vendredi 22 avril 2016

Écologie et solidarité humaine

Le récit biblique de la création affirme que Dieu établit l’homme et la femme sur terre afin qu’ils la cultivent et qu’ils la gardent (Genèse 2, 15). Ce texte suscite chez le pape François quelques questions. « Que signifie cultiver et garder la terre ? Cultivons-nous et gardons-nous vraiment la création ? Ou bien est-ce que nous l’exploitons et nous la négligeons ? » Le pape répond : « Cultiver et garder la création […] signifie faire croître le monde avec responsabilité, en le transformant afin qu’il soit un jardin, un lieu vivable pour tous. »
 
Et le pape continue : « Cultiver et garder […] concerne également les relations humaines. » Il s’agit de l’écologie humaine. « Nous vivons actuellement un moment de crise ; nous le voyons dans l’environnement, mais surtout, nous le voyons dans l’homme. La personne humaine est en danger. » Car prime parmi nous « les dynamiques d’une économie et d’une finance sans éthique. » Ce qui commande aujourd’hui, ce n’est pas l’homme, c’est l’argent, le gain. Pourtant, « Dieu notre Père a donné le devoir de garder la terre non pas à l’argent, mais à nous : aux hommes et aux femmes. Nous avons ce devoir ! »
 
Pourtant! Si tant enfants n’ont rien à manger, ce n’est pas une nouvelle! Que certaines sans-abri meurent de froid dans la rue, ce n’est pas une nouvelle ! « En revanche, une baisse de dix points dans les bourses de certaines villes représente une tragédie. Quelqu’un qui meurt, ce n’est pas une nouvelle, mais si les bourses chutent de dix points, c’est une tragédie ! Ainsi, les personnes sont mises au rebut, comme si elles étaient des déchets. »
 
« Cette culture du rebut nous a rendus insensibles également aux gaspillages et aux déchets alimentaires, qui sont encore plus répréhensibles lorsque dans chaque partie du monde malheureusement, de nombreuses personnes et familles souffrent de la faim et de la malnutrition. […] Rappelons-nous bien, cependant, que lorsque l’on jette de la nourriture, c’est comme si l’on volait la nourriture à la table du pauvre, à celui qui a faim ! J’invite chacun à réfléchir sur le problème de la perte et du gaspillage de la nourriture, pour identifier des façons et des moyens qui, en affrontant sérieusement cette problématique, puissent être des instruments de solidarité et de partage avec les personnes le plus dans le besoin. »
 
Le pape conclut : « Je voudrais alors que nous prenions tous l’engagement sérieux de respecter et de garder la création, d’être attentifs à chaque personne, de combattre la culture du gaspillage et du rebut, pour promouvoir une culture de la solidarité et de la rencontre. »
 
† Roger Ébacher
Évêque émérite de Gatineau