samedi 19 juillet 2014

L’Église est un Peuple pour tous

L’amour miséricordieux de Dieu pour les humains est à l’origine de toute évangélisation. Dieu seul nous sauve en nous envoyant son Fils Jésus et en nous donnant l’Esprit-Saint. L’Église collabore à cette œuvre « comme instrument de la grâce divine qui opère sans cesse au-delà de toute supervision possible. » Ainsi s’exprime François dans La joie de l’Évangile (par. 112). Déjà Benoît XVI insistait sur ce primat de la grâce lors du Synode sur l’évangélisation: « Le premier mot, l’initiative véritable, l’activité véritable vient de Dieu et c’est seulement en s’insérant dans cette initiative divine, c’est seulement en implorant cette initiative divine, que nous pouvons devenir nous aussi – avec Lui et en Lui – des évangélisateurs. »
 
Ce salut, œuvre de Dieu que l’Église annonce joyeusement, est destiné à tous. Car Dieu a choisi de convoquer tous les humains comme un peuple et non pas comme des êtres isolés. « Personne ne se sauve tout seul, c’est-à-dire, ni comme individu isolé ni par ses propres forces. Dieu nous attire en tenant compte de la trame complexe des relations interpersonnelles que comporte la vie dans une communauté humaine. » En d’autres mots, Dieu ne va pas à la pêche à la ligne, mais au filet!
 
Être Église, c’est être Peuple de Dieu pour « annoncer et porter le salut de Dieu dans notre monde, qui souvent se perd, a besoin de réponses qui donnent courage et espérance, ainsi qu’une nouvelle vigueur dans la marche. L’Église doit être le lieu de la miséricorde gratuite, où tout le monde peut se sentir accueilli, aimé, pardonné et encouragé à vivre selon la bonne vie de l’Évangile. » (par. 114)
 
Un principe fondamental doit être médité. « En vertu du Baptême reçu, chaque membre du Peuple de Dieu est devenu disciple missionnaire. » Chaque baptisé est un sujet actif de l’évangélisation. « La nouvelle évangélisation doit impliquer que chaque baptisé soit protagoniste d’une façon nouvelle. Cette conviction se transforme en un appel adressé à chaque chrétien, pour que personne ne renonce à son engagement pour l’évangélisation, car s’il a vraiment fait l’expérience de l’amour de Dieu qui le sauve, il n’a pas besoin de beaucoup de temps de préparation pour aller l’annoncer, il ne peut pas attendre d’avoir reçu beaucoup de leçons ou de longues instructions. Tout chrétien est missionnaire dans la mesure où il a rencontré l’amour de Dieu en Jésus Christ. » Le pape réfère à l'exemple des premiers disciples (Jn 1, 41), de la samaritaine (Jn 4, 39), de saint Paul (Ac 9, 20).  Puis il ajoute : « Et nous, qu’attendons-nous? »
 
Comment cette question me rejoint-elle?
 
Notre Église est-elle imbibée de cette certitude que tout baptisé est missionnaire? Quel pas ou quel geste puis-je faire en ce sens?
(30e texte d’une série sur la joie)
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau