« La
Bible nous rappelle que Dieu écoute le cri de son peuple et je voudrais moi
aussi unir de nouveau ma voix à la vôtre : les fameux trois ‘‘T’’, terre,
toit et travail pour tous nos frères et sœurs. Je l’ai dit et je le répète :
ce sont des droits sacrés. Cela vaut la peine, cela vaut la peine de lutter
pour ces droits. Que le cri des exclus soit entendu en Amérique Latine et par
toute la terre. » Ainsi s’exprimait le pape François en Bolivie.
Le
pape réclame un changement profond et qui touche toutes les nations. Il formule
cet appel dans quelques questions.
« Reconnaissons-nous
vraiment que les choses ne marchent pas bien dans un monde où il y a tant de
paysans sans terre, tant de familles sans toit, tant de travailleurs sans
droits, tant de personnes blessées dans leur dignité? »
« Reconnaissons-nous
que les choses ne vont pas bien quand éclatent tant de guerres absurdes et que
la violence fratricide s’empare même de nos quartiers? »
« Reconnaissons-nous
que les choses ne vont pas bien quand le sol, l’eau, l’air et tous les êtres de
la création sont sous une permanente menace? »
Notre
planète a un urgent besoin de changements! Et un lien relie toutes ces réalités
destructrices. Elles répondent à un système qui est devenu global et qui impose
partout « la logique du gain à n’importe quel prix sans penser à
l’exclusion sociale ou à la destruction de la nature. »
Et
le pape ajoutait : « nous voulons un changement, un changement réel,
un changement de structures. On ne peut plus supporter ce système, les paysans
ne le supportent pas, les travailleurs ne le supportent pas, les communautés ne
le supportent pas, les peuples ne le supportent pas... Et la Terre non plus ne le
supporte pas, la sœur Mère Terre comme disait saint François. »
Cet
amour de l’argent, le pape le qualifie de « fumier du diable »! « Quand
le capital est érigé en idole et commande toutes les options des êtres humains,
quand l’avidité pour l’argent oriente tout le système socio-économique, cela
ruine la société, condamne l’homme, le transforme en esclave, détruit la
fraternité entre les hommes, oppose les peuples les uns aux autres, et comme
nous le voyons, met même en danger notre maison commune, la sœur et mère terre. »
Et
le pape invite à la lutte courageuse, confiante et porteuse d’espérance.
« Aucune famille sans logement, aucun paysan sans terre, aucun travailleur
sans droits, aucun peuple sans souveraineté, aucune personne sans dignité,
aucun enfant sans enfance, aucun jeune sans possibilités, aucun vieillard sans
une vieillesse vénérable. »
Moi,
quel geste, si simple soit-il, puis-je poser dans mon milieu en réponse à cet
appel mondial du pape?
Évêque émérite de Gatineau