mercredi 29 mai 2013

Invitation - Webinaire en direct sur les quatre constitutions de Vatican II

J’ai enregistré dix exposés concernant ces quatre documents conciliaires. Vous trouverez ces documents sur le site Internet de l’Université St-Paul d’Ottawa.   

Le 6 juin prochain, je vous invite donc à un dialogue en direct au sujet de ces quatre Constitutions du Concile Vatican II (L’Église, La liturgie, La révélation et sa transmission, L’Église dans le monde de ce temps).

Je suggère que vous écoutiez mes exposés et lisiez les textes au préalable. Ainsi nous pourrons développer un dialogue constructif lors du Webinaire.  Ce Webinaire se déroulera en deux parties le 6 juin prochain :
  • Première partie  11 h à 11 h 45
  • Deuxième partie 13 h 15 à 14 h
Et vous pouvez aussi aller puiser dans la quarantaine de textes sur Vatican II que j’ai mis en ligne sur mon blogue depuis un an.  Bon printemps. La vie est plus forte que la mort!

† Roger Ébacher                    
Évêque émérite de Gatineau

dimanche 26 mai 2013

Relire l’histoire de Vatican II

Le Concile Vatican II peut sembler bien loin. En cinquante ans, il s’est passé tellement d’événements qui ont bouleversé notre planète. Pourtant, ces mouvements étaient alors déjà en marche dans notre histoire : recherche de la paix, décolonisation, formation de nouveaux états, mondialisation. Les évêques catholiques en concile ont réfléchi à ces phénomènes et surtout à ce qu’est l’Église dans ce monde et pour ce monde que Dieu aime.

Pour avoir une idée de ce que fut cet événement unique dans l’histoire religieuse mondiale du XXème siècle, je vous invite à aller sur le site de l’Université St-Paul d’Ottawa, Canada. Vous y trouverez le premier de mes dix exposés sur ce concile. Voici le lien.

Bonne écoute et fructueuse lecture. C‘est une invitation à une mise à jour intéressante et une stimulation à réfléchir aux impacts toujours actuels de Vatican II.

† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

vendredi 24 mai 2013

François, le témoignage et les pauvres

L’Évêque de Rome François a fait un magnifique exposé à la veillée de Pentecôte. C’est à lire!

On l’invite à répondre à quatre questions. Il commente avec candeur : « Je connaissais vos questions et j’y ai pensé — cela n’est donc pas sans avoir pris connaissance! D’abord, la vérité! Je les ai écrites ici. » Il répond dans un style direct, simple, lumineux.  Il donne son propre témoignage de foi. « J’ai reçu la première annonce chrétienne précisément de cette femme, de ma grand-mère! C’est très beau, cela! La première annonce à la maison, avec la famille! Et cela me fait penser à l’amour de tant de mères et de grands-mères dans la transmission de la foi. »

Puis il a vécu un moment unique à l’âge de 17 ans. Avant de se rendre à une fête étudiante, il passe se confesser. « Cela a été pour moi une expérience de rencontre : j’ai trouvé quelqu’un qui m’attendait. Mais je ne sais pas ce qu’il s’est passé, je ne me souviens pas, je ne sais vraiment pas pourquoi c’était ce prêtre-là, que je ne connaissais pas, pourquoi j’ai ressenti ce désir de me confesser, mais la vérité est que quelqu’un m’attendait. Il m’attendait depuis longtemps. Après la confession, j’ai senti que quelque chose avait changé. Je n’étais plus le même. »

Mais je vous laisse lire le reste : ça en vaut la peine. François nous invite à sortir d’une Église close avec tous les risques que ça présente, à aller vers les plus pauvres et à oser les regarder amicalement dans les yeux, à leur parler, à les toucher.

† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

jeudi 23 mai 2013

Vatican II : comment servir le monde à la manière de Jésus?

Le texte conciliaire sur l’Église dans le monde de ce temps a voulu ouvrir l’Église au monde d’aujourd’hui, ce monde tendrement et fidèlement aimé de Dieu (Jean 3,16). Que visait-il? Les Pères conciliaires sont allés dans la ligne demandée par Jean XXIII lors de l’ouverture du concile et fermement reprise par Paul VI dans sa première encyclique « L’Église doit entrer en dialogue avec le monde dans lequel elle vit. L’Église se fait parole; l’Église se fait message; l’Église se fait conversation » (par. 67).

« Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n'est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur. […]  La communauté des chrétiens se reconnaît donc réellement et intimement solidaire du genre humain et de son histoire. » (par. 1)

Ce fut le chemin suivi par le Verbe de Dieu qui s'est Lui-même fait chair et est venu habiter la terre des hommes. Il est entré dans l'histoire du monde. Il nous enseigne que la loi fondamentale de la perfection humaine, et donc de la transformation du monde, est le commandement nouveau de l'amour. Suivant ce chemin, nos efforts qui tendent à instaurer une fraternité universelle ne sont pas vains.

L’Église catholique avait, au début du concile en 1962, de la difficulté à communiquer avec le monde réel, concret, historique de son temps. Elle était tentée de rester dans ses murs en se sentant assiégée et de succomber ainsi à la peur de l’autre. Jean XXIII l’a interpelée fortement.

Le Concile nous propose encore aujourd’hui les attitudes de témoignage, de solidarité et de service. En développant ces trois attitudes, nous pouvons humblement être ce que Jésus nous demande : « le sel de la terre et la lumière du monde » (Matthieu 5, 13-14). C’est là un appel missionnaire pour chez nous. C’est la mission de savoir que l’Esprit nous a précédés dans ce monde. Il faut en reconnaître les valeurs, en détecter les limites et indiquer avec l’Évangile des chemins d’avenir dans une espérance jamais naïve, mais jamais pessimiste, car « Dieu aime ce monde » Jean 3,16). Dieu a créé ce monde, Dieu a racheté ce monde, Dieu nous précède par son Esprit dans ce monde.
(44e et dernier texte de la série sur Vatican II)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

jeudi 16 mai 2013

Vatican II et l’accueil des dons de l’Esprit

Nous n’avons souvent qu’une vague idée de ce que le Concile nous a demandé comme accueil, reconnaissance et mise en marche en Église des divers dons, charismes et ministères donnés par l’Esprit aux différents membres de la communauté. Relire certains de ces textes peut et doit encore nous interpeler.

Mais c’est surtout le document sur l’Église qui nous incite à recevoir les services, ministères, fonctions et charges semées diversement par l’Esprit dans l’Église et dans le monde. « Unique est l’Esprit qui distribue ses dons variés pour le bien de l’Église, à la mesure de ses richesses et des exigences des services. » (par.7). Ou encore :  « En outre, le même Esprit-Saint non seulement sanctifie le Peuple de Dieu, le conduit et l’orne de vertus au moyen des sacrements et des ministères mais, ‘en distribuant à chacun ses dons comme il lui plaît’ (1 Co 12,11), il dispense également, parmi les fidèles de tout ordre, des grâces spéciales qui les habilitent à assumer des activités et des services divers, utiles au renouvellement et à l’expansion de l’Église, suivant ces paroles : ‘À chacun la manifestation de l’Esprit est donnée en vue du bien commun’ (1 Co 12,7) » (par. 12).

Au début du développement sur les laïcs, le texte (par. 30) affirme que les prêtres savent « combien les laïcs contribuent au bien de toute l'Église; et ils savent qu'eux-mêmes n'ont pas été institués par le Christ pour assumer à eux seuls toute la mission salvatrice de l'Église envers le monde, mais qu'ils ont la charge sublime de paître si bien les fidèles, de si bien reconnaître chez eux les ministères et les charismes, que tous coopèrent à leur mesure et d'un même coeur à l'œuvre commune. Car il faut que tous "vivant selon la vérité et dans la charité, nous croissions de toute manière vers Celui qui est le Chef, le Christ, dont le Corps tout entier reçoit concorde et cohésion par toutes sortes de jointures qui le nourrissent et l'actionnent selon le rôle de chaque partie, opérant ainsi sa croissance et se construisant lui-même dans la charité" (Eph. 4, 15-16). »

Et le concile (par. 32) cite Paul : « De même, en effet, que notre corps en son unité possède beaucoup de membres et que ces membres n'ont pas tous la même fonction, ainsi nous à plusieurs, nous ne formons qu'un seul corps dans le Christ, étant, chacun pour sa part, membres les uns des autres » (Rom. 12, 4-5). […]  « Car la diversité même des grâces, des ministères et de l'action rassemble en un seul tous les fils de Dieu, puisque "c'est un seul et même esprit qui opère toutes ces choses" (1 Cor. 12, 11). »

Puis le texte précise (par. 33) : « L'apostolat des laïcs est donc une participation à la mission salvatrice de l'Église elle-même. Cet apostolat, tous y sont destinés par le Seigneur lui-même en vertu de leur baptême et de leur confirmation. Les sacrements, et en particulier la sainte Eucharistie, communiquent et alimentent cet amour envers Dieu et envers les hommes qui est l'âme de tout l'apostolat. […]  Outre cet apostolat qui incombe à tous les fidèles sans exception, les laïcs peuvent également être appelés, de diverses manières, à collaborer plus immédiatement à l'apostolat de la hiérarchie, à l'instar des hommes et des femmes qui aidaient l'apôtre Paul à évangéliser, et peinaient beaucoup dans le Seigneur (cf. Phil. 4, 3; Rom. 16, 3 ss). Ils sont, en outre, susceptibles d'être appelés par la hiérarchie à exercer certaines tâches ecclésiastiques dans un but spirituel. »

Ces textes et bien d’autres encore nous rappellent que c’est Jésus Ressuscité qui continue son ministère dans et par l’Église, son Corps diversifié et unifié, par l’Esprit qui sans cesse donne à la communauté ce qu’elle a besoin pour vivre en abondance et pour accomplir sa mission. Accueillons-nous ces dons avec joie, sans jalousie et sans fermetures sur nos habitudes et nos chasses-gardées? Les reconnaissons-nous? Les encourageons-nous, les développons-nous en les nourrissant de l’Écriture, des sacrements, de la fraternité, de la solidarité, de la consolation, de la guérison nécessaire lors des blessures? (voir la grande exhortation de saint Paul : 1 Co 12, 4-27).
(43e texte d’une série sur Vatican II)
† Roger Ébacher
Évêque de Gatineau

lundi 13 mai 2013

Vatican II et la Parole de Dieu chez nous

Nous trouvons dans la constitution de Vatican II sur « La révélation divine » des enseignements d’immense portée pour notre vie en Église. Un texte me touche particulièrement: Dans les Livres saints, le Père qui est aux cieux s'avance de façon très aimante à la rencontre de ses fils, engage conversation avec eux; une si grande force, une si grande puissance se trouve dans la Parole de Dieu, qu'elle se présente comme le soutien et la vigueur de l'Église, et, pour les fils de l'Église, comme la solidité de la foi, la nourriture de l'âme, la source pure et intarissable de la vie spirituelle. Aussi valent-elles de façon magnifique pour l'Écriture Sainte, ces paroles: “La parole de Dieu est vivante et efficace” (Héb. 4, 12); “elle a la puissance de construire l'édifice et de procurer aux fidèles l'héritage avec tous les sanctifiés” (Act. 20, 32; cf. 1 Thess. 2, 13) » (par. 21).

Je reçus un jour la très grande grâce de goûter la douceur de la Bible. Et ce désir est sans cesse en moi plus brûlant de mieux comprendre tous ces récits par lesquels Dieu dit aux humains son grand plan de salut, les abîmes de sa miséricorde et les générosités de sa tendresse pour tout être humain, et en particulier pour les plus petits, les plus humiliés, les plus rejetés ou marginalisés. C’est une grâce à sans cesse demander avec insistance et foi.

Peut aussi nous interpeler le lien infrangible la « Table de la Parole et de la Table du Pain ».  Le document sur la Révélation (par. 21) affirme : « L'Église a toujours témoigné son respect à l'égard des Écritures, tout comme à l'égard du Corps du Seigneur lui-même, puisque, surtout dans la Sainte Liturgie, elle ne cesse, de la table de la Parole de Dieu comme de celle du Corps du Christ, de prendre le pain de vie et de le présenter aux fidèles ».  Paroles et Corps eucharistique sont un unique Pain de vie servi aux fidèles pour la vie du monde! Est-ce vrai que chez nous les Écritures et le Corps du Christ reçoivent les mêmes honneurs? Comment traitons-nous les Écritures durant nos célébrations et en dehors des eucharisties.

Un autre aspect fort actuel est le rappel que les Écritures doivent sans cesse nourrir et guider tout l’enseignement de la foi, qu’il s’agisse des homélies, de divers enseignements et en particulier de catéchèses en vue de l'initiation à la vie chrétienne et à l'éducation permanente de la foi. « Il faut que l'accès à la Sainte Écriture soit largement ouvert aux chrétiens » (par. 22). L’Écriture est fondement, source et âme de toute activité pastorale comme de toute vie chrétienne.  Acceptons-nous de donner suffisamment de temps pour connaître, goûter les Écritures et les servir adéquatement aux enfants, aux jeunes et à toute personne au cœur ouvert à l’Esprit?

Je me réjouis toutes les fois que je reçois des témoignages de personnes qui découvrent avec émotion les lumières et les forces des Saintes Écritures dans leur vie, leur famille, leur communauté chrétienne. L’Écriture est un trésor qui nous est confié, mais qui est destiné à tous les humains. Quelle responsabilité et quelle mission! Puisse l’Esprit nous y conduire!
(42e texte d’une série sur Vatican II)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

mardi 7 mai 2013

25 ans en Outaouais (suite)

Les kilométrages se sont accumulés : Charlevoix, Québec, Montréal. Comme j’en avais pris l’habitude durant mes très longs voyages, seul en automobile sur la Côte, j’ai beaucoup prié. Tout devant moi était inconnu : les personnes, les routes, les villages et villes, la nature. Ces heures de méditations ont permis une ventilation de mes sentiments, passant de la reconnaissance envers le passé à l’interrogation et même la peur devant l’avenir. Que de fois, j'ai deviné Quelqu’un au fond de mon cœur me répétant : « Ne crains pas, je suis avec toi! »

L’approche de l’Outaouais fut troublante, pleine de signes indéchiffrables. Le soir approchait. Je roulais vers l’Ouest. Un peu avant Lachute, le ciel s’est obscurci, de gros nuages se sont accumulés. Peu à peu, je suis entré dans une tempête : bourrasques, fortes pluies, même de la grêle. J’en fus effrayé! Mais il fallait continuer mon chemin.

Et voilà qu’à l’approche des limites du diocèse, le vent chasse les nuages, le ciel peu à peu se dégage, trois « volliers » d’outardes indiquent le chemin vers ces terres déjà ensemencées. L’horizon s'est coloré d’un rouge feu du soleil couchant. Je me suis souvenu : « Une Église, c’est toujours au printemps! » J’ai souri!

En entrant dans le territoire diocésain, j’ai cherché un premier contact. Car je ne connaissais pas la route pour me rendre à la résidence de l’évêque! J’arrête à Fassett, à ce qui me semble un presbytère. On me dit : « Pas de curé résidant ici! Allez au prochain village, Montebello. » J’ai eu un accueil chaleureux et reçu la route à suivre pour trouver mon gîte ce soir-là!

Il me restait quelques jours avant la prise en charge de mon ministère, fixée au 6 mai, fête liturgique du Bienheureux François de Laval, premier évêque de Québec. J’ai commencé mon apprivoisement. J’ai découvert une source près d’un bois, un monastère silencieux, des gens qui cherchent le bonheur et l’amour dans le dur combat de la vie.

J’ai retrouvé le goût de vivre ce que j’ai si souvent proclamé dans le passé : « Dis ta foi! Elle fleurira! » Mais était toujours dans mon cœur la question qui y a jailli avec force après l’appel téléphonique de la fin de mars 2008 : « Comment cela se fera-t-il? »

Le 6 mai, lors de la célébration ouvrant mon ministère épiscopal ici, l’Évangile était un extrait de Jean « Ce n'est pas vous qui m'avez choisi, c'est moi qui vous ai choisis et établis afin que vous partiez, que vous donniez du fruit, et que votre fruit demeure. Alors, tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous l'accordera. Ce que je vous commande, c'est de vous aimer les uns les autres. » Le carnet de charge était clair.

J’ai œuvré de tout cœur durant ces années. Surtout, le Seigneur Jésus Ressuscité par son Esprit a été fidèle à ses promesses. Il a su traduire dans les faits certaines paroles que j’avais gravées dans mon cœur: « Tu te fatigueras, mais ne tomberas pas »; « Tu feras des faux-pas, mais sans chuter ». Oui, il est fidèle, lui qui dit : « Je te sauverai et tu seras bénédiction. » Qu’ajouter au sujet de ces années?   Rien d’autre que : « Le Seigneur est bon. Éternel est son amour ».

J’ai servi ce Peuple jusqu’au 30 novembre 2011. Depuis, je suis à la retraite et j’y suis heureux. Je continue un service plus discret, mais qui répond à mes aspirations pour semer à tous les vents la Parole de Dieu.

†Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

dimanche 5 mai 2013

25 ans en Outaouais

Le 6 mai marquera le vingt-cinquième anniversaire du début de mon service comme évêque du diocèse de Gatineau. À l’approche de cet anniversaire, bien des souvenirs viennent se bousculer dans la mémoire de mon cœur.

J’étais évêque à Baie-Comeau depuis près de dix ans, y ayant été ordonné évêque le 31 juillet 1979. Ces années furent intenses avec un peuple que j’ai appris à connaître et à aimer dans sa riche variété. Ce fut une belle histoire d’amour.

Le nonce apostolique, au début de la semaine sainte 1988,  me rejoint par téléphone dans l’usine de bouletage de fer de Pointe-Noire, où j’étais en visite pastorale. Il m’annonce que je suis nommé au siège épiscopal de Hull. Ce fut un choc! Je n’avais jamais pensé à une telle possibilité.

Malgré l'émotion très forte du moment et le bruit dans une telle usine, mon réflexe fut en harmonie avec ce que je répétais dans ma prière depuis tant d’années : « Fais de moi ce qu’il te plaira… » Je suis allé vivre une retraite à Oka. J’ai mis de l’ordre dans les dossiers. J’ai fait mes bagages.

Le 25 avril, fête de saint Marc l’évangéliste, j’ai pris congé de la communauté de Baie-Comeau. La cathédrale était pleine. Ce fut une célébration pleine d’émotions et de vive chaleur ecclésiale dans l’amitié. Je me rappelle l’homélie : ce fut une communication  très intense. Malgré les nombreux contacts et les incessantes communications vécues durant neuf ans avec les populations de ce territoire (visites multiples, radio, télévision, textes sur les journaux, etc.), je sentais ne pas avoir eu le temps d’offrir à ce Peuple de Dieu de la Côte-Nord l’Évangile dans sa beauté et sa vitalité. Je partais avec une sorte d’insatisfaction dans le cœur.

Mais, sans doute inspiré par l’évangéliste Marc, je voulais regarder vers l’avenir : « Va où je t’envoie. » Très tôt le lendemain matin, je quittais Baie-Comeau pour Hull, avec mes bagages dans la voiture et au cœur une tempête d’émotions entrechoquées. Ce fut une très longue journée!

Pendant deux heures et trente environ, j’ai traversé village après village, jusqu’à Tadoussac. Que de souvenirs en chaque lieu! En passant à Betsiamites puis à Escoumins, je me suis rappelé l’accueil toujours si chaleureux que les groupes de la nation innue m’ont réservé, partageant dans la confiance fraternelle foi, prière, joies, peines, espoirs.

Puis le Saguenay marquait la frontière. Sur le traversier, j’ai longuement regardé en arrière. J’ai remercié, rendu grâces, et confié ce Peuple à la tendresse de Dieu et à la force de la Parole. Puis je me suis tourné vers l’autre rive.

†Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau
(à suivre)

vendredi 3 mai 2013

Vatican II et la qualité de nos célébrations

La Constitution sur la Sainte Liturgie de Vatican II a profité du renouveau liturgique de la première moitié du siècle dernier. Et elle nous enseigne le mystère de la liturgie comme actualisation de la présence et de l’activité du Christ Jésus dans la vie de l’Église. On y apprend en particulier la signification profonde et la nécessité de la célébration eucharistique dans l’Église pour sa vie intime et pour sa mission. Le Christ Jésus dans son mystère pascal est l’acteur essentiel de toute liturgie. Et alors, « toute célébration liturgique, en tant qu'œuvre du Christ prêtre et de son Corps qui est l'Église, est l'action sacrée par excellence dont nulle autre action de l'Église ne peut atteindre l'efficacité au même titre et au même degré. » (par.7)

Le concile a insisté sur la nécessité d’une participation active, pieuse, fructueuse, pleine, consciente et communautaire de l’assemblée (principe souvent répété : art. 11, 14, 21, 30, 48). D’où l’application suivante : « Dans les célébrations liturgiques, chacun, ministre ou fidèle, en s'acquittant de sa fonction, fera seulement et totalement ce qui lui revient en vertu de la nature de la chose et des normes liturgiques. » (art.28) Basé sur le baptême de chaque membre de l’assemblée, Peuple de Dieu, Corps du Christ et Temple de l’Esprit, ce principe doit guider nos évaluations de ce que nous vivons lors des diverses célébrations liturgiques.

Pendant 34 ans, comme évêque, je suis régulièrement allé de paroisse en paroisse pour y célébrer divers sacrements, et en particulier des eucharisties. Permettez-moi d’énumérer des façons de célébrer qui me donnent joie et grande espérance à chaque fois que je les vis dans les paroisses.

J’aime voir une sacristie propre et où diverses personnes sont à l’œuvre pour préparer et animer la célébration qui va commencer. J’apprécie d’y trouver des vêtements liturgiques convenables et qui couvrent les divers besoins de l’année liturgique. Je me réjouis de voir le missel et le lectionnaire préparés pour la célébration et des personnes pour les utiliser correctement.

Je me rends habituellement à l’entrée de l’église un peu avant la célébration. J’aime y voir un accueil bien organisé, où on est attentif aux nouveaux venus, aux personnes qui semblent ne pas connaître les lieux, aux plus pauvres. Pour le début d’une célébration, il me semble très bon d’entrer en procession avec des personnes, adultes et âgées, mais aussi jeunes, qui vont servir à l’autel, faire la lecture après une préparation adéquate, porter la croix de procession, le lectionnaire, quand ça convient (et pas seulement pour les funérailles!) l’encensoir allumé. Il est bon alors d’entrer en célébration avec un chant, soutenu par de la musique, exécuté par la chorale, mais aussi l‘assemblée soutenue par une animation adéquate et au besoin la projection des mots pour aider à en faire une vraie prière.

J’aime arriver à l’autel et constater que cette table n’est pas une sorte de « fourre-tout », mais bien respectée parce que symbolisant le Christ Jésus et donc réservée pour ce qui doit normalement y être pour la célébration, rien de plus. Les nappes et linges y sont propres de même que les vases sacrés.

Et voilà que la célébration se déroule avec une variété de ministères : servants, lectures, chantres, musicien, chorale, assemblée participante, prêtre correctement vêtu, atmosphère qui selon les décorations et couleurs reflète bien le temps liturgique vécu (Noël,  Carême, Pâques, etc.…). Et quelle chance (ou plutôt quel respect de l’assemblée!) quand en plus le microphone fonctionne bien et est bien ajusté!

Est-ce là un rêve? Non, car j’ai la joie de participer à certaines célébrations ainsi bellement vécues. Mais c’est aussi un rêve par lequel je prie l’Esprit de nous rendre capables de traduire encore mieux cette impulsion de Vatican II : « Dans les célébrations liturgiques chacun, ministre ou fidèle, en s'acquittant de sa fonction, fera seulement et totalement ce qui lui revient en vertu de la nature de la chose et des normes liturgiques. »
(41e texte d’une série sur Vatican II)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau