vendredi 16 septembre 2016

Me souvenir pour donner des fruits

La mémoire est une faculté qui oublie! Mais il importe que la mémoire se souvienne des belles choses de la vie, s’en réjouisse, en rende grâces et s’ouvre à l’avenir. Me souvenir de mon passé, c’est acquérir de la sagesse et me souvenir de mon avenir.
 
Le même mécanisme de la mémoire agit dans l’identité et la mission du disciple-missionnaire. Quand je me souviens de mon baptême, de ma foi, quand cette mémoire est vivante et dynamise ma relation personnelle avec Jésus, alors jaillit de mon cœur une source, un élan pour faire connaître ce trésor, Jésus ressuscité, que j’ai découvert et qui me fait vivre.
 
Le pape François nous enseigne que nous ne devons pas « comprendre la nouveauté de cette mission comme un déracinement, comme un oubli de l’histoire vivante qui nous accueille et nous pousse en avant. » (E.G. 13) Il ajoute avec ferveur : « Jésus nous laisse l’Eucharistie comme mémoire quotidienne de l’Église, qui nous introduit toujours plus dans la Pâque (cf. Lc 22, 19). » Dans la célébration eucharistique, nous faisons mémoire des enseignements des prophètes et des apôtres et inséparablement nous faisons mémoire du don suprême de Jésus sur la croix pour nous. Nous faisons en somme mémoire de tout le mystère pascal de notre salut : « Nous proclamons ta mort, Seigneur Jésus, nous célébrons ta résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire. »
 
« La joie évangélisatrice brille toujours sur le fond de la mémoire reconnaissante : c’est une grâce que nous avons besoin de demander. Les Apôtres n’ont jamais oublié le moment où Jésus toucha leur cœur : “C’était environ la dixième heure” (Jn 1, 39). Avec Jésus, la mémoire nous montre une véritable “multitude de témoins” (He 12, 1). Parmi eux, on distingue quelques personnes qui ont pesé de façon spéciale pour faire germer notre joie croyante : “Souvenez-vous de vos chefs, eux qui vous ont fait entendre la parole de Dieu” (He 13, 7). Parfois, il s’agit de personnes simples et proches qui nous ont initiés à la vie de la foi : “J’évoque le souvenir de la foi sans détours qui est en toi, foi qui, d’abord, résida dans le cœur de ta grand-mère Loïs et de ta mère Eunice” (2 Tm 1, 5). Le croyant est fondamentalement “quelqu’un qui fait mémoire”. »
 
Donne-moi, Seigneur de toujours me souvenir du moment où tu es venu bouleverser mon cœur en te révélant le Vivant vainqueur du mal et de la mort. Fais que j’y revienne sans cesse dans mon cœur, gardant ainsi un contact vivant avec toi. Et donne-moi toujours la grâce de témoigner de ta victoire sur la croix, qui est notre espérance et notre joie, l’avenir du monde que Dieu aime jusqu’à l’extrême de l’amour.
 
(7e texte d’une série sur La joie de l’Évangile)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau