samedi 27 juin 2015

Garder la terre

L’été est un temps où beaucoup de personnes se font proches de la terre. Je pense aux personnes vivant sur des fermes, aux personnes qui travaillent dans la nature à de multiples travaux de semailles et de récoltes de toutes sortes. Mais je pense aussi à nous tous et toutes qui, d’une façon ou d’une autre – ne serait-ce que par une fleur dans notre appartement ou un regard sur les arbres proches de notre résidence – nous faisons proches de la terre.
 
Comment la regardons-nous? Comment la traitons-nous? Le pape François nous aide à réfléchir à cette question avec les affirmations suivantes.
 
« Lorsque nous parlons d’environnement, de la création, ma pensée va aux premières pages de la Bible, au  Livre de la Genèse, où l’on affirme que Dieu établit l’homme et la femme sur terre afin qu’ils la cultivent et qu’ils la gardent (cf. 2, 15). Cela suscite en moi les questions suivantes : Que signifie cultiver et garder la terre? Cultivons-nous et gardons-nous vraiment la création? Ou bien est-ce que nous l’exploitons et nous la négligeons? Le verbe « cultiver » me rappelle à l’esprit le soin que l’agriculteur prend de sa terre afin qu’elle porte du fruit et que celui-ci soit partagé : combien d’attention, de passion et de dévouement! Cultiver et garder la création est une indication de Dieu donnée non seulement au début de l’histoire, mais à chacun de nous; cela fait partie de son projet; cela signifie faire croître le monde avec responsabilité, en le transformant afin qu’il soit un jardin, un lieu vivable pour tous. »
 
Ce beau texte mérite relecture et méditation. Et quel geste pourrais-je poser cet été pour devenir un peu plus attentif à cette terre qui m’est confiée?
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

vendredi 19 juin 2015

Les martyrs d’aujourd’hui

J’ai longtemps cru que le temps des martyrs était fini depuis longtemps! Jean-Paul II avait déjà ébranlé en moi cette croyance par une recherche très fouillée sur les martyrs du XXe siècle. Maintenant, ces drames se multiplient dans de nombreux pays du monde. Les médias nous en informent. Certains médias en montrent mêmes sur nos écrans. Nous sommes plus que jamais au temps des martyrs!
 
Le pape François, dès le début de son pontificat, s’est montré très sensible à ces douloureuses situations. Et récemment, le 21 avril 2015, il affirmait dans une homélie : « Aujourd’hui l’Église est une Église de martyrs. » Il ajoutait : « La Parole de Dieu déplaît toujours à certains cœurs. La Parole de Dieu dérange, quand tu as le cœur dur, quand tu as le cœur païen, car la Parole de Dieu te met au défi d'avancer. »
 
Jésus avait prophétisé à ses disciples : « l’heure vient où tous ceux qui vous tueront s’imagineront qu’ils rendent un culte à Dieu.» (Jean 16, 2) Déjà au tout début de l’Église, ceux qui ont tué le premier martyr Étienne croyaient ainsi rendre gloire à Dieu. Ces motifs sont encore évoqués aujourd’hui.
 
Et le pape de conclure : « Unissons-nous à Jésus dans l’Eucharistie, et unissons-nous à tant de frères et sœurs qui souffrent le martyre de la persécution, de la calomnie et de meurtres pour être fidèles à l’unique pain qui rassasie, c’est-à-dire à Jésus. »
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau

mercredi 10 juin 2015

Le droit d’offenser l’autre?

Est-ce que le droit à la liberté d’expression est absolu? Ou bien doit-il être balisé pour que nous nous respections les uns les autres dans la société? Il n’existe pas de droit d’offense, déclarait le 10 mars 2015 l’observateur du Saint-Siège auprès des Nations Unies à Genève.
 
« Bien sûr, la liberté d’expression est un droit humain fondamental qu’il faut toujours soutenir et protéger; en fait, cela implique aussi l’obligation de dire de manière responsable ce que l'on pense en vue du bien commun. Sans ce droit, l’éducation, la démocratie et une authentique spiritualité ne seraient pas possibles. Cela ne justifie pas pour autant que l’on relègue une religion au rang de sous-culture d’un poids insignifiant ou de cible facile à ridiculiser et à discriminer. »
 
« Des arguments antireligieux, même sur un ton d’ironie, peuvent certainement être acceptés […] Mais qu’est-ce qui peut justifier des insultes gratuites et une dérision méchante des sentiments et convictions religieux des autres qui sont, après tout, égaux en dignité? Peut-on se moquer de l’identité culturelle d’une personne, de la couleur de sa peau, de la croyance de son cœur? »
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau