samedi 18 août 2012

Les sentiers de ma vie

Lors d’un anniversaire à Champboisé, l’équipe responsable de ce centre de ressourcement m’a offert un bâton de marche que je nomme : « mon bâton de pèlerin ». Quand il me soutient lors de mes randonnées dans les divers sentiers de Champboisé, il me stimule à méditer sur ma vie spirituelle de vagabond errant depuis bien longtemps dans les divers sentiers de ma vie.

Le « sentier des marais » qui serpente à travers un marécage évoque pour moi tous ces temps où j’ai pataugé sans trop savoir où je voulais aller et comment je pourrais bien orienter ma vie humaine et chrétienne. Je me suis tellement demandé quelle était ma mission dans ce monde! Dans ce sentier, j’ai rencontré « la balançoire ». C’est un bon lieu pour bercer mes hésitations et reprendre un peu de souffle afin de continuer mes recherches. Puis je suis abouti au « sentier de la coulée ». La marche devient plus facile, même si bien des obstacles risquent d’arrêter mon errance pour m’obliger à trouver comment passer ces obstacles.

J’ai parcouru une fois seulement le « sentier des jeunes ». Il cache vraiment beaucoup d’obstacles, qui sont autant de défis pour se rendre jusqu’à la prairie où il débouche! Les pentes sont abruptes et souvent inattendues. Parfois, au haut d’une petite montagne se laisse voir un horizon qui redonne souffle et courage pour continuer. Il aboutit enfin tout près de la statue de « Notre-Dame de Champboisé », qui est là, m’attends toujours maternellement où que je sois errant pour m’indiquer quelque chemin de liberté et de vie neuve.

J’ai été plusieurs fois tenté par le « sentier des lièvres ». Il vagabonde sous un feuillu assez dense, qui parfois donne le goût de s’arrêter, d’autres fois l’envie de se lancer à la course. Ses recoins imprévus font craindre l’apparition d’ennemis inattendus et indésirables. Il faut toujours être aux aguets. Quelque renard peut toujours être proche!

Errant ainsi de sentier en sentier, je longe souvent des ermitages. J’aime alors imaginer que depuis l’ouverture de ces lieux de silence et de retrouvailles avec soi-même, beaucoup de personnes y ont vécu quelque découverte comme celle qu’évoque W. Paul Young dans son roman intitulé Le Shack. Nos angoisses et les drames de nos vies nous poussent à chercher la rencontre avec Celui qui seul peut nous en libérer en nous attirant à Lui  et en nous faisant expérimenter quelque chose de sa tendre fidélité et de son amour toujours miséricordieux et bon.

Une salle de rencontre occupe le milieu d’une des prairies. Même plongés dans le silence, nous avons besoin de rencontrer quelqu’un qui peut nous accueillir, nous écouter, nous réconforter, nous orienter, nous relancer dans notre recherche spirituelle et humaine. Nous avons besoin d’une petite communauté de prière, d’écoute de la Parole, de réconfort mutuel.

Je n’oublie pas bien sûr le « vieux chemin » qui avec la « maison ancestrale » évoque l’histoire de ce lieu depuis plus de cent ans, nous laissant le loisir d’en imaginer les joies et les peines. Puis il y a le « mont du silence » toujours disponible pour une montée vers la recherche de plus haut, la « grande prairie » qui invite à sentir le parfum des fleurs, à admirer le vol gracieux des hirondelles, à contempler la forêt qui de toutes parts nous entoure. Tous les sentiers aboutissent à « l’accueil » si nécessaire à nos vies errantes. Là, des personnes dévouées répondent à nos besoins, nous montrent où se trouve « le pain du jour », nous fournissent quelque plan de marche, offrent quelques lectures et des sessions de ressourcement spirituel de toutes sortes.

Tous ces sentiers, par un chemin ou un autre, conduisent aussi à une source, cette source qui pour moi est toujours un rendez-vous avec Jésus, celui qui a crié à tous ceux qui ont soif : « Viens, et je te donnerai une eau vive qui deviendra source en ton cœur. »

J’aime aller errer, prier ou dormir en ce lieu. Il est pour moi une sorte de parabole de ma vie.

† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau