce qu’il considère comme son véritable trésor, ce qui le rend esclave, et il masque son vice sous un vernis de bonne éducation, faisant toujours en sorte de sauver les apparences. »
 
C’est un livre à lire et méditer!
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau