lundi 2 juin 2014

Cessons d’accuser les pauvres!


Dans son discernement évangélique de ce que nous vivons actuellement, le pape François réfléchit sur notre hantise d'une plus grande sécurité. Oui, la violence est très présente dans nos sociétés. Mais quelles en sont les causes?
 
« Tant que ne s’éliminent pas l’exclusion sociale et la disparité sociale, dans la société et entre les divers peuples, il sera impossible d’éradiquer la violence. » On accuse les pauvres de causer cette violence.  « Mais, sans égalité de chances, les différentes formes d’agression et de guerre trouveront un terrain fertile qui tôt ou tard provoquera l’explosion. » Quand la société abandonne dans la périphérie une partie d’elle-même, il n’y a ni programmes politiques, ni forces de l’ordre qui puissent assurer sans fin la tranquillité. En fait, cela arrive « parce que le système social et économique est injuste à sa racine. »
 
François analyse cette racine structurelle de la violence dans nos sociétés, à tous leurs niveaux. Les mécanismes de l’économie actuelle promeuvent une exagération de la consommation. Il en résulte un esprit de consommation effréné et une grande disparité sociale. Et  cette disparité sociale « engendre tôt ou tard une violence que la course aux armements ne résout ni résoudra jamais. Elle sert seulement à chercher à tromper ceux qui réclament une plus grande sécurité, comme si aujourd’hui nous ne savions pas que les armes et la répression violente, au lieu d’apporter des solutions, créent des conflits nouveaux et pires. »
 
« Certains se satisfont simplement en accusant les pauvres et les pays pauvres de leurs maux.» Et c’est encore plus grave si on ferme les yeux sur « ce cancer social qui est la corruption profondément enracinée dans de nombreux pays – dans les gouvernements, dans l’entreprise et dans les institutions – quelle que soit l’idéologie politique des gouvernants. »
 
Suis-je pris dans ces préjugés contre les pauvres ?
Comment lutter contre de tels préjugés dans mon milieu ?
Et le cancer de la corruption me touche-t-il ?

(20e texte d’une série sur la joie)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau