vendredi 22 juillet 2016

Le cléricalisme

Le pape a récemment dénoncé le cléricalisme en Église. C’est un thème qui revient souvent dans son enseignement depuis les débuts de son pontificat.

Par exemple, il a invité les évêques italiens à laisser toute leur place aux « laïcs disposés à assumer les responsabilités qui leur incombent ». Lorsqu’ils ont « une formation chrétienne authentique », ces laïcs ont besoin non d’un « Monseigneur-pilote », mais « de l’évêque-pasteur ! » Cette double image provoque l’imagination et la réflexion!

Marquant le 50e anniversaire des constitutions sur l’Église et sur l’Église dans le monde de ce temps, ainsi que du décret conciliaire sur l’apostolat des laïcs, le pape a souligné que « ces documents fondamentaux du Concile situent les laïcs dans une vision d’ensemble du peuple de Dieu, auquel ils appartiennent autant que les religieux, et au sein duquel ils participent, à leur manière, à la fonction sacerdotale, prophétique et royale du Christ lui-même ».

Les laïcs ne sont donc pas « des membres de second ordre au service de la hiérarchie » de l’Église, ni de « simples exécuteurs d’ordres venus d’en haut », a martelé François. Au contraire, « en vertu de leur baptême et de leur présence “dans le monde”, ils sont appelés à animer de l’esprit de l’Évangile tout type d’environnement, chaque activité et chaque relation humaine. »

Il affirme que le cléricalisme est le fruit d’une façon erronée de vivre l’ecclésiologie proposée par Vatican II. Il l’identifie même de « l’une des déformations les plus grandes que l’Amérique latine doit affronter. » Voilà une parole qui doit nous inciter à vérifier où nous en sommes en Église ici. N’oublions pas le tort immense causé par le cléricalisme à notre Église dans le passé!

Le pape ajoute : « Cette attitude annule non seulement la personnalité des chrétiens, mais tend également à diminuer et à sous-évaluer la grâce baptismale que l’Esprit Saint a placée dans le cœur de notre peuple. Le cléricalisme […] limite les différentes initiatives et efforts et, si j’ose dire, les audaces nécessaires pour pouvoir apporter la Bonne Nouvelle de l’Évangile dans tous les domaines de l’activité sociale et surtout politique. Le cléricalisme, loin de donner une impulsion aux différentes contributions et propositions, éteint peu à peu le feu prophétique dont l’Église tout entière est appelée à rendre témoignage dans le cœur de ses peuples. Le cléricalisme oublie que la visibilité et la sacramentalité de l’Église appartiennent à tout le peuple de Dieu (cf.  Lumen Gentium, nn. 9-14), et pas seulement à quelques élus et personnes éclairées. »

C’est un appel urgent à un examen de conscience ecclésial et au besoin à une conversion.
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau