lundi 29 avril 2013

Vatican II : prends le livre, ouvre et lis

C’est le titre de dix exposés portant sur les quatre constitutions du concile Vatican II (L’Église, la Liturgie, la Révélation et sa transmission, L’Église dans le monde de ce temps). Enregistrées à l’université St-Paul d’Ottawa, elles sont maintenant disponibles sur le site de cette Université. 

Ce fut là un travail parfois ardu, car ces textes sont très denses. Mais nous ne perdons pas notre temps à les relire et à les confronter avec notre vécu en Église aujourd’hui. Je vous invite à entrer dans ce projet et à le faire connaître autour de vous.

Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

samedi 27 avril 2013

50 ans de vie diocésaine à Gatineau

Le 27 avril, cinquantième anniversaire de la fondation du diocèse de Gatineau, est une invitation à approfondir ce que nous sommes ensemble en Église locale. Le Concile Vatican II nous y guide dans son Décret sur la charge pastorale des évêques (par. 11).

« Un diocèse est une portion du Peuple de Dieu confiée à un évêque pour qu’avec l’aide de son presbyterium, il en soit le pasteur : ainsi le diocèse, lié à son pasteur et par lui rassemblé dans le Saint-Esprit grâce à l’Évangile et à l’Eucharistie, constitue une Église particulière en laquelle est vraiment présente et agissante l’Église du Christ, une, sainte, catholique et apostolique. »

Le concile définit un diocèse par les personnes qui y sont rassemblées en Peuple de Dieu, en Corps du Christ, en Temple de l’Esprit. Là « est vraiment présente et agissante l’Église du Christ. » Là aussi, le Peuple de Dieu accomplit sa mission d’être « un espace d’alliance » entre ce monde et son  Dieu qui l’aime avec fidélité.

L'Esprit, l'Évangile, l'Eucharistie et l'Évêque sont les agents et lieux du rassemblement ecclésial, affirme Vatican II.

C’est l’Esprit-Saint qui est l’agent principal de notre unité, rassemblant dans le même projet de Jésus nos diverses vocations, charismes et énergies. Il est le moteur, l’inspirateur, l’âme et le cœur de notre vie en Église. Il importe donc de le supplier tous les jours de « venir » dans nos engagements, nos pensées et nos désirs.

L’Évangile nous est offert dans toutes les cellules de ce Corps que nous formons en Église diocésaine. Sa proclamation met sur la table de nos cœurs une nourriture abondante et riche. Reçu en communauté, il est au cœur de notre Église une source jaillissante. Y buvant fréquemment ensemble nous parvenons à une intuition neuve du cœur de Dieu, de ses pensées de paix, de bonheur pour notre humanité, de ses priorités pour les petits.

L’Eucharistie, et particulièrement la messe du dimanche, nous construit en famille des enfants de Dieu. L'expérience ecclésiale séculaire nous apprend que « l'Eucharistie fait l'Église » et que « nous devenons qui nous y recevons ». Ce sacrement vécu en assemblée est dynamique et vivant : c’est le Vivant qui nous y convoque, nous y nourrit et nous envoie.

Vatican II a présenté l'Évêque comme l'acteur sacramentel, le pasteur, avec le presbyterium et en partenariat ou synodalité avec les autres fidèles, par lequel l'Esprit, l'Évangile et l'Eucharistie rassemblent cette portion précise du Peuple de Dieu. Il est le vicaire du Christ au cœur de l’Église locale. Le lien de communion avec lui est fondamental, comme le montre le fait qu’il est nommé à chaque eucharistie.

Une conscience assidûment entretenue de nos racines dans le cœur de Dieu et dans son plan de miséricorde sur notre monde nous protège d'oublier ce que nous sommes en Église et quelles sont nos raisons d'être. L’anniversaire de notre Église diocésaine est un appel à cette conversion, au retour à nos sources. C’est un moment de réveil de notre mémoire ecclésiale, nous invitant à nous redire en communauté d'où nous venons, qui nous sommes, pourquoi nous existons, où nous allons, quelles sont nos armes de combat, quelles sont les raisons de nous engager dans l'histoire humaine, de nous y compromettre et d'opter préférentiellement pour les plus blessés par la vie.

† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

mardi 23 avril 2013

Vatican II et notre souci des pauvres?

La constitution dogmatique sur l’Église est un texte fondamental. Il a été voulu par les Pères conciliaires afin de donner une puissante impulsion à un renouveau ecclésial par un ressourcement dans la Trinité sainte et par une nouvelle prise de conscience de son authentique nature de Peuple de Dieu, de Corps du Christ, de Temple de l’Esprit.

Paul VI, à Bethléem le 6 janvier 1964, a identifié le défi qui nous est posé encore aujourd’hui : « Nous devons assurer à la vie de l'Église une nouvelle façon de sentir, de vouloir et de se comporter; lui faire retrouver une beauté spirituelle sous tous les aspects  […] Il faudra un effort unanime auquel tous les groupements devront apporter leur collaboration. Que chacun entende l’appel que lui adresse le Christ par Notre voix ». Ce n’est sans doute pas par hasard que le pape a prononcé ces paroles dans ce lieu que Dieu a choisi pour venir vivre parmi les pauvres de la terre. Paul VI note bien qu’il fait ainsi écho à un appel pressant du Christ Jésus.

Les Pères conciliaires ont voulu que l’Église retrouve sa source, son centre, le cœur de sa vie : Jésus. C’est le Christ qui est la lumière des nations et l’Église en est l’instrument. L’Évangile est sa loi essentielle, pour éclairer sa vie, ses décisions et sa mission. Parmi les images variées dont se sert Vatican II pour évoquer le Mystère de l’Église, une a été surtout retenue : celle du Peuple de Dieu. Cette image nous interpelle et nous dérange! Que de fois je me fais dire que nous ne sommes pas encore dans une telle Église! C’est là une interpellation à sans cesse écouter dans le discernement, le courage et la patience.

Nous lisons dans le texte conciliaire sur l’Église cette affirmation fondamentale : « Le Christ a accompli son œuvre rédemptrice dans la pauvreté et la persécution; ainsi l'Église est-elle appelée à prendre la même voie pour communiquer aux hommes les fruits du salut. […] Le Christ a été envoyé par le Père “pour évangéliser les pauvres... guérir les cœurs brisés” (Lc 4, 18), “chercher et sauver ce qui était perdu” (Lc 19, 10). De même l'Église entoure tous ceux qu'afflige l'infirmité humaine; bien plus, elle reconnaît dans les pauvres et en ceux qui souffrent l'image de son Fondateur pauvre et souffrant, elle s'emploie à soulager leur détresse et veut servir le Christ en eux » (8). Il est affirmé que les évêques doivent  « inculquer aux fidèles l'amour (…) particulièrement des membres pauvres et souffrants, l'amour de ceux qui sont persécutés pour la justice »(23). Ou encore : « Quant à ceux qui sont accablés par la pauvreté, la faiblesse, la maladie et l'adversité, ou qui souffrent persécution pour la justice, qu'ils se sachant unis de façon particulière au Christ souffrant pour le salut du monde. Le Seigneur dans son Évangile les a proclamés bienheureux »(41).

Quel est notre accueil des pauvres du milieu ou des itinérants? Comment soutenons-nous efficacement les organismes qui aident les pauvres? Comment nous engageons-nous pour lutter contre les causes structurelles de la pauvreté chez nous et dans le monde?  Pourquoi ne pas prendre un temps d’évaluation dans chaque communauté ou groupe sur nos façons de vivre ou de garder en marge cette orientation évangélique et conciliaire?
(40e texte de la série sur Vatican II)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

lundi 15 avril 2013

Vatican II : qu’est-il devenu pour nous?

Le 25 janvier 1959, le Bon Pape Jean XXIII posait le geste prophétique d’annoncer la tenue d’un concile œcuménique. Cet évènement ecclésial nous a donné  seize documents, mais surtout un souffle, une orientation, un dynamisme. La prière préparatoire à ce Concile nous faisait demander une « nouvelle Pentecôte ». L’Esprit conciliaire souffle-t-il encore sur nous, sur notre communauté?

En cette année marquant le 50e anniversaire de la fin de cet évènement, il est opportun de nous poser des questions sur la façon dont nous avons vraiment reçu ce Concile dans nos vies personnelles et communautaires. La Parole de Dieu est-elle devenue plus présente parmi nous? Inspire-t-elle toute notre existence chrétienne? La liturgie est-elle vécue comme « source et sommet » de la vie ecclésiale? Avons-nous assumé vraiment la vision de l’Église Peuple de Dieu, communauté missionnaire, sacrement de salut? Où en est-on dans l’accueil aux charismes, aux ministères, aux diverses formes de participation du Peuple de Dieu? Les demandes insistantes de Jean XXIII et les directives conciliaires pour un dialogue ouvert, respectueux et cordial avec notre monde ont-elles provoqué un effort suffisant de notre part?

Jean-Paul II écrivait le 6 janvier 2001 au sujet des textes conciliaires: « À mesure que passent les années, ces textes ne perdent rien de leur valeur ni de leur éclat. Il est nécessaire qu'ils soient lus de manière appropriée, qu'ils soient connus et assimilés, comme des textes qualifiés et normatifs du Magistère, à l'intérieur de la Tradition de l'Église. Alors que le Jubilé est achevé, je sens plus que jamais le devoir d'indiquer le Concile comme la grande grâce dont l'Église a bénéficié au vingtième siècle: il nous offre une boussole fiable pour nous orienter sur le chemin du siècle qui commence. »

Une vraie réception des orientations conciliaires exige le travail de beaucoup de groupes dans l’Église : équipes pastorales mandatées, équipes locales d’animation pastorale, conseils pastoraux, équipes de liturgie, agentes et agents de pastorale, membres des mouvements divers. Chaque membre de l’Église, responsable avec tout le Corps du Christ du présent et du futur de notre qualité de vie en Église, est aussi interpelé pour accueillir ce que l’Esprit, par Vatican II, veut dire aujourd’hui à son Église locale. L’évènement conciliaire est terminé depuis 50 ans. Est-ce que l’énergie spirituelle alors insufflée à l’Église et au monde marque encore d’une façon vitale et dynamique notre vie personnelle ou familiale, notre Église locale? Comment?
(39e texte d’une série sur Vatican II)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

mercredi 10 avril 2013

Vatican II : des promesses en germination (2e partie)

Ce concile a modifié l’attitude de notre Église face au monde. Son appel à une ouverture nouvelle à notre monde et à une attention aux réalités de nos sociétés contemporaines a été entendu. Ainsi, il a donné des fruits dans la promotion de la liberté religieuse, dans la reconnaissance des valeurs propres des autres communautés chrétiennes, des autres religions, des mouvements porteurs d’un idéal de libération humaine. En somme, le souffle de Vatican II a poussé à une conversion des esprits aux aspects positifs de l’aventure humaine d'aujourd'hui.  On a découvert une relation essentielle de l’Église au monde. Ce fut une formidable ouverture au dialogue. Ce fut aussi l’appel à prêter plus attention aux signes des temps.

L’Église est aussi devenue plus engagée dans la question de la paix mondiale. Déjà, Jean XXIII dans son dernier texte important avait insisté sur cette nécessité pour l’Église catholique d'être présente à ce souci mondial et essentiel pour l’avenir de l'humanité. S’est fait aussi sentir un effort, qui eut certains effets, pour devenir une Église plus humble, plus attentive aux pauvres de toutes sortes dans le monde. On a pris conscience du lien essentiel entre la justice, le partage des biens, la paix et l’avenir de toute l'humanité sur notre planète.

Cette orientation a poussé à un renouveau des Églises locales, les diocèses vus comme devant apporter l’Évangile dans les cultures locales comme un ferment de renouveau humain et chrétien.  Il s’agit de réaliser l’Église dans la culture d’ici, dans le territoire d’ici. Dans ce domaine, le renouveau liturgique a été très important en appelant à  une participation effective de tous les baptisés.

D’autres aspects, surtout internes à la vie même de l’Église, semblent germer plus difficilement. Il en est ainsi de la collégialité, pourtant clairement affirmée par les Pères conciliaires. De plus, les thèmes explicitement retirés de l’agenda du concile (réforme de la curie, synode, célibat des prêtres, contrôle des naissances) continuent à s’affirmer comme cruciaux pour notre Église.

Il revient à chacun de faire son bilan. Je crois que la semence est dans la terre et germera. Mais certaines se perdront, seront ignorées ou rejetées avec le temps. Il se fera un discernement au niveau du vécu et des choix historiques dans les conditions changeantes qui sont les nôtres. Le concile révèlera clairement son potentiel de renouveau de l’Église et de sainteté à travers l’épreuve du temps. C’est ainsi que Dieu agit dans notre histoire. À travers les accueils, les réticences, les refus et les rejets, il poursuit son œuvre de grâce et de salut. J’y vois un appel à l’espérance, au courage, à l’engagement concret dans les communautés pour devenir ensemble plus dociles à l’Esprit. La Pentecôte demandée par Jean XXIII porte encore des promesses d’avenir.
(38e texte d’une série sur Vatican II)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

vendredi 5 avril 2013

Vatican II : des semences en germination (1er partie)

Les seize documents produits par ce concile sont de généreuses semailles livrées à l’Église et à notre monde.  Ces semences ont déjà germé d’une façon très variable. Certaines ont déjà donné de beaux fruits. D’autres sont en germination. D’autres encore semblent en hibernation. On peut donc penser que ce concile continuera à travailler du dedans notre Église pendant des générations.

Quelques questions peuvent nous guider dans une tentative d'inventaire. Qu’est-ce que ma propre expérience actuelle doit au concile? Qu’avons-nous, comme paroisses, diocèses, au niveau universel, assimilé de Vatican II? Qu’est-ce qui est en fait appliqué et actualisé dans notre vie chrétienne? Est-ce que ça concerne surtout notre vision profonde des réalités en question ou plutôt les lois, codes et règles de conduite? Qu’est-ce qui nous rejoint de Vatican II? Qu’est-ce qui nous laisse indifférents ou nous indispose? Le concile a-t-il suscité un dynamisme nouveau? Une sainteté renouvelée? A-t-il mis en mouvement des forces latentes, des énergies endormies ou assoupies depuis peut-être des siècles?

Les évêques en concile ont cherché à éclairer les grandes questions abordées en retrouvant leurs enracinements dans le mystère de la Sainte Trinité. Il y a là une richesse mystique et pastorale inouïe. Car on nous offre une vision intégrée de l’histoire du salut et de son actualité jusque dans ses racines ultimes : le mystère de Dieu Père, Fils et Esprit, dans une communion ineffable d’amour intime et avec ce monde.

Les travaux conciliaires ont affirmé le caractère central de la Parole de Dieu, en particulier dans le document sur la Révélation divine et sur sa transmission.  Il s’agit de la communication de Dieu dans le monde. C’est l’horizon fondamental de toute l’histoire humaine, de toute l'histoire de l’Église et de notre destinée finale. Nous avons encore beaucoup à assumer dans ce domaine pour actualiser dans la vie quotidienne de l’Église et de ses membres ce que le concile a voulu. Mais je pense que l’orientation est donnée et continuera son chemin dans les cœurs et les vies.

Accueillant la Parole de Dieu sous ses diverses formes, ce que Benoît XVI a appelé une symphonie, nous percevons que l’Église n'existe pas pour elle-même. Elle est essentiellement missionnaire. Elle existe pour refléter la lumière du Christ au monde.  Les élaborations sur l’Église sont particulièrement importantes. Nous n’avons pas encore  assimilé et traduit dans nos vies les perceptions de l’Église comme mystère, comme Peuple de Dieu et Corps du Christ. Le fait d’avoir développé ces aspects fondamentaux avant de traiter de la hiérarchie et des diverses catégories de fidèles comporte des richesses encore inexplorées. Mais il est important de retenir que le passage d’une vision de l’Église société parfaite à une vision de l’Église communion est fondamental et porte déjà des fruits en incitant à creuser et à vivre les aspects plus intimes, intérieurs, spirituels et mystiques de la vie ecclésiale.

Cela va dans le sens de ce qui fut donné comme orientation par Jean XXIII et visé par le concile. Car l’Église en concile voulait alors enclencher un processus de conversion évangélique des cœurs. On y a affirmé très fermement que la sainteté n’est pas réservée à quelques personnes, mais qu’elle est la vocation de tous les baptisés. Ce qui exige une réforme des vies, des communautés ecclésiales diverses. Et pour y parvenir il faut aussi penser à une réforme du culte, des institutions, de la manière d’exposer la doctrine et surtout un retour aux Écritures.
(37e texte d’une série sur Vatican II)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

lundi 1 avril 2013

Vatican II : aggiornamento, développement, ressourcement

Ces trois termes ont quelque chose à voir avec une réforme de l’Église. Le terme aggiornamento vient de Jean XXIII et a particulièrement été invoqué pour décrire l’enjeu général du concile. En ouvrant le concile, ce pape a demandé que l’Église, sans négliger l’héritage reçu, doit aussi se tourner vers les temps présents, les nouvelles situations, les nouvelles formes de vie ouvrant de nouvelles voies à l’apostolat. Il s’agit d’un regard sur le présent et de la capacité de l’Église de s’adapter au monde moderne, à certaines de ses valeurs et options culturelles.

Le concept de développement de la doctrine pour sa part oriente vers l’avenir dans une perspective de continuité. Il s’agit de clarifier la doctrine pour en tirer toutes les richesses. C’est donc «la continuation du mouvement sur un chemin donné », un progrès dans le sens d’une plus grande clarification. Toutefois, sur certains sujets comme la liberté religieuse et les relations entre l’Église et l’État, la doctrine défendue semblait aux opposants ne pas aller dans le bon chemin, car abandonnant le chemin traditionnel et même prenant un chemin explicitement interdit par les papes récents.

Pour aller au bout du développement de la doctrine, il fallait un retour aux sources (ressourcement). Ce  regard vers le passé s’avérait nécessaire pour apporter des changements au présent. Il fallait questionner d'une façon neuve les Saintes Écritures et les Pères de l’Église. Ces recherches étaient déjà en marche depuis plusieurs années et entraient maintenant au concile. On se sert donc du passé pour juger le présent, avec une insistance cette fois sur la rupture, ou du moins la nécessité d’apporter corrections, nuances aux orientations du présent.

Ce triple dynamisme, orientant respectivement vers le présent, le futur et le passé, a marqué profondément Vatican II. Alors, comment qualifier ce concile? Benoît XVI  propose de le lire selon « l’herméneutique de la réforme », qu’il oppose  à « l’herméneutique de la discontinuité et de la rupture ». Il s’agit « du renouveau dans la continuité de l'unique sujet-Église, que le Seigneur nous a donné; c'est un sujet qui grandit dans le temps et qui se développe, restant cependant toujours le même, l'unique sujet du Peuple de Dieu en marche. » Le pape en appelle à une grande fidélité à l’Esprit pour ramener l’Église aux principes fondamentaux de la tradition chrétienne et ainsi pouvoir affronter le présent et l’avenir.

Le Père Cantalamessa, prédicateur de la maison pontificale, dans sa seconde homélie de l’Avent 2012 (« Une clé de lecture ») traitait de cette même question en offrant une lecture pneumatique du concile. Il résume la position des papes, de Jean XXIII à Benoît XVI, en parlant de «  la nouveauté dans la continuité ». Et il ajoute que le concile marque une rupture par rapport au passé récent mais une continuité avec le passé lointain. Enfin il présente l’Esprit-Saint comme la clé de lecture de Vatican II : « Qu’est-ce qui permet de résoudre le paradoxe et de parler de nouveauté dans la continuité et de permanence dans le changement, sinon l’action de l’Esprit Saint dans l’Église ? » Et il insiste sur ce fruit qu’est une nouvelle qualité de vie chrétienne dans de nombreux secteurs ecclésiaux.

Nous sommes conviés à continuer notre découverte de ce trésor qu’est Vatican II pour l’Église et le monde, et à vivre des fruits de l’Esprit toujours croissants, malgré les hivers que semble souvent travers notre vie en Église.
(36e texte d’une série sur Vatican II)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau