La personne qui aime
en vérité est bâtisseuse de paix, de vie harmonieuse dans le couple, la
famille, la communauté. Ce qui exige de savoir contrôler ses humeurs et de garder
la mesure. Car mille détails peuvent nous irriter, nous rendre acides,
aiguisés, pointus. Tant de choses de la vie quotidienne avec les autres nous
excitent, nous provoquent, même parfois nous exaspèrent! Sans un amour fort, la
fièvre monte, une violence intérieure se déchaîne, l’animosité s’exacerbe. Ce
qui peut conduire à des désastres dans la communauté, qu’elle soit petite ou
grande.
Le pape François
analyse cette attitude en notant qu’il s’agit d’une « action intérieure
d’indignation provoquée par quelque chose d’extérieur. Il s’agit d’une violence
interne, d’une irritation dissimulée qui nous met sur la défensive devant les
autres, comme s’ils étaient des ennemis gênants qu’il faut éviter. Alimenter
cette agressivité intime ne sert à rien. Cela ne fait que nous rendre malades
et finit par nous isoler. L’indignation est saine lorsqu’elle nous porte à
réagir devant une grave injustice, mais elle est nuisible quand elle tend à
imprégner toutes nos attitudes devant les autres. » (La joie de l’amour, par. 103)
Sentir la force de
l’agressivité qui jaillit de nos entrailles est une chose, la laisser devenir explosion
de colère en est une autre. Elle devient alors une source de querelles, de
chicanes, de destruction autour de nous. Il faut y reconnaître une grande
tentation, contre laquelle s. Paul nous met en garde encore aujourd’hui. « Si
vous êtes en colère, ne tombez pas dans le péché; que le soleil ne se couche
pas sur votre colère. » (Éphésiens 4,26)
Aussi faut-il ne
jamais terminer la journée sans faire la paix en famille. « Et comment
dois-je faire la paix? Me mettre à genoux? Non! Seulement un petit geste, une
petite chose et l’harmonie familiale revient. Une caresse suffit, sans [rien
dire]. Mais ne jamais finir la journée sans faire la paix ». (Pape
François)
Évêque émérite de Gatineau
(17e texte d’une série sur La joie de l’amour)