L’usage de tabernacles ou de contenants
d’autres formes pour garder des hosties consacrées remonte aux débuts de l’ère
chrétienne. Nos ancêtres ont peu à peu saisi le besoin de cette présence,
certes cachée, mais bien active de Jésus au milieu d’eux. Car Jésus a voulu
rester toujours disponible dans le sacrement pour les malades en danger de
mort, afin qu’Il soit leur viatique lors du grand passage vers la vie
éternelle. Mais il s’offre aussi à l’adoration, à la louange, à l’intercession,
en somme à un cœur à cœur toujours mystérieux et vivifiant.
Le pouvoir de l’image et du symbole
Mais revenons à notre questionnement :
« Que perçoivent donc là celles et ceux qui se tiennent, parfois même
longuement et en silence devant un tabernacle, et que plusieurs d’entre nous ne
trouvent pas? »
Pour deviner un peu cette
expérience, prenons une comparaison. Que ressent-on parfois en sortant d’une
exposition d’œuvres d’art? L’émerveillement devant ces images pacifie notre
cœur. Nous avons le goût de nous recueillir et de laisser pénétrer en nous la
beauté étalée sous nos yeux. Nous devinons caché dans cette matière, devenue
subtile et presque translucide, le secret invisible de notre vie, de nos
désirs, de nos attentes, de nos aspirations.
Et dans quel langage dire ces
sentiments? Le langage scientifique ne suffit pas ici. Pour évoquer
l’invisible, les grandes traditions religieuses ou poétiques se servent du
langage symbolique qui relie en une seule gerbe un grand nombre de sens
possibles, connexes et qui ouvrent un très large horizon de significations à
l’intuition, à la pensée et à la méditation.
La tradition artistique chrétienne a
une longue histoire de l’usage des images et des symboles pour tracer les
chemins du visible à l’invisible. Le tabernacle est un de ces sentiers.
Arrêtons-nous à certains des symboles, souvent gravés sur les portes des
tabernacles ou reproduits dans leur environnement immédiat, qui en une seule
image évoquent toute une histoire divine en relation avec le Christ, Dieu rendu
visible à nos yeux.
(4e texte d’une série sur les tabernacles)
† Roger ÉbacherÉvêque émérite de Gatineau