vendredi 8 avril 2016

Les trois « T »

« La Bible nous rappelle que Dieu écoute le cri de son peuple et je voudrais moi aussi unir de nouveau ma voix à la vôtre : les fameux trois ‘‘T’’, terre, toit et travail pour tous nos frères et sœurs. Je l’ai dit et je le répète : ce sont des droits sacrés. Cela vaut la peine, cela vaut la peine de lutter pour ces droits. Que le cri des exclus soit entendu en Amérique Latine et par toute la terre. » Ainsi s’exprimait le pape François en Bolivie.
 
Le pape réclame un changement profond et qui touche toutes les nations. Il formule cet appel dans quelques questions.
 
« Reconnaissons-nous vraiment que les choses ne marchent pas bien dans un monde où il y a tant de paysans sans terre, tant de familles sans toit, tant de travailleurs sans droits, tant de personnes blessées dans leur dignité? »
 
« Reconnaissons-nous que les choses ne vont pas bien quand éclatent tant de guerres absurdes et que la violence fratricide s’empare même de nos quartiers? »
 
« Reconnaissons-nous que les choses ne vont pas bien quand le sol, l’eau, l’air et tous les êtres de la création sont sous une permanente menace? »
 
Notre planète a un urgent besoin de changements! Et un lien relie toutes ces réalités destructrices. Elles répondent à un système qui est devenu global et qui impose partout « la logique du gain à n’importe quel prix sans penser à l’exclusion sociale ou à la destruction de la nature. »
 
Et le pape ajoutait : « nous voulons un changement, un changement réel, un changement de structures. On ne peut plus supporter ce système, les paysans ne le supportent pas, les travailleurs ne le supportent pas, les communautés ne le supportent pas, les peuples ne le supportent pas... Et la Terre non plus ne le supporte pas, la sœur Mère Terre comme disait saint François. »
 
Cet amour de l’argent, le pape le qualifie de « fumier du diable »! « Quand le capital est érigé en idole et commande toutes les options des êtres humains, quand l’avidité pour l’argent oriente tout le système socio-économique, cela ruine la société, condamne l’homme, le transforme en esclave, détruit la fraternité entre les hommes, oppose les peuples les uns aux autres, et comme nous le voyons, met même en danger notre maison commune, la sœur et mère terre. »
 
Et le pape invite à la lutte courageuse, confiante et porteuse d’espérance. « Aucune famille sans logement, aucun paysan sans terre, aucun travailleur sans droits, aucun peuple sans souveraineté, aucune personne sans dignité, aucun enfant sans enfance, aucun jeune sans possibilités, aucun vieillard sans une vieillesse vénérable. »
 
Moi, quel geste, si simple soit-il, puis-je poser dans mon milieu en réponse à cet appel mondial du pape?
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau