On connait la
célèbre prière pour la paix attribuée à François d’Assise. Elle enseigne qu’un amour
qui n’est pas égoïsme, mais détachement de soi, bâtit la paix dans le
couple, la famille, la communauté.
« Seigneur,
fais de moi un instrument de ta paix,
là où est la haine,
que je mette l'amour.
Là où est l'offense,
que je mette le pardon.
Là où est la discorde,
que je mette l'union. […]
O Seigneur, que je
ne cherche pas tant à être consolé qu'à consoler, à être compris qu'à
comprendre, à être aimé qu'à aimer.
Car c'est en se
donnant qu'on reçoit, c'est en s'oubliant qu'on se retrouve, c'est en
pardonnant qu'on est pardonné, c'est en mourant qu'on ressuscite à l'éternelle
vie. »
S. Paul enseignait à
ses communautés : « Que chacun de vous ne soit pas préoccupé de ses
propres intérêts; pensez aussi à ceux des autres. » (Philippiens 2, 4)
Plutôt chercher à aimer
qu’à être aimé! Car il y a une radicale opposition entre l’amour qui est oubli
de soi et l’égoïsme qui est centrement sur son « moi ». Aimer
consiste à chercher le bien de l’autre, le bien commun du couple, de la
famille.
Ces affirmations
mettent en question l’affirmation sans cesse répétée : « Pour aimer
les autres, il faut premièrement s’aimer soi-même. » Le pape François en
conclut : « Il ne faut pas donner priorité à l’amour de soi-même comme
s’il était plus noble que le don de soi aux autres. Une certaine priorité de
l’amour de soi-même peut se comprendre seulement comme une condition
psychologique, en tant que celui qui est incapable de s’aimer soi-même
rencontre des difficultés pour aimer les autres. »
Aimer ainsi est
possible. Jésus a suivi ce chemin, jusqu’au don de sa vie : ayant aimé les
siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu’au bout. (cf. Jean 13, 1) C’est en le regardant
vivre et mourir que nous apprenons à aimer!
Évêque émérite de Gatineau
(16e texte d’une série sur La joie de l’amour)