vendredi 31 août 2012

Une opinion publique dans l’Église (3e texte)

Pas d’opinion publique sérieuse sans débats! Voilà un postulat de la communication aujourd’hui. D’où la question posée par le journaliste Sénèze (déjà cité) : « L’Église est-elle prête à accepter ce débat ? » J’ai trouvé stimulantes ses remarques et analyses que je résume ici.

Il note que Benoît XVI est avide de débats. Mais l’Église catholique semble en avoir peur. On craint que ce soit une atteinte à son unité. Pourtant, le document Communion et Progrès parle d’une opinion publique au sein même de l’Église et affirme la nécessité d’y développer un dialogue entre ses membres. « Parce qu'elle est un corps vivant, l'Église a besoin d'une opinion publique pour alimenter le dialogue entre ses membres: c'est une condition de progrès pour sa pensée et son action » (par. 115). Et le champ de ce dialogue interne est immense.

« Les catholiques donc, dans la fidélité au magistère, peuvent et doivent s'engager dans une recherche libre, afin d'être mieux à même de comprendre en profondeur les vérités révélées et de les présenter aux divers groupes humains. Ce dialogue à l'intérieur de l'Église ne porte préjudice ni à son unité ni à la solidarité entre croyants. Il peut donc favoriser, par le libre jeu des opinions, la rencontre des courants de pensée et la convergence des esprits. Toutefois, pour que ce dialogue progresse, il est essentiel que règne la charité, même lorsque les points de vue divergent. » (par.117)  Le document traite aussi longuement du dialogue entre l’Église et le monde.

Nous avons donc là, datant de 1973, un texte qui nous fournit des balises essentielles pour réfléchir sur cette interrogation difficile, mais tellement actuelle de l’opinion publique dans l’Église.

Mais où semble être le problème? Selon le journaliste Sénèze, « le problème est que dans l’Église, on a bien du mal à communiquer sur un mode autre que descendant. » Alors que le débat exige un va-et-vient et les médias sociaux actuels imposent ce mode de conversation.

† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau
(3e texte d’une série de 4)

mercredi 29 août 2012

Le retour en classe

Avec l’approche de septembre, c’est la fin des vacances. Plusieurs ont terminé depuis plusieurs semaines déjà ce temps de repos, de vie familiale et de voyages. La vie habituelle reprend. La Fête du travail en est le signal annuel.

Pour les étudiantes et étudiants, c’est le temps du retour en classe. Plusieurs ont sans doute occupé leur été dans divers engagements de travail, de loisir et de vie familiale. Pour tous sans doute se posent les questions de l’avenir tout proche et des développements dans le conflit qui oppose les associations étudiantes et le gouvernement.  Certains ont décidé de décrocher. C’est là une décision qui a des conséquences à long terme, même si aujourd’hui il y a toujours des possibilités de revenir sur les bancs de l’école comme adultes.

Et les professeurs aussi sont appelés à retrouver leur besogne quotidienne. Comment se présentera-t-elle en ce début d’année? Car il faudra ajuster les cours, la répartition du temps et gérer, en lien avec les autres responsables de la vie étudiante, le vivre ensemble dans la vie quotidienne du Collège ou de l’Université.

Durant ce temps d'été, qui a apporté un peu de calme dans la rue et sans doute dans nos cœurs, beaucoup ont réfléchi sur les enjeux qui sont mis sur la table par cette crise sociale et culturelle. Des questions importantes sont en jeu dans les tensions qui marquent le « printemps érable » depuis des mois. Et il est impossible actuellement de prévoir ce qui va se passer dans les prochaines semaines. Il est dans tous les cas souhaitable pour le bien commun que s’instaure un dialogue courageux pour envisager les défis qui se posent à la jeunesse d'ici et aussi à notre avenir social et économique, dans une conciliation responsable des divers intérêts et visions en jeu.

J’ose donc avec espérance souhaiter : bon automne à toutes et à tous.

† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

dimanche 26 août 2012

Une opinion publique dans l’Église (2e texte)

C’est dans le magistral texte intitulé Communion et Progrès que nous trouvons en 1971 une élaboration intéressante sur la nécessité d’une opinion publique dans l’Église. Ce document indique d’abord les buts de la communication et de ses médias: « Communion et progrès dans la société sont les buts primordiaux de la communication sociale et des moyens qu'elle emploie, spécialement la presse, la radio, la télévision et le cinéma. La technique de ces moyens progresse de façon continue et accélérée, en sorte qu'ils sont de jour en jour plus facilement accessibles à un nombre croissant d'hommes. Les comportements et les mentalités se trouvent ainsi toujours plus profondément influencés par ces moyens de communication de masse (ou "media") ». (#1)

Et le texte ajoute immédiatement : « L'Église considère ces moyens de communication comme des "dons de Dieu". Selon l'intention de la Providence, ils doivent engendrer entre les hommes des rapports fraternels, susceptibles de favoriser son dessein de salut. » (#2). Et neuf paragraphes (24 à 32) sont consacrés à traiter de l’opinion publique.

On donne d’abord une sorte de description de ces médias : «Les moyens de communication constituent une sorte de place publique où l'on échange des nouvelles, où s'expriment et s'affrontent de multiples opinions. La vie sociale en est profondément marquée et enrichie, et son évolution en est accélérée. » (#24)

Puis on en tire la nécessité de l’opinion publique : « Ainsi naît "l'opinion publique", liée à la nature sociale de l'homme. Sur l'événement, en effet, chacun aime à exprimer ouvertement devant les autres sa réaction et son opinion. Il contribue par là même à façonner des manières collectives de penser et d'agir. » (#25)

Le texte note une condition préalable pour la formation d’une telle opinion publique : la liberté d’exprimer ses sentiments et ses réflexions. « Il importe donc […] de reconnaître, tant aux individus qu'aux groupements, le droit d'exprimer leur propre opinion, dans les limites de l'honnêteté et du bien commun.  Puisque la coopération de tous est requise pour le progrès de la vie en société, il faut admettre la libre confrontation des points de vue; certains se trouvent alors adoptés, d'autres rejetés, d'autres enfin amendés ou conciliés. Les positions les plus solides et les plus constantes peuvent ainsi contribuer à créer une volonté de collaboration. » (#26)

Le texte du conseil pontifical romain note ensuite la lourde charge des informateurs face aux opinions exprimées publiquement. « Leur pouvoir est immense dans la manière de les susciter, de les recueillir, de les diffuser; en même temps il leur revient, en les exposant, de permettre à chacun de les confronter en toute lucidité et liberté de jugement ». (#27) Mais tous sont invités à concourir à la formation d’une telle opinion publique.

On remarque que « toute opinion que l'on répand ne doit pas être considérée aussitôt comme l'expression de l'opinion publique. En effet, plusieurs points de vue différents peuvent coexister dans le même temps et le même lieu, bien que l'un d'eux ait souvent l'appui d'une majorité. Mais l'avis de celle-ci n'est pas nécessairement le meilleur, ni le plus proche de la vérité. D'ailleurs l'opinion publique est sujette à fluctuations, tantôt gagnant, tantôt perdant du crédit auprès des masses. C'est pourquoi il est sage de garder un certain recul devant des opinions émises en public; il peut même exister des raisons de s'y opposer directement. » (#31) Et l’on ajoute : «Malgré tout, les opinions répandues publiquement et communément, dans la mesure où elles expriment la pensée et la volonté générales, sont à prendre soigneusement en considération par les autorités tant religieuses que civiles. » (#32)

Après un regard sur ces textes, le journaliste Nicolas Sénèze se questionne et nous questionne : « Mais l’Église est-elle prête à accepter ce débat ? » Car pas d’opinion publique sans débats aujourd’hui! C’est là une interrogation qui mérite attention et réflexions. (À suivre)

† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau
(2e texte d’une série de 4)

mercredi 22 août 2012

Une opinion publique dans l’Église (1er texte)

Dans ces réflexions sur les effets des médias sociaux dans la vie de l’Église, je m’inspire d’une conférence de M. Nicolas Senèze. Un relevé des réactions médiatiques provoquées par diverses interventions récentes du Pape et d’évêques démontre selon ce journaliste « l’existence d’une opinion publique catholique qui a fait d’Internet un lieu privilégié de son expression ». Et c’est là un phénomène nouveau. «En effet, Internet était plutôt le lieu d’expression privilégié des cathos traditionalistes (ce qui est finalement peu étonnant de la part de post-modernes, plus à l’aise dans une culture du réseau). Or, aujourd’hui, on assiste à une prise de parole à plusieurs niveaux : Celle des catholiques non-pratiquants mais qui, à cette occasion, se sont sentis concernés par ce qui se passait dans “leur” Église […] Une prise de parole de catholiques engagés, ayant bénéficié du solide effort de formation théologique que l’Église a entamé voilà déjà plusieurs années, et qui se sentent en droit de prendre la parole ».

Ça fait pourtant longtemps que l’Église a reconnu l’importance, voire la nécessité, d’une opinion publique dans son sein comme dans toute société civile vécue sainement. Pie XII l’avait déjà clairement affirmé à des journalistes en 1950. Il leur a même assuré que l’absence d’une telle opinion publique est « un vice, une infirmité, une maladie de la vie sociale. » Ce sont là des paroles fortes.

Une telle affirmation fut reprise dans différents contextes par le concile Vatican II. Ainsi, nous lisons dans le décret sur les moyens de communication sociale qu’il est nécessaire de soutenir une « presse honnête », c’est-à-dire « qui soit manifestement publiée dans l’intention de former, d’affermir et de promouvoir des opinions publiques conformes au droit naturel ainsi qu’à la doctrine et à la discipline catholiques, de diffuser et d’expliquer loyalement les nouvelles sur la vie de l’Église. Les fidèles doivent être avertis de la nécessité de lire et de diffuser la presse catholique pour se former un jugement chrétien sur tous les événements ».

Le principe même de la nécessité d’une telle opinion y est aussi nettement formulée : « Les opinions publiques exercent de nos jours une énorme influence sur la vie privée et publique des citoyens, à quelque milieu qu’ils appartiennent. Il est donc nécessaire que tous les membres de la société remplissent dans ce domaine aussi leurs devoirs de justice et de vérité. Ils emploieront les moyens de communication sociale pour concourir à la formation et à la diffusion de saines opinions publiques. »

On a donc reconnu l’existence de telles opinions publiques et leur nécessité aussi dans l’Église. Pourtant les auteurs de cet écrit n’ont pas pu percevoir en 1965 comment cette question est cruciale. Les médias de communication étaient alors fort peu nombreux à comparer avec ce que nous vivons aujourd’hui. Aussi ni le Vatican ni les évêques de retour dans leurs diocèses n’ont pu développer cette opinion publique ecclésiale forte et dynamique.

† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau
(1er texte d'une série de 4)

samedi 18 août 2012

Les sentiers de ma vie

Lors d’un anniversaire à Champboisé, l’équipe responsable de ce centre de ressourcement m’a offert un bâton de marche que je nomme : « mon bâton de pèlerin ». Quand il me soutient lors de mes randonnées dans les divers sentiers de Champboisé, il me stimule à méditer sur ma vie spirituelle de vagabond errant depuis bien longtemps dans les divers sentiers de ma vie.

Le « sentier des marais » qui serpente à travers un marécage évoque pour moi tous ces temps où j’ai pataugé sans trop savoir où je voulais aller et comment je pourrais bien orienter ma vie humaine et chrétienne. Je me suis tellement demandé quelle était ma mission dans ce monde! Dans ce sentier, j’ai rencontré « la balançoire ». C’est un bon lieu pour bercer mes hésitations et reprendre un peu de souffle afin de continuer mes recherches. Puis je suis abouti au « sentier de la coulée ». La marche devient plus facile, même si bien des obstacles risquent d’arrêter mon errance pour m’obliger à trouver comment passer ces obstacles.

J’ai parcouru une fois seulement le « sentier des jeunes ». Il cache vraiment beaucoup d’obstacles, qui sont autant de défis pour se rendre jusqu’à la prairie où il débouche! Les pentes sont abruptes et souvent inattendues. Parfois, au haut d’une petite montagne se laisse voir un horizon qui redonne souffle et courage pour continuer. Il aboutit enfin tout près de la statue de « Notre-Dame de Champboisé », qui est là, m’attends toujours maternellement où que je sois errant pour m’indiquer quelque chemin de liberté et de vie neuve.

J’ai été plusieurs fois tenté par le « sentier des lièvres ». Il vagabonde sous un feuillu assez dense, qui parfois donne le goût de s’arrêter, d’autres fois l’envie de se lancer à la course. Ses recoins imprévus font craindre l’apparition d’ennemis inattendus et indésirables. Il faut toujours être aux aguets. Quelque renard peut toujours être proche!

Errant ainsi de sentier en sentier, je longe souvent des ermitages. J’aime alors imaginer que depuis l’ouverture de ces lieux de silence et de retrouvailles avec soi-même, beaucoup de personnes y ont vécu quelque découverte comme celle qu’évoque W. Paul Young dans son roman intitulé Le Shack. Nos angoisses et les drames de nos vies nous poussent à chercher la rencontre avec Celui qui seul peut nous en libérer en nous attirant à Lui  et en nous faisant expérimenter quelque chose de sa tendre fidélité et de son amour toujours miséricordieux et bon.

Une salle de rencontre occupe le milieu d’une des prairies. Même plongés dans le silence, nous avons besoin de rencontrer quelqu’un qui peut nous accueillir, nous écouter, nous réconforter, nous orienter, nous relancer dans notre recherche spirituelle et humaine. Nous avons besoin d’une petite communauté de prière, d’écoute de la Parole, de réconfort mutuel.

Je n’oublie pas bien sûr le « vieux chemin » qui avec la « maison ancestrale » évoque l’histoire de ce lieu depuis plus de cent ans, nous laissant le loisir d’en imaginer les joies et les peines. Puis il y a le « mont du silence » toujours disponible pour une montée vers la recherche de plus haut, la « grande prairie » qui invite à sentir le parfum des fleurs, à admirer le vol gracieux des hirondelles, à contempler la forêt qui de toutes parts nous entoure. Tous les sentiers aboutissent à « l’accueil » si nécessaire à nos vies errantes. Là, des personnes dévouées répondent à nos besoins, nous montrent où se trouve « le pain du jour », nous fournissent quelque plan de marche, offrent quelques lectures et des sessions de ressourcement spirituel de toutes sortes.

Tous ces sentiers, par un chemin ou un autre, conduisent aussi à une source, cette source qui pour moi est toujours un rendez-vous avec Jésus, celui qui a crié à tous ceux qui ont soif : « Viens, et je te donnerai une eau vive qui deviendra source en ton cœur. »

J’aime aller errer, prier ou dormir en ce lieu. Il est pour moi une sorte de parabole de ma vie.

† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

dimanche 12 août 2012

La nécessité vitale de l’auto-modération

Avec cette affirmation, je ne pense pas à la modération dans les sports, ou dans le langage employé dans les débats politiques, ou lors de la conduite automobile. Je pense à la modération à développer dans nos relations avec notre environnement.

Je viens de relire un texte, qui date de l'an 2000, du cardinal Martini. J'y trouve une réflexion d’une grande actualité sur le présent sujet. Selon ce penseur, la crise écologique consiste « en un déséquilibre entre les rythmes des temps biologiques et les temps imposés par l’homme. En effet, l’homme peut modifier de manière rapide et irréversible, par les moyens technologiques et scientifiques dont il dispose, ce que la nature a produit en l’espace de plusieurs millénaires quand ce ne sont pas des millions d’années ».

Il suffit de penser à toutes ces espèces de vie produites en particulier dans les grandes forêts amazoniennes ou équatoriales. C’est prodigieux, mais fragile. Les coupes de bois imposées par le désir immodéré d’un profit rapide, ou les feux de grande envergure provoqués par un besoin non contrôlé de terres pour les pâturages, peu à peu détruisent irrémédiablement ces richesses et font disparaître à vive allure des milliers d’espèces végétales et animales. La surpêche conduit à de semblables conséquences pour la multitude de variétés des poissons et autres fruits de mer. Et pensons à l’air vicié par les émanations de gaz, nos environnements immédiats noyés dans nos déchets. Il serait facile de continuer une telle énumération.

Martini en conclut : « Une utilisation sobre des possibilités techniques devient de plus en plus urgente et nécessaire pour tous, du fait du processus croissant de globalisation ». S’impose une mondialisation de la solidarité et de la conviction que le destin de toute notre planète est rattaché au nôtre et que les liens qui nous y unissent sont vitaux pour nous aussi.

Nous sommes toujours portés à nous dire que de telles situations nous dépassent. Pourtant il me semble que cette prise de conscience peut nous inciter à une auto-modération dans nos propres façons de vivre (par exemple recyclage, usage de biodégradables, etc.), dans un souci de la qualité de vie de tous et pour tous. Des petits gestes quotidiens renouvelés et mis en réseau vont former un vaste filet capable de protéger notre avenir qui est solidaire de l’avenir des autres vivants autour de nous.

† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

mercredi 8 août 2012

Mon GPS

Je n’ai pas de système de guidage par satellite (GPS) dans mon auto. Je me débrouille en fait assez bien avec quelques bonnes cartes routières, parfois un regard sur Google Earth. Et quand je suis égaré, il se trouve toujours sur le bord du chemin quelque bon samaritain pour me remettre sur la bonne route.

Mais j’ai besoin d’un bon GPS pour un autre voyage : celui de ma vie. Car il m’arrive souvent d’oublier le but de mon voyage intérieur. D’autres fois, je néglige les repères ou refuges qui me permettraient de refaire le plein d’énergies spirituelles, de calmer ma faim de sens et de raisons de vivre, ou simplement de me reposer avant de reprendre le voyage. Il m’arrive même que je ne sois plus capable de me situer dans mon itinéraire spirituel : d’où je viens? où j’en suis? où je m’en vais?

Alors je suis très fier de mon GPS. Il porte une marque vraiment unique : l’Esprit. Il n’est pas alimenté par un simple satellite qui doit lui-même tirer son énergie d’ailleurs. Il me branche sur la Source même de mon intelligence, de mon cœur, de mes sentiments, en somme de ma vie : Jésus le Ressuscité, lui-même solidement fixé à l’Origine de tout, qui est lumière et vie pour notre monde et pour moi, Celui qui m’aime.

Ce sont bien le Père et Jésus qui m’ont offert ce GPS par une très habile publicité : « Quand il viendra, lui, l'Esprit de vérité, il vous introduira dans la vérité tout entière; car il ne parlera pas de lui-même, mais ce qu'il entendra, il le dira et il vous dévoilera les choses à venir ». (Jean 16, 13-14J’ai été ainsi attiré à consentir à l’accueillir. En fait, il est gratuit. La difficulté c’est d’en venir à vraiment lui faire confiance et à me laisser guider par lui à travers les méandres, les solitudes, les noirceurs et les obstacles du chemin de ma vie. Mon défi c’est de m’en remettre sans condition, avec toute ma vie, ma destinée et mon bonheur à ce système de guidage spirituel qu’est l’Esprit.

En fait, dans le livre d’instruction pour son usage il est présenté sous deux aspects. On le nomme d’abord : l’Esprit-Saint. C’est alors une énergie vitale, spirituelle, divine, qui habite en moi et demeure avec moi. Il est lumière de mon intelligence, chaleur de mon cœur, sensibilité intime de mon esprit. Il est ouverture de tous mes sens intérieurs. Il fait que j’ai des yeux spirituels pour voir les merveilles divines, des oreilles spirituelles pour entendre les murmures intimes et les soufflés à peine perceptibles, une bouche spirituelle pour répondre aux appels à vivre plus, un nez spirituel pour être enivré des parfums divins qui attirent et enivrent, un goût spirituel pour discerner ce qui est bon et ce qui est mauvais, un toucher spirituel pour percevoir les moindres orientations ou corrections venant de Celui qui est mon origine et mon but.

Esprit de vérité qui m’enseigne comment vivre en enfant de Dieu et viser le but de ma vie, mon GPS s’appelle aussi : un Paraclet. Cette fois, il agit de l’extérieur de moi, comme un avocat qui me conseille, m’indique les obstacles sur mes chemins, me révèle les ennemis qui me guettent dans les tournants obscurs, témoigne en ma faveur quand on m’attaque. Personnellement, je considère qu’il est nécessaire dans le monde que nous vivons. Il y a bien des résistances devant qui veut marcher à la suite de Jésus, suivre ce chemin sans défaillir. Il y a tellement de tentations de camoufler sa foi, d’en avoir honte, de faire toutes sortes de compromis qui finalement risquent de rendre la foi chrétienne très fade. Un bon conseiller est nécessaire vraiment!

Il me faut bien reconnaître que souvent mon GPS a de la difficulté à me garder dans le bon chemin. Il est obligé de me réveiller quand je m’endors, me réorienter quand je dérape vers des voies sans issues ou vers des raccourcis qui sont en fait des culs-de-sac. Mais il est bien patient et tenace : il ne me lâche pas. En somme, j’en suis satisfait, très fier. C’est une bonne marque!

† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

samedi 4 août 2012

La sècheresse

Tous les médias régionaux nous parlent ces jours-ci de la sècheresse qui sévit actuellement ici. Les répercussions sont déjà énormes sur les diverses cultures. Ce manque de pluie a aussi toutes sortes d’effets, entre autres sur les poissons et l’environnement. D’autres pays, comme les États-Unis et la France par exemple, vivent actuellement de semblables phénomènes. Et que dire des spéculations qui se font alors sur les prix des denrées de base tels que le riz ou le blé! Sans parler du refus de mettre sur le marché certaines denrées, mais plutôt de les détruire pour ne pas faire chuter les prix!

Devant cette rareté aux effets incalculables, nous sommes effrayés et prenons soudain conscience de l’angoisse que peuvent provoquer de tels évènements. Alors, nous pouvons commencer à ouvrir les yeux et les oreilles de nos cœurs à ce que nous voyons et entendons souvent à la télévision. Des populations entières du globe meurent de faim à cause de la sècheresse, sans parler des guerres qui s’ajoutent souvent à cette catastrophe.

Je pense à l’Afrique. Les sables du Sahara envahissent d'immenses territoires, étendant sans fin le désert. Le Sahel est frappé de sècheresses et donc de famines endémiques. Des images de femmes et d’enfants décharnés, errants ici et là ou bien réfugiés dans des camps de fortune, passent et repassent sur nos écrans. Y sommes-nous habitués au point de ne plus voir les drames terribles qui s’y vivent?

Certes, ce phénomène n’est pas nouveau. La Bible en parle très souvent. Rappelons-nous l’histoire de Joseph vendu par ses frères qui devient d’abord esclave en Égypte puis le gérant du blé dans tout le pays afin d’amasser des réserves en cas de sècheresse et donc de famine. Ce phénomène a une longue histoire, les causes en furent souvent examinées et diverses solutions sont proposées.

Notre planète serait capable de nourrir ses sept milliards d‘habitants. Le problème en est un de distribution et d’acceptation de s’ouvrir les mains et le cœur pour partager. Mais nous sommes toujours tentés de nous justifier de ne rien faire en nous disant : « Ce phénomène me dépasse. Je n’y peux rien! » Certes, des causes très larges et souvent structurelles sont en jeu. Mais la solidarité de la mondialisation peut faire une différence.

Par exemple, pourquoi ne pas économiser un peu sur nos dépenses inutiles et nos repas exagérés pour donner un peu de notre superflu aux pays dans le besoin? Les évêques canadiens ont mis en place dans ce but Développement et Paix. Des millions de gestes de partage changeraient notre monde en arrachant des familles entières à la misère et à la mort. C’est un geste simple mais qui met en œuvre notre sens de la justice et notre sensibilité humaine. Pourquoi ne pas passer à l’acte?

Toutefois, cela ne suffit pas. Nos gouvernements ont des responsabilités mondiales dans ce domaine. Depuis des années, ils y sont de moins en moins généreux, et quand ils s’engagent c’est trop souvent avec une visée économique pour favoriser notre commerce et donc pour que notre argent nous revienne. Nous avons une responsabilité dans ce domaine aussi, car notre gouvernement doit représenter et traduire notre vision d’une humanité qui se veut solidaire et en paix grâce à un développement harmonieux.

† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

mercredi 1 août 2012

Notre guide pour un « pèlerinage » marial

J’ai été invité par le sanctuaire Notre-Dame-de-Lourdes de Vanier à animer un bref « pèlerinage » de prières communautaires à l’occasion de la fête de l’Assomption. J’ai accepté avec joie ce défi, sachant que cette fête est très chère, non seulement aux Acadiens, mais aussi à beaucoup de personnes de tout âge ou condition ici dans la région.

J’ai répondu d’autant plus favorablement à cette demande que je me suis dit que la véritable animatrice de ce bel évènement serait « Marie, la guide de notre pèlerinage de la foi ». Je sais par expérience que c'est là une excellente guide. Elle connaît bien Jésus son Fils. Elle nous connaît bien nous aussi, celles et ceux que Jésus lui a confiés dans son testament du haut de la croix.

Voici un aperçu du programme de ce « pèlerinage » qui se déroulera du 12 au 15 août sur le site du sanctuaire à Ottawa. Du 12 au 14, il y aura à 15 h des prières mariales au cours desquelles le chapelet sera commenté et prié.  Le jour de l'Assomption, le 15 août, il y aura une messe à 15 h avec bénédiction des malades et à 20 h ce sera la messe solennelle suivie d'une procession aux flambeaux. Pour les autres soirs, à 19 h, il y aura une messe avec enseignement sur Marie, son rôle dans la vie de Jésus et dans la nôtre.

Le tout sera vécu en plein air s’il fait beau. C’est là une belle occasion de reprendre souffle dans l’élan de l’Esprit, de mieux goûter l’amour de Dieu le Père pour nous, de mieux connaître Jésus et apprécier encore plus le grand don qu’il est dans nos vies et nos engagements de toutes sortes.

C’est un rendez-vous à ne pas manquer.

† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau