samedi 4 août 2012

La sècheresse

Tous les médias régionaux nous parlent ces jours-ci de la sècheresse qui sévit actuellement ici. Les répercussions sont déjà énormes sur les diverses cultures. Ce manque de pluie a aussi toutes sortes d’effets, entre autres sur les poissons et l’environnement. D’autres pays, comme les États-Unis et la France par exemple, vivent actuellement de semblables phénomènes. Et que dire des spéculations qui se font alors sur les prix des denrées de base tels que le riz ou le blé! Sans parler du refus de mettre sur le marché certaines denrées, mais plutôt de les détruire pour ne pas faire chuter les prix!

Devant cette rareté aux effets incalculables, nous sommes effrayés et prenons soudain conscience de l’angoisse que peuvent provoquer de tels évènements. Alors, nous pouvons commencer à ouvrir les yeux et les oreilles de nos cœurs à ce que nous voyons et entendons souvent à la télévision. Des populations entières du globe meurent de faim à cause de la sècheresse, sans parler des guerres qui s’ajoutent souvent à cette catastrophe.

Je pense à l’Afrique. Les sables du Sahara envahissent d'immenses territoires, étendant sans fin le désert. Le Sahel est frappé de sècheresses et donc de famines endémiques. Des images de femmes et d’enfants décharnés, errants ici et là ou bien réfugiés dans des camps de fortune, passent et repassent sur nos écrans. Y sommes-nous habitués au point de ne plus voir les drames terribles qui s’y vivent?

Certes, ce phénomène n’est pas nouveau. La Bible en parle très souvent. Rappelons-nous l’histoire de Joseph vendu par ses frères qui devient d’abord esclave en Égypte puis le gérant du blé dans tout le pays afin d’amasser des réserves en cas de sècheresse et donc de famine. Ce phénomène a une longue histoire, les causes en furent souvent examinées et diverses solutions sont proposées.

Notre planète serait capable de nourrir ses sept milliards d‘habitants. Le problème en est un de distribution et d’acceptation de s’ouvrir les mains et le cœur pour partager. Mais nous sommes toujours tentés de nous justifier de ne rien faire en nous disant : « Ce phénomène me dépasse. Je n’y peux rien! » Certes, des causes très larges et souvent structurelles sont en jeu. Mais la solidarité de la mondialisation peut faire une différence.

Par exemple, pourquoi ne pas économiser un peu sur nos dépenses inutiles et nos repas exagérés pour donner un peu de notre superflu aux pays dans le besoin? Les évêques canadiens ont mis en place dans ce but Développement et Paix. Des millions de gestes de partage changeraient notre monde en arrachant des familles entières à la misère et à la mort. C’est un geste simple mais qui met en œuvre notre sens de la justice et notre sensibilité humaine. Pourquoi ne pas passer à l’acte?

Toutefois, cela ne suffit pas. Nos gouvernements ont des responsabilités mondiales dans ce domaine. Depuis des années, ils y sont de moins en moins généreux, et quand ils s’engagent c’est trop souvent avec une visée économique pour favoriser notre commerce et donc pour que notre argent nous revienne. Nous avons une responsabilité dans ce domaine aussi, car notre gouvernement doit représenter et traduire notre vision d’une humanité qui se veut solidaire et en paix grâce à un développement harmonieux.

† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau