samedi 25 novembre 2017

L’amour excuse tout

La vie conjugale et familiale, comme toute vie en communauté, a besoin d’une grande force pour faire face à tout ce qui menacer la qualité de son vivre-ensemble. Un de ces dynamismes, c’est la capacité de développer une activité miséricordieuse et pacifique face à l’autre.
 
C’est ce que fait la personne qui sait excuser l’autre, le supporter, le couvrir, dissimuler ses défauts. Un tel amour est le fruit d’une loyauté fidèle. Un proverbe juif affirme qu’aimer « rend l’œil aveugle et l’oreille sourde. »
 
Ainsi la personne qui aime ne cherche pas à divulguer ce qui lui semble faible, ou blessé, ou incorrect dans l’autre. Elle tient cachées ces limites inhérentes à toute relation humaine et ainsi protège l’autre contre les attaques, les malveillances.
 
La personne qui aime et sait excuser garde le silence sur le mal qu’il peut y avoir dans une autre personne. Cela implique de limiter son jugement, de contenir le penchant à lancer une condamnation dure et implacable. C’est le chemin tracé par Jésus qui ordonne à ses disciples : « Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés. » (Luc 6, 37) Et vaut dans tout couple, toute famille, la recommandation : « Ne médisez pas les uns des autres. » (Lettre de Jacques 4, 11)
 
« Les époux, qui s’aiment et s’appartiennent, parlent en bien l’un de l’autre, ils essayent de montrer le bon côté du conjoint au-delà de ses faiblesses et de ses erreurs. En tout cas, ils gardent le silence pour ne pas nuire à son image. […] Ces défauts ne sont qu’une partie, non la totalité, de l’être de l’autre. Un fait désagréable dans la relation n’est pas la totalité de cette relation. » (Pape François, La joie de l’amour, par. 113)
 
« L’autre n’est pas seulement ce qui me dérange. Il est beaucoup plus que cela. Pour la même raison, je n’exige pas que son amour soit parfait pour l’apprécier. Il m’aime comme il est et comme il peut, avec ses limites, mais que son amour soit imparfait ne signifie pas qu’il est faux ou qu’il n’est pas réel. Il est réel, mais limité et terrestre. C’est pourquoi, si je lui en demande trop, il me le fera savoir d’une manière ou d’une autre, puisqu’il ne pourra accepter ni de jouer le rôle d’un être divin, ni d’être au service de toutes mes nécessités. L’amour cohabite avec l’imperfection, il l’excuse, et il sait garder le silence devant les limites de l’être aimé. »
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau
(20e texte d’une série sur La joie de l’amour)

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Nous avons grandement besoin de ce genre d’exhortation. La proximité est un cadeau du Ciel. Elle fait partie de notre destinée finale. Je crois que, dans la Maison du Père, nous serons très proches les uns des autres, mais dans le vie présente, elle est un défi considérable, une sorte de test que nous ne passons pas toujours avec la note de 100/100. Merci de nous baliser le chemin.