Le
récit biblique de la création affirme que Dieu établit l’homme et la femme sur
terre afin qu’ils la cultivent et qu’ils la gardent (Genèse 2, 15). Ce texte suscite chez le pape François quelques
questions. « Que signifie cultiver et garder la terre ? Cultivons-nous et
gardons-nous vraiment la création ? Ou bien est-ce que nous l’exploitons et
nous la négligeons ? » Le pape répond : « Cultiver et garder
la création […] signifie faire croître le monde avec responsabilité, en le
transformant afin qu’il soit un jardin, un lieu vivable pour tous. »
Et
le pape continue : « Cultiver et garder […] concerne également les
relations humaines. » Il s’agit de l’écologie humaine. « Nous vivons
actuellement un moment de crise ; nous le voyons dans l’environnement, mais
surtout, nous le voyons dans l’homme. La personne humaine est en danger. »
Car prime parmi nous « les dynamiques d’une économie et d’une finance sans éthique. » Ce qui commande aujourd’hui, ce n’est pas l’homme, c’est
l’argent, le gain. Pourtant, « Dieu notre Père a donné le devoir de garder
la terre non pas à l’argent, mais à nous : aux hommes et aux femmes. Nous avons
ce devoir ! »
Pourtant!
Si tant enfants n’ont rien à manger, ce n’est pas une nouvelle! Que certaines sans-abri
meurent de froid dans la rue, ce n’est pas une nouvelle ! « En
revanche, une baisse de dix points dans les bourses de certaines villes
représente une tragédie. Quelqu’un qui meurt, ce n’est pas une nouvelle, mais
si les bourses chutent de dix points, c’est une tragédie ! Ainsi, les personnes
sont mises au rebut, comme si elles étaient des déchets. »
« Cette
culture du rebut nous a rendus insensibles également aux gaspillages et aux
déchets alimentaires, qui sont encore plus répréhensibles lorsque dans chaque
partie du monde malheureusement, de nombreuses personnes et familles souffrent
de la faim et de la malnutrition. […] Rappelons-nous bien, cependant, que
lorsque l’on jette de la nourriture, c’est comme si l’on volait la nourriture à
la table du pauvre, à celui qui a faim ! J’invite chacun à réfléchir sur le
problème de la perte et du gaspillage de la nourriture, pour identifier des
façons et des moyens qui, en affrontant sérieusement cette problématique,
puissent être des instruments de solidarité et de partage avec les personnes le
plus dans le besoin. »
Le
pape conclut : « Je voudrais alors que nous prenions tous
l’engagement sérieux de respecter et de garder la création, d’être attentifs à
chaque personne, de combattre la culture du gaspillage et du rebut, pour
promouvoir une culture de la solidarité et de la rencontre. »
Évêque émérite de Gatineau