Pour
la tradition judéo-chrétienne, parler de « création », c’est
signifier « un rapport avec un projet de l’amour de Dieu dans lequel
chaque créature a une valeur et une signification », affirme le pape François (76). « La création peut seulement être comprise comme un don qui
surgit de la main ouverte du Père de tous, comme une réalité illuminée par
l’amour qui nous appelle à une communion universelle. »
« Le
monde est issu d’une décision, non du chaos ou du hasard, ce qui le
rehausse encore plus. Dans la parole créatrice il y a un choix libre exprimé.
L’univers n’a pas surgi comme le résultat d’une toute puissance arbitraire,
d’une démonstration de force ni d’un désir d’auto-affirmation. La création est
de l’ordre de l’amour. […] Par conséquent, chaque créature est l’objet de la
tendresse du Père, qui lui donne une place dans le monde. Même la vie éphémère
de l’être le plus insignifiant est l’objet de son amour, et, en ces peu de
secondes de son existence, il l’entoure de son affection. » (77) Par de
telles pensées, tirées de la Parole de Dieu, notre pape est vraiment un digne
fils de l’Évangile à la lumière de la vie de son patron saint François.
Le
pape tire de ces convictions de foi une forte interpellation. Il formule notre
défi humain et chrétien : « Si nous reconnaissons la valeur et la
fragilité de la nature, et en même temps les capacités que le Créateur nous a
octroyées, cela nous permet d’en finir aujourd’hui avec le mythe moderne du
progrès matériel sans limite. Un monde fragile, avec un être humain à qui
Dieu en confie le soin, interpelle notre intelligence pour reconnaître comment
nous devrions orienter, cultiver et limiter notre pouvoir. » (79)
« Quand
on propose une vision de la nature uniquement comme objet de profit et
d’intérêt, cela a aussi de sérieuses conséquences sur la société. La vision qui
consolide l’arbitraire du plus fort a favorisé d’immenses inégalités,
injustices et violences pour la plus grande partie de l’humanité, parce que les
ressources finissent par appartenir au premier qui arrive ou qui a plus de
pouvoir : le gagnant emporte tout. L’idéal d’harmonie, de justice, de
fraternité et de paix que propose Jésus est aux antipodes d’un pareil modèle. »
(82)
Est-ce
que je vois l’ensemble de la création comme une collection d’objets à manipuler
ou bien comme l’œuvre d’un amour divin plein de tendresse, de beauté et de
générosité?
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau